Chapitre 12

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Je rangeais la vaisselle quand Lilian débarqua au milieu de mon appartement.

T'as raison, fais comme chez toi !

Il fût un temps où de surprise, j'aurais lâché l'assiette qui se serait alors fracassée au sol. Au début la peur me tenaillait : me voulait-il du mal ? Non, mon vampire se contentait de m'observer. Enfin, jusqu'au soir où ce beau diable me roula une pelle monumentale. Ensuite, j'attendais autant que je craignais ses visites : et s'il surgissait sous la douche ?

Il le fit.

Je me souvins lui avoir diriger le jet du pommeau en pleine figure. Détrempé, il explosa de rire. Bordel et ma nudité ! Je l'insultai de pervers et lui balançai mon savon qu'il rattrapa sans peine avant de plaquer son bras au-dessus de ma tête contre la paroi carrelée. Sa bouche à deux millimètres de la mienne, ses pupilles reflétèrent ma stupeur. Ensorcelée, je ne le repoussai pas. Au final, cet aguicheur recula et s'évapora. Un bref passage et mon cœur palpitait.

Suite à cela, il multiplia ses apparitions subites tant de fois au cours de cette semaine que le voir débouler à l'improviste ne me désarçonnait plus. Et depuis l'épisode « bouclier de lumière », mon instinct m'indiquait sa future présence. Maintenant, je ne sourcillais même pas.

— Besoin d'aide ? Je peux aller chercher ton loup si tu veux ?

— Mon quoi ?!

— Ah oui, c'est vrai, il ne s'est pas encore déclaré. Ça ne devrait pas tarder.

Je ne comprenais rien à ce qu'il me racontait. Rien d'anormal puisque j'ignorais encore l'existence d'un monde surnaturel quelques jours auparavant.

Une rencontre fortuite qui bouleverse une vie et j'écopais en plus d'un vampire qui se la jouait sangsue avec moi.

— Tu t'es mis sur ton trente et un aujourd'hui ?

Un superbe costume gris anthracite trois pièces bien ajusté l'habillait. La veste, ornée de motifs brillants couleur saphir, lui descendait jusqu'aux genoux. Cet ensemble lui donnait une allure de monarque.

— Je dois te présenter à quelqu'un. Me procureras-tu le plaisir de me suivre, sans rechigner et sans commentaire ? annonça-t-il trop sérieux.

— A cette heure de la nuit ? Ça ne va pas la tête, je ne suis pas suicidaire ! Sans façon, non merci.

— J'imagine que je t'en demande trop...

Il s'efforça de m'amadouer :

— Je te promets qu'il ne t'arrivera rien. Pas tant que tu te tiendras à mes côtés Je te protègerai coûte que coûte, au péril de ma vie (de sa mort non ?) s'il le faut. Par contre, je crains que si tu ne rencontres pas cette personne, elle se présente à toi dans des conditions moins chevaleresques.

S'il escomptait me filer la frousse, ça fonctionnait. Le moins qu'on puisse dire, c'est que cette rencontre nocturne ne m'emballait pas. Mais me faire surprendre par une potentielle mort foudroyante encore moins. Alors, certes, je rechignai à le suivre. Pourtant au final, avais-je vraiment le choix ? Non. Bon bah alors... comme répliquait ma grand-mère : en avant Guingan !

— Ok je t'accompagne.

— Parfait. Accroche-toi à moi.

— Pardon ?

Sans me prévenir davantage, il m'attrapa fermement par la taille.

Oh ! Oh !

Mon palpitant exécuta un triple saut et une décharge d'excitation et d'angoisse m'empêcha de me débattre. Soudain, une sensation impressionnante de décollage m'emporta. Mes pieds ne touchèrent plus le sol en même temps que l'environnement tourna autour de nous. Un instant, je crus que ma tête allait exploser. Une violente nausée se pointa. Je fermai les yeux et me concentrai afin de ne pas vomir. Heureusement, son manège ne dura que dix ou quinze secondes.

La reine sans cœur. Tome 1 ( Sous Contrat D'édition )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant