Où la musique est un pont entre les coeurs

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Nous nous retrouvâmes dans la chambre de Loïc à nous obstiner pour choisir quel vinyle écouter en premier.

— Mes vinyles, mon choix, trancha Loïc en sélectionnant l'un de ses albums.

— Ok, mais après c'est moi qui choisis, décrétai-je comme si j'avais de nouveau huit ans.

Je sautai sur le lit sans même y penser et m'assis contre les oreillers, du côté le plus proche du tourne-disque. Dans mon enthousiasme, je renversai un peu de thé vert sur l'édredon blanc. Merde. Je frottai la tache discrètement, puis m'assis rapidement dessus lorsque Loïc se tourna vers moi.

— Prête?

J'acquiesçai et il posa l'aiguille sur le vinyle. Je dirigeai alors toute mon attention sur la mélodie qui prenait vie dans la petite pièce.

— Oh, c'est du Frankie Valli! m'exclamai-je en reconnaissant les premières notes de Can't take my eyes off you. Je l'aime d'amour, ce gars.

— Attends, toi aussi? fit Loïc en arrêtant de farfouiller dans ses vinyles pour me regarder.

J'échangeai alors un regard entendu avec lui, un sourire aux lèvres. Et je la sentis prendre vie. Cette connexion, ce petit lien qui se tissait pour nous unir, ce morceau de complicité partagée. Loïc me rendit mon sourire, un sourire complice qui me signifiait qu'il avait ressenti la même chose.

— Sa musique est tellement joyeuse, soupirai-je en appuyant ma tête contre le mur.

— Tu sais ce que je m'imagine lorsque j'écoute ses chansons?

Je secouai la tête. Loïc contourna alors le lit et vint s'asseoir à côté de moi à une distance respectable.

— Je m'imagine que sa musique, c'est du soleil dans une tasse, m'expliqua-t-il en levant sa tasse de thé devant lui. Et que lorsqu'il chante, la tasse se renverse et éclabousse tout son auditoire.

J'eus un sourire. J'adorais cette image. Frankie Valli qui nous balançait du soleil dans la tronche.

Nous passâmes l'heure suivante à écouter différentes chansons pendant que j'en faisais une appréciation en direct.

— La progression harmonique de cette pièce est hallucinante, m'extasiai-je en posant une main sur mon cœur.

— Je ne sais fichtrement pas de quoi tu parles, rétorqua Loïc.

— Mais écoute... Cet accord est tellement beau. Rien de mieux qu'une septième de dominante pour vous surprendre.

Pendant que je ne pouvais m'empêcher de lâcher des commentaires bien lourds sur la structure musicale de chacun des morceaux, Loïc buvait son thé.

— Bon, la modulation est clichée, mais tout le monde aime ça, concédai-je à la fin d'une autre pièce.

— Est-ce qu'il t'arrive parfois d'arrêter de parler, Élianna?

— Tu veux que je la ferme?

Loïc eut la galanterie de ne pas répondre. Il me prit plutôt ma tasse vide des mains.

— Je reviens, dit-il avec de s'éclipser avec nos deux tasses.

Je fermai les yeux pour m'imprégner de la prochaine chanson. Je me sentais étrangement bien, étrangement complète, un peu comme lorsque l'on attendait le retour d'un proche sur un quai de gare et que l'on voyait enfin son train arriver au loin. C'était le sentiment d'être au bon endroit au bon moment.

Loïc revint au bout de quelques minutes avec une bouteille de vin rouge et deux coupes de cristal. Je ne savais même pas pourquoi j'étais étonnée qu'il ait cela dans sa cuisine. C'était tellement typique de lui.

Le violonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant