La reine sans cœur. Tome 1 ( Sous Contrat D'édition )

Chapitre 4

Au-delà de la dune, nous arrivâmes devant une grande arche fleurie. Je me concentrai dessus et le mensonge se dissipa, révélant quantité de ronces et d'épines.

Une femme magnifique se matérialisa devant nous. Sa chevelure ondulée flamboyante cascadant jusqu'à sa taille, voletait autour de sa robe orangée qui scintillait tel un coucher de soleil se reflétant à la surface de la mer. Ses longs cils papillonnèrent et les paroles qui sortirent de sa bouche pulpeuse et brillante sonnèrent comme une douce mélodie.

— Bienvenue dans notre pays. Je m'appelle Sybille, je viens vous indiquer la route à suivre. La reine vous attend, chère demoiselle. Avancez tout droit jusqu'au bassin du temps, il vous mènera directement au château. Quant à vous, venez avec moi, annonça-t-elle en se tournant vers Alex.

J'implorai mon ami du regard, je ne voulais pas rester seule. En conservant une sérénité maitrisée, il se plaça un pas devant moi. Une aura de confiance l'entoura. Ses muscles saillants à chacun de ses mouvements indiquèrent qu'il se tenait prêt, malgré tout, à entrer en action en cas de danger.

— Je préférerais accompagner la demoiselle, elle a tendance à se perdre.

Si la sublime déesse ne s'offusqua pas de sa requête, elle la désapprouva d'un faux sourire enjôleur qui me mit mal à l'aise.

— Veuillez m'excuser, les personnes de votre espèce ne sont pas autorisées à entrer. Je vous rassure, elle ne pourra jamais s'égarer. Si elle ne trouve pas son chemin, le chemin viendra à elle.

Je déglutis. Alex se tourna vers moi et me serra dans ses bras. Sa force tranquille m'encouragea à ne pas abandonner. Ainsi enveloppée par ses biceps, plus aucune crainte ne pouvait s'emparer de moi : quoiqu'il arrive, il me protègerait. Alors que je me fondis dans son étreinte, il me murmura à l'oreille :

« Tu peux le faire. Rappelle-toi, au moindre ennui, il te suffit de penser à moi et je te retrouverai où que tu sois ».

Nous nous séparâmes sur ces paroles réconfortantes.

La nausée que je ressentis en me réveillant me perturba. Heureusement, elle laissa place à l'euphorie une heure plus tard. Lucie devait bientôt arriver, je finissais de préparer mon sac, mon maillot de bain déjà enfilé, histoire de gagner du temps aux vestiaires.

Mon amie m'embarqua et nous conduisit en route vers la détente. Pendant les dix minutes que dura le trajet, je lui narrai la visite de Monsieur Martin (son prénom encore inconnu à ce jour), l'homme plein de charme et de mystère.

— Arrête de baver, celui-là n'est pas fait pour toi. Ça sent les secrets louches. Toi, il te faut plutôt le « gentil romantique » me conseilla-t-elle.

— Peut-être mais je trouve le « sexy et mystérieux » captivant. Et un homme qui prend soin de sa sœur doit avoir bon cœur, non ?

— Sauf que Katia parle très peu de lui et le qualifie de problème. A mon avis, il essaie de se faire pardonner d'un truc pas cool. En tout cas, il y a anguille sous roche ou baleine sous caillou, comme dit Gwen.

— Hmm, possible...

De multiples intrigues les plus improbables les unes que les autres me vinrent à l'esprit.

Le parking du Spa était vide. Tant mieux. Cela signifiait que nous jouirions du jacuzzi à nous seules.

L'hôtesse d'accueil nous dirigea vers l'endroit où se changer puis nous accompagna à l'intérieur d'une pièce spacieuse décorée à la manière des anciens thermes grecs. Des marbres chauds côtoyaient d'immenses colonnes. Devant nous s'étendait un large bassin comprenant des buses de massage et un col de cygne. Tout au fond, un couloir étroit menait au jacuzzi, sauna et hammam. A notre droite, accroché au mur, un écriteau signalait l'accès à la cabine de massage.