Chapitre 2: Garden shop

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« Et vous prétendez donc l'avoir trouvé gisant là, son scalpel dans les mains ? demanda le commissaire d'une voix grave.

— Comme je vous l'ai dit, j'ai examiné les données du téléphone que j'avais récupéré et en voyant ce qu'il contenait, je me suis précipité sur les lieux du crime, répondit Elliott. J'ai même voulu vous prévenir, mais personne ne répondait.

— Euh... eh bien je pensais que ce n'était pas important, riposta Jack, que tu voulais simplement me dire que tu avais récupéré les données. Tu m'appelles tout le temps sans raison aussi.

— Et que contenait le téléphone ? interrogea le supérieur.

— Voyez vous-même, répondit le jeune homme en passant son appareil.

Les deux policiers examinèrent les photos qui avaient fait paniquer Elliott. Ils se regardèrent puis éclatèrent de rire.

— C'est quoi ça Elliott ? plaisanta le commissaire. Tu nous montres des photos de nains dans la maison, et alors ? Tu vas quand même pas nous faire croire que ce sont eux qui ont tué notre homme.

— Mais... monsieur, les photos sont claires, elles ont été prises par Monsieur Robert juste avant sa mort. Et puis sachant que nous allions les découvrir, ils ont tué le scientifique sur place avant de partir. Ça se tient, surtout qu'il avait brisé l'un des leurs par mégarde juste avant.

— Écoute petit, on n'est pas dans une de tes histoires, c'est la vraie vie, expliqua Jack. Les nains ont juste été volés par un fanatique et les photos sont juste une mise en scène du tueur. C'est pour ça qu'il a fait croire à la destruction du téléphone mais qu'il ne l'avait pas caché.

— Messieurs, écoutez-moi, je ne plaisante pas, ils sont vraiment dangereux, il faut...

— Ça suffit ! cria le commissaire en tapant du poing sur la table. Je ne veux plus entendre un mot sur ces nains, concentre-toi plutôt sur l'arrestation du meurtrier. »

Le jeune homme sortit attristé de la pièce. Pourquoi personne ne voulait le croire ? C'était pourtant évident. Mais Elliott n'était pas du genre à abandonner. Il quitta le commissariat pour rentrer dans sa petite voiture. Avec cette nuit sans lune, il aurait dû rentrer chez lui pour se reposer, mais il préféra se rendre à la maison de Monsieur Robert. Le quartier était désert, toutes les lumières étaient éteintes. Elliott se gara devant les bandes de sécurité, puis alluma la lampe torche de son téléphone. Il passa plusieurs minutes sans résultat, mais le sourire lui vint lorsqu'il aperçut des petites traces de pas dans l'herbe. Au vu de la taille et du nombre, cela pouvait correspondre au groupe qu'il recherchait.

Le policier suivit les traces sur le bord de la route. Fort heureusement, la terre mouillée avait mis de la boue sous leurs pieds. Il les suivit durant une dizaine de minutes avec sa voiture, jusqu'à arriver aux bordures de la ville, juste devant le grand magasin : « Garden Shop ». Seule la grande enseigne illuminait l'endroit qui était bordé d'un parking vide à l'exception d'une seule voiture de fonction. Elliott hésita un moment puis avança discrètement vers la grande porte. Cette dernière était fermée, mais il pouvait distinguer une faible lueur plus loin dans le magasin. Il fit alors le tour jusqu'à une petite loge à l'arrière, un monsieur âgé et assez fort était en train de roupiller, les pieds posés sur son bureau. Le jeune homme s'avança lentement et saisit les clés sur le bord du mur, avant de repartir délicatement jusqu'à la petite porte non loin de là. Il ouvrit en faisant le moins de bruit possible puis referma tout aussi discrètement. La sécurité n'était vraiment pas acquise pour ce magasin. Elliott, pas après pas, s'approcha de l'endroit qu'il avait auparavant repéré. Un bruit étrange le fit se plaquer contre le mur, avant qu'il ne fasse dépasser sa tête de la paroi. Il vit alors les mêmes nains de Monsieur Robert, qui étaient en train de s'installer au rayon des décorations extérieures. L'un d'eux avait entre ses mains de céramiques une grande étiquette où l'on pouvait lire écrit en fluo : « Promo pour le lot » un à un, ils commencèrent à se trouver une place confortable pour attendre que le jour se lève. Alors qu'Elliott sortait son téléphone de sa poche pour prendre des photos, ce dernier se mit à sonner et glissa des mains du policier avant de tomber au sol. Terrifié, il releva lentement sa tête et vit la dizaine de nains le regarder avec de gros yeux.

« Euh, bonjour, commença le jeune homme. Je... je suis un grand fan vous savez... »

Les nains se mirent à sprinter jusqu'au policier, ils couraient très vite pour leur taille. Elliott se retourna et se mit lui aussi à s'enfuir. Mais dans l'obscurité et sans son téléphone, il ne put aller bien loin avant de trébucher. Il entendait déjà leur voix sur lui.

« Il nous a vus, tuons-le !

— Non, découpons-le !

— Mangeons-le ! »

Le jeune homme se fit submerger par le nombre des petits êtres, il sentait une rafale de coups de leurs petits poings (les nains ne pouvaient courir avec leurs armes.) Après quelques instants, las de se faire humilier, il puisa dans ses forces intérieures et se releva d'un bond en hurlant et en éjectant ses occupants. Il enchaîna rapidement en détruisant d'un coup de pied deux des nains. Juste après cela, il entendit des pas lourds venant de son lieu d'arrivée.

« Qui va là ? cria le gardien à peine réveillé.

— Aidez-moi, les nains m'attaquent, riposta Elliott.

— Mais qu'est-ce que vous racontez voleur, vous avez fait tomber leurs statues pendant le vol, c'est ça ?

— Mais non, regardez, dit-il en se retournant. »

Il constata alors que les nains restants ne bougeaient déjà plus, et arboraient des têtes joyeuses et sympathiques, ainsi que de grands sourires. Il vit même l'un d'entre eux faisant un cœur avec ses mains. Le gardien s'approcha de l'un d'eux et le prit dans ses bras.

« Ils sont vraiment trop mignons ces petits nains, dit le gros bonhomme. »

Elliott fit la grimace quand le nain câliné lui fit un grand sourire. Il s'excusa, puis tout en montrant sa plaque, s'expliqua en disant travailler sur une affaire top secrète. Le gardien le laissa partir, ce que le jeune homme s'empressa de faire après avoir ramassé son téléphone. Une fois à l'extérieur, il courut jusqu'à sa voiture, l'ouvrit rapidement puis partit le plus vite possible.

Roulant à vive allure, Elliott était pensif sur ce qu'il venait d'observer. Sa théorie s'était révélée exacte, mais comment des nains en céramique pouvaient-ils se déplacer et parler ? Le jeune homme se demandait s'il n'était pas en train de devenir fou, mais sa soif de curiosité ne pouvait l'empêcher de vouloir en apprendre davantage. D'autant plus que ce genre d'évènements surnaturels lui inspirait une étrange sensation familière sans qu'il ne puisse expliquer pourquoi. Mais alors qu'il cherchait à se souvenir, où avait-il déjà pu entendre parler de ce genre d'histoires, il entendit un petit ricanement venant de derrière lui. En se retournant, il vit alors deux nains dansant frénétiquement sur sa banquette arrière. Puis d'un coup, ils se jetèrent en plein sur son visage, l'empêchant ainsi de voir. Le policier perdit le contrôle de son véhicule qui sortit de la route en faisant plusieurs tonneaux.

Aljo Chronicles Part I: Among USOù les histoires vivent. Découvrez maintenant