Tu vivais une vie simple, auprès de tes amis et de ta famille, en un lieu paisible. Tu gagnais relativement bien ta vie et vivais dans un logement respectable. Malgré le fait que la solitude commençait à te peser, ta vie te plaisait comme elle était, et pour rien au monde tu ne l'échangerais, même si tu ne serais pas contre le changement s'il se présentait à toi. Surtout depuis ta récente séparation. Elle t'avait profondément marqué, mais tu as pu la digérer comme tu pouvais. Tu étais prédestiné à une longue vie paisible et sans accros, dans l'ombre, sans faire de bruit.
Tu marchais tranquillement dans la rue quand, tout à coup, tu as rencontré cette femme. Ton cœur pulsait tellement fort à travers ta poitrine qu'il menaçait de lâcher à tout moment. Sans parler de ta forte sudation et de ton stress grimpant en flèche. Elle avait une longue et brillante chevelure blonde ainsi qu'un visage fin, mais néanmoins expressif, associé à une peau blanchâtre, au teint presque maladif. Quand vos regards se sont croisés, ses yeux pourpres ont transpercé ton âme de tout son long. Elle était ta définition de la femme parfaite. Le coup de foudre était inévitable. Tu mourais d'envie de décoller tes pieds du sol et d'aller lui parler. Mais rien. Tu étais incapable de bouger. Ton regard était profondément plongé dans le sien. Cet instant aurait pu durer une seconde ou plusieurs heures, ça n'était pas important. Tu étais envoûté par cette femme, qui t'es apparue comme un ange. Un ange pour agiter ta vie morose. Des milliers de questions fusèrent dans ta tête, mais tu n'en trouverais sûrement jamais la réponse. Elle avait commencé à s'éloigner, et disparut aussi rapidement qu'elle est apparue. À partir de ce moment, ta vision était brouillée, tu n'avais plus de souvenir après cet instant, jusqu'à ton lever le lendemain matin. Tu t'étais octroyé une journée de repos pour récupérer du chamboulement que cette rapide rencontre a pu causer en toi.
Comme à ton habitude, ton premier réflexe au réveil était de jeter un œil à ton téléphone. Entre deux mails passés entre les mailles de ton filtre anti-spam, tu en trouvas un qui changera ta vie. Comme tu étais seul chez toi, tu te permis de le lire à voix haute.
"Mes plus sincères salutations en cette matinée, vous pouvez m'appeler Alex, je suis la femme que vous avez croisée hier, dans la rue. Je tenais à m'excuser sincèrement, je vous ait mit mal
à l'aise à cause de ma timidité. J'aurais dû venir vous parler au lieu de vous fixer comme une ahurie. Je vais aller droit au but, vous m'avez tapé dans l'œil, et c'est pourquoi j'aimerais vous revoir ce soir même, où nous nous sommes rencontrés la veille. Je suis actuellement en voyage d'affaires et mon vol retour sera demain à la première heure. Ne vous sentez pas obligé de
répondre. J'espère vous revoir ce soir."
Cette dernière phrase résonnait dans ton esprit comme l'enclume d'un forgeron en pleine action. Mais tu restais rationnel. C'était sûrement quelqu'un qui, t'ayant vu, voulait te faire une mauvaise farce. Ça ne pouvait qu'être cela. Du moins, c'est ce que tu pensais jusqu'à ce que tu prêtes attention à la pièce jointe. Il s'agissait d'une photo d'elle. Une photo trop excentrique pour qu'elle ait été prise d'Internet, où elle tenait une feuille avec "Alex" écris dessus. Elle était exactement comme la veille. Ça ne pouvait être qu'elle. Ou une sœur jumelle cruelle. Mais tu nourrissais l'espoir de la revoir et, qui sait, d'aller plus loin avec elle, voire d'unir vos destins. Ton choix était fait, tu te rendrais à ce rendez-vous, quitte à être déçu.Cette soirée fut mémorable. Elle était là, plus resplendissante que jamais. Vous vous êtes retrouvés au lieu indiqué et vous êtes rendus au café le plus proche. Tu avais déjà oublié sa tenue. Trop obnubilé par son visage, tu n'as pas vraiment fait attention à ce qui vous entourait. Quelqu'un aurait pu mettre un cachet dans ton verre, tu ne l'aurais même pas remarqué. Vous avez passé la soirée à parler, faire ample connaissance. C'était avec les larmes aux yeux que tu l'as quittée pour qu'elle aille rejoindre son vol. Vous avez cependant échangé vos numéros pour converser régulièrement. Aussi souvent que possible pour être plus exact. Tu étais plus souvent collé à ton écran qu'une ado addict aux réseaux sociaux. Ça t'as même valu d'être renvoyé de ton emploi. Mais bon, tu n'y tenais pas plus que ça de toute façon... Tu étais de plus en plus fou d'elle, et avoir plus de temps libre n'allait pas arranger les choses. Tu te pliais à la moindre de ses volontés. Que cela soit tes amis, ta famille voire même ta vie, plus rien n'avait de valeur à tes yeux comparé à elle. Cette femme était à présent ta raison de vivre. Tu avais pris l'habitude qu'elle te demande des services de temps en temps. Mais rien de bien alarmant. Un avis sur sa dernière tenue, quelques euros sur son compte en banque... Tu pouvais te le permettre assez largement. Tu étais prêt à tout pour elle. Tout ce que tu faisais nécessitait son approbation. Elle te disais quels vêtements enfiler, comment réagir à X ou Y situation, et même comment te comporter avec tes amis et ta famille. Tu étais devenu son pion. Et elle n'hésitait pas à t'isoler encore plus de tes proches. Tu ne les voyais plus. Elle allait même jusqu'à te demander des photos de cadavres frais, tués de ta main. Tu te pliais à sa volonté. Ces demandes furent de plus en plus communes, tes meurtres firent donc de même. Même si cela peut être dur à croire, jamais tu n'as été soupçonné. Ton caractère effacé te permettait de passer entre les mailles du filet. Dès qu'elle te demandais une photo, tu prenais ton couteau de boucher et allais isoler puis tuer le premier passant qui croisait ton chemin.
Et éventuellement vint le jour où ses soifs meurtrières furent calmées. Où tu ne lui étais plus d'aucune utilité. Où sur son message, c'était ton sang qu'elle demandait. Trop épuisé mentalement pour avoir du recul, tu t'exécutas. Dans les deux sens du terme. Elle avait officiellement gagné. Elle a pu étancher ses désirs morbides, sans laisser de traces. En effet, elle a même réussi à te convaincre de te procurer un numéro de téléphone secondaire, dédié à tes conversations avec elle, à ses frais. Ainsi, toute trace de votre relation a pu être effacée, même le mail d'où tout a commencé. Elle ne pouvait donc pas être affiliée aux crimes dont elle était pourtant à l'origine, et de ce fait n'a jamais été soupçonnée. De plus, en t'ayant isolé de ta famille et de tes amis, tous étaient habitués à ne pas te voir pendant de longs moment. Tu as petit à petit commencé à ne devenir qu'une silhouette diffuse dans une brume capiteuse à leur yeux. Ils ne se souvenaient même plus de ton nom la dernière fois que tu les as vus. Tu étais tellement devenu qu'un détail à leurs yeux que, lorsque tu as trépassé, personne n'y a prêté attention. C'est ainsi que toute trace de ton passage sur Terre disparut. Ta dépouille, marquée par un visage empli d'indifférence, ne restera pas longtemps avant de ne devenir qu'une masse informe.

VOUS LISEZ
Recueil OS
Short StoryBonsoir à vous, Vous trouverez ici mes OS, pas spécialement joyeux ou longs, mais on puise tous notre inspiration quelque part. C'est toujours bon à préciser, les âmes sensibles devraient rester loin d'ici. Je sais pas si un jour j'en écrirais d'aut...