Où mon coeur fait du yo-yo

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Je me retrouvai coincée entre la porte et le corps chaud de Loïc, qui avait plaqué ses mains de chaque côté de ma tête. Dans ses yeux marrons brillait une lueur qui n'avait plus rien d'innocent.

— Si tu savais comme j'attendais le moment de finir cette satanée discussion, souffla-t-il avant de fondre sur mes lèvres.

Instinctivement, je m'accrochai à son cou alors que sa bouche se plaquait sur la mienne.

Mon cerveau mit les voiles.

Subsistaient seulement les sensations procurées par les mains de Loïc sur ma peau et par ses lèvres sur les miennes.

Ce baiser était encore mieux que le premier, sans doute parce que je ne paniquais pas comme une idiote dans ma tête et que je ne pensais pas à la coordination entre les mouvements de ma bouche et ma respiration. Quelques années auparavant, Stan m'avait dit : « c'est impossible d'expliquer comment embrasser ». Sur le coup, cela m'avait frustrée – il y avait forcément un mode d'emploi – mais maintenant, je comprenais ce qu'il voulait dire par-là.

Il fallait laisser le corps s'exprimer sans réfléchir. C'était un peu comme jouer de la musique les yeux fermés.

Et comme pour la musique, j'adorais cela. Embrasser Loïc pourrait bien vite devenir une nouvelle passion. J'appréciais ce moment d'autant plus que je l'avais attendu pendant des jours.

Des coups martelés à la porte me firent sursauter.

Loïc et moi nous détachâmes l'un de l'autre, le souffle court. Dans notre empressement, nous n'avions pas allumé la lumière de la salle de bain et je distinguais mal son expression, mais le désir qui brillait dans ses yeux ne trompait pas. J'arborais sans doute la même expression alanguie. Si nous n'avions pas été interrompus, je l'aurais dégusté à la petite cuillère jusqu'à connaître son goût par cœur, quitte à passer la nuit dans cette salle de bain.

Bam bam bam bam bam.

Je replaçai machinalement mes cheveux et ouvris la porte. Devant moi, Félicia avait les poings sur les hanches et me dévisageait avec des yeux accusateurs.

— Qu'est-ce que vous faites là-dedans? Vous mangez du dessert?

— Du dessert? Non, répondis-je en fronçant les sourcils d'incompréhension.

— Je t'ai entendu dire « mmm » pourtant, me reprocha ma sœur. Qu'est-ce que tu manges?

Derrière moi, Loïc se racla bruyamment la gorge pour camoufler un rire.

Félicia tendit le cou et plissa les yeux pour inspecter la salle de bain. Une fois qu'elle se fut rendue à l'évidence que le seul dessert dans cette pièce était les lèvres de Loïc – bon d'accord, elle ne l'avait probablement pas réalisé –, elle afficha une moue suspicieuse.

— Pourquoi êtes-vous cachés dans le noir si vous ne mangez pas de dessert?

— Viens, je vais te border, éludai-je en posant ma main dans son dos.

Un jour, elle se remémorerait cet événement et comprendrait tout.

Je la renvoyai rapidement dans son lit et rejoignis ensuite Loïc dans le couloir.

— Je devrais y aller, me dit-il alors.

La déception dut se lire sur mes traits, car il prit mon visage entre ses mains avant de dire :

— Crois-moi, j'ai envie de rester, mais je sens que ta sœur ne dormira pas tant que je serai là.

Il était définitivement le plus raisonnable de nous deux.

Le violonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant