Le réveil, le lendemain, fut rude. Essayant de les retenir, les dernières bribes de rêves fuyaient déjà loin de mon esprit.
Lilian dînait en ma compagnie le soir même, aussi m'accordai-je une courte sieste après le travail. Enfin courte... J'émergeai deux heures plus tard ! Me voilà requinquée mais à la bourre ! Je choisis vite une jolie robe : la prune taillée près du corps qui sans prétention aucune (Naaaaan, si peu !) sublimait ma silhouette, gardant mes cheveux lâchés, histoire de gagner quelques précieuses minutes. Bientôt prête. Ne manquait que la touche maquillage.
Lilian ponctuel, comme toujours, arriva une minute avant la fin de ma mise en beauté.
Le restaurant se situait au dernier étage d'un immeuble. De ma place, on pouvait admirer la totalité du centre-ville. Je m'émerveillais de la vue, lorsqu'on nous apporta notre commande. Il va sans dire que cet endroit luxueux, à la cuisine raffinée, offrait des plats succulents, aussi beaux à l'œil que bons au palais. N'abordons pas le sujet concernant les prix. Que dévoiler sinon que je ne possédais pas les moyens de dîner ici sans invitation.
Lilian entama la conversation et me questionna à propos du concert, de mes goûts musicaux, de ma présence aux répétitions d'Alex, de mon boulot à la médiathèque, de mes soirées télés avec Alex, de ma couleur et mon parfum préférés, si Alex et moi cohabitions ensemble... Je me méprenais ou il effectuait une fixette au sujet de mon meilleur ami ?
A mon tour de m'emparer du fil de la discussion. Maintenant, « je » posais les questions.
Il me décrivit la propriété de ses parents : un château entouré de jardins immenses, basé en hauteur d'un village pittoresque au cœur de la Bretagne. La demeure comprenait de nombreuses chambres apprêtées pour la location que son père, anéanti par le départ de sa femme, faillit déléguer à un investisseur. En définitif, il émergea du gouffre grâce au soutien d'une amie proche qui avait emménagé au domaine et participait, depuis, à sa gestion. A dix-neuf ans, soit deux ans après le départ de sa mère, Lilian s'enfuit du côté d'Argelès sur Mer afin d'exercer son premier job. Sa sœur lui reprocha la distance et le peu de nouvelles. Pendant une assez longue période, il rompit même les ponts. Il culpabilisait de ses erreurs passées d'autant qu'il chérissait sa sœur avant le drame familial. En âge de quitter le nid, Katia suivit son petit ami de l'époque jusqu'ici, en Champagne. Elle y construisit sa nouvelle vie et, depuis sa séparation, y demeurait en tant que femme célibataire et « célibattante ». Suite à son accident, Lilian n'hésita pas une seconde à tout plaquer afin de se rapprocher de sa sœur.
Je ne vis pas le temps s'écouler. La nuit et le froid me surprirent au moment de sortir du restaurant qui fermait à notre suite. Je frissonnai malgré ma veste. Lilian le remarqua et m'entoura de ses bras, son torse contre mon dos. Cette marque d'attention me statufia. Remontant sa main droite vers mon épaule gauche, il effleura ma gorge avant d'atteindre le côté opposé, et de là, écarta délicatement mes cheveux. Inconsciemment, ma tête s'inclina afin de lui faciliter l'accès au creux de mon cou. Il y déposa alors un léger baiser.
— Tu sais que tu es vraiment à croquer, me susurra-t-il à l'oreille.
Ces mots me firent tressaillir. Un sous-entendu ou une allusion se cacheraient-ils derrière cette remarque ? Après tout, il n'ignorait pas mes goûts à l'égard du fantastique. Quelques images de mes nuits agitées me revinrent en mémoire. Je songeai au Lilian de mes rêves, le vampire.
— Une femme charmante, intelligente, pleine de ressources.
Waouh, que de compliments d'un coup !
— Tu vas me faire rougir.
— Il me semble que c'est déjà fait depuis longtemps.
Et à de nombreuses reprises.
— C'est vrai...
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La reine sans cœur. Tome 1 ( Sous Contrat D'édition )
RomanceEmma trentenaire, célibataire, secrètement amoureuse de mon meilleur ami. Ma vie ? Rien d'extraordinaire. Jusqu'au jour où... j'oublie ma foutue veste au milieu de ce foutu parc et me voilà entourée de problèmes. Des rêves étranges m'apparaissent, l...