Je t'aime malgré tout. Tome 2.

Chapitre 8: Retour à la réalité.

    Un bruit sourd résonna. Je pouvais apercevoir la soeur de James dans le rétroviseur, une once de peur dans les yeux. Dans une accélération je récupérai mon retard, fuyant la mort que je venais probablement laisser derrière moi. En arrière, je vis plusieurs personnes arrivées, inquiètes, téléphone à la main. 

*Flashback

“Alors Noé, ca fait quoi de tuer? Me lança Tom dans un rire.

Mon sang ne fit qu’un tour et il ne suffit à ma main que d’une seconde pour l’attraper et le claquer contre le mur. Depuis que j’avais tiré, depuis que j’avais enlevé la vie à cet innocent le bruit du coup de feu ne cessait de se répéter dans ma tête. Et ses cries… Pour Frank, je venais de faire l’imaginable. Pour ma soeur, je venais de faire l’imaginable.

Je secouai ma tête comme pour retirer ses souvenirs qui se ressassaient sans cesse. Depuis ce jour, où j’avais moi même retirer la vie d’un homme, je me suis rendu compte à quel point celle ci ne tenait qu’à un fil. A quel point celle ci était précieuse… 

Ces gens, qui sont morts sous mes coups, avaient sûrement une famille, des enfants, une femme, une vie. Je leur avais fait tout perdre, sans chercher d’autre solution. Faîtes qu’il soit en vie…

James avait de l’avance sur moi et sa soeur, il restait encore un gars qui comptait sérieusement faire la peau à l’un de nous deux. Se trouvant à sa droite, il lui rentra, une, puis deux puis trois fois dedans. Sa voiture était bien plus costaud que la sienne. 

Dans un nouveau virage, avant la dernière ligne droite, je pus me placer entre eux deux. Et dans un coup de volant j’envoyais le dernier concurrent et moi même dans le décor, laissant la soeur de James finir la course. En quelques seconde ma voiture et celle de mon adversaire fut réduite en un tas de ferraille. Le choc fût impressionnant, s’accompagnant d’un énorme bruit, sourd. Il me fallut quelques secondes pour réaliser que j’étais toujours en vie. Je sortis avec peine de la voiture, le sang au visage. Mon rival ne semblait pas en bel état non plus, sombrant inconscient sur son volant. Je pris mon téléphone, qui avait survécu au choc dans ma poche et composa le numéro d’urgence local. 

Pendant l’appel, une voiture s’arrêta à notre hauteur, c’était la soeur de James. 

“Monte, grouilles toi les flics arrivent!”

Point de vue d’Emma:

Les minutes défilaient et toujours aucune nouvelle de Noé. Que pouvais-je lui dire? C’était un grand garçon et depuis que nous étions arrivés ici, on est tous bien décidé à mener des chemins différents.

La porte d’entrée claqua alors que j’essayais de faire un repas digne de ce nom avec le peu de chose qu’il nous restait. Noé entra en trombe dans la cuisine, avec un torchon imbibé de son sur son crâne. 

“Non mais qu’est ce qu’il t’est arrivé?!

-Rien, un petit accident en voulant réparer une voiture. Se justifia-t-il.

-Un “petit”? Tu es bien gentil! Lui répondis-je en prenant dans un tiroir de quoi le nettoyer. 

Il s’asseya et de mon côté j’essayai de faire au mieux pour arrêter tout ce sang. Il semblait perdu dans ses pensées. Un regard vers ses mains et je pouvais voir qu’il était parcouru d’un tremblement. Soit c’était un effet de la perte de sang, soit mon frère me mentait démesurément, et vous savez quoi? J’opte plus pour l’option 2, mais voyant son état, j’étais persuadé qu’il ne me dirait rien ce soir. 

Dans un souffle, il releva la tête et posa ses yeux sur moi.

-Merci p’tite soeur.” Me souffla-t-il, avant de se lever et de se diriger vers la salle de bain.

Je me nettoyais les mains, et abandonné l’idée de manger. En me dirigeant vers le salon, je vis l’allée vide. Pourtant mon frère venant de rentrer sa voiture aurait dû être là. Qu’est ce qu’il nous mijotait…

Point de vue de Noé:

L’eau glaçait me rappelait la douleur, mon existence, le sentiment d’être en vie. 2 accidents en un soir, pour quoi? Faire gagner James, et moi me faire descendre par le boss parce que je n’ai même pas eu le privilège de passer la ligne d’arrivée. 

Depuis que je suis rentrée à la maison, mon téléphone ne cessait de sonner avec son nom écrit en toute lettre. Et si tout recommençait? Et si de nouveau on me faisait chanter au péril de la vie de ma soeur et de ma copine? Et si de nouveau quelqu’un de cher à mes yeux perdait la vie? 

Putain AD, tu me détesterais de continuer malgré tout… De risquer la vie de ta bien aimée pour rembourser un fric qui nous a trop manquer dans les années passées. Et dire que la plupart des enveloppes du patron tu me les refilais pour rembourser les soins de ma soeur avant même de la connaître… A croire que le destin voulait vraiment vous réunir…

Je suis sûre qu’elle doit se demander continuellement pourquoi je me suis embarqué la dedans. Si seulement elle savait… Son ignorance la préserve et j’aimerai que cela dur. 

Les opérations, les traitements, le fauteuil, les aménagements… Comme si deux salaires à plein temps auraient suffit. Et les parents, qui fermaient les yeux acceptant l’argent tout en pensant qu’il venait d’un boulot réglo. Au vue des sommes, n’importe qui aurait pu deviner que ce n’était pas le cas. 

Tu vois AD, je crois que eux aussi préféraient vivre dans l’ignorance plutôt que dans la douleur du savoir.