Chapitre 2

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Jais resta debout immobile, sans dire un mot. Tu aurais dû écouter ton père, stupide boule de poils ! Pensa-t-il anxieux. Le chef, Étoile de Flocons, le toisait d'un air sévère depuis son nid de mousse. Quelques minutes plus tard, voyant que l'étranger n'allait pas parler, le fauve blanc se redressa et demanda :

« Alors Jais, que faisais-tu sur le territoire du Clan du Vent ?

— Je...  Le corps du chaton errant tremblait jusqu'au pattes. Je ne savais pas... »

Le meneur poussa un profond soupir d'agacement. « Tes parents... Ton père ne t'as jamais dit de ne pas aller dans la lande ? » Avant de répondre, le petit félidé s'interrogea. Comment sait-il que je n'ai pas de mère ?

« Euh... Si.

— Donc, que faisais-tu chez nous ?

— J-Je... Je n'avais p-pas remarqué... » Bafouilla Jais, les oreilles rabattues en arrière. Le chef garda tant bien que mal son calme et déclara :

« J'espère que la prochaine fois, tu remarqueras ! Je te laisse la vie sauve, tu es donc libre. » Le félin noir n'en revint pas ! Il était libre ! Puis, il regarda sa patte blessée qui le picotait. 

« Avant de partir, va voir notre guérisseuse. Elle se nomme Truffe de Mâche. » Jais remercia le chat aux yeux bleus glacés d'un signe de tête, trop déstabilisé pour parler. Il sortit de l'antre du meneur cherchant la soignante du regard malgré qu'il ne sache pas à quoi est-ce qu'elle ressemblait. Perdu, il demanda à une femelle grise, qui lui semblait étrangement familière, où était Truffe de Mâche.

« Je suis Truffe de Mâche. Dit-elle en souriant. Il y a un problème, petit ? » Le chaton n'apprécia pas la qualification de « petit » mais, il préféra ne pas riposter.

« Je... Je suis Jais. Et Étoile de Flocons m'a conseillé...

— Je vois. Ta patte est blessée. Suis-moi Jais, je vais m'occuper de toi. » Le blessé suivit alors docilement son aînée qui le conduisit dans une tanière aux mille et une senteurs. Il s'assit sur un nid de mousse moelleux, attendant d'être soigné. La guérisseuse chercha parmi toutes ses plantes celle à utiliser pour le patient. Un instant plus tard, elle prit dans sa gueule une plante avec des fleurs rouges. Elle les mâcha quelques secondes puis, les appliqua sur la plaie du jeune matou noir.

« Voilà, fit-elle en reculant, tu peux partir en toute tranquillité maintenant.

— Oh, merci ! 

— Je t'en prie, Jais. » Sans un mot de plus, le jeune chat errant s'élança hors du gîte de Truffe de Mâche et se dirigea hors du camp. 

« C'est lui, le méchant errant qui habite chez les chevaux ? » Demanda un petit chaton gris pâle tandis que l'intéressé passait devant lui. Le méchant ? Jais n'aimais guère qu'on le décrive ainsi. Il poursuivit son chemin et voulut répondre, mais il se ravisa. Je n'aimerai pas m'attirer d'avantage de soucis. Songea-t-il en atteignant la sortie du Camp. Dehors, le soleil commençait peu à peu à décliner, ses rayons devenant de plus en plus orangés. Oh ! Se souvint-il en sursautant. Je devrais déjà être de retour ! Le félin se mit à courir mais s'arrêta immédiatement. Sa patte, malgré qu'elle ne soit soignée l'empêchait d'accélérer. Il soupira et tant bien que mal, il regagna son foyer.

Dès que le minet fût arrivé chez lui, le ciel était déjà violacé, quelques astres luisaient dans la pénombre. Le chaton noir, qui était à peine visible sauta par-dessus la clôture qui encerclait la grange et accouru péniblement à l'intérieur de son foyer. Son paternel était allongé dans son tas de foin, le regard anxieux. En attendant des bruits, le matou blanc leva la tête et soupira de soulagement en voyant son enfant.

« Tu es là ! » S'exclama-t-il, apaisé.

« Quoi ? Tu croyais que je ne reviendrai pas ? » S'esclaffa le chaton noir en s'asseyant sur son tas de foin.

« À ma connaissance, ton sens de l'orientation n'est pas très bon ! D'ailleurs, tu es allé longtemps dehors, j'espère que tu ne t'es pas aventuré trop loin...

— Hein ? Non ! Pas loin du tout... »  J'ai juste un peu trop dépassé la limite avec le territoire du Clan du Vent puis, je me suis fait capturer par deux de leurs membres qui m'ont emmené dans leur camp et pour finir j'ai été relâché de justesse. Sinon c'est tout ! Songea le chaton.

« Bon ! Lança le matou blanc. Tu peux dormir si tu le souhaite, et manger si tu en as envie. » Jais secoua sa tête, il était tellement épuisé !

Malgré sa fatigue, le félidé n'arrivait pas à dormir. Le fantôme stellaire envahissait son esprit. Il voulait tant l'aider mais, comment ? Le jeune mâle errant jeta un coup d'œil à son père qui somnolait déjà. Le fauve au poils noirs se releva et se dirigea vers la sortie de la grange. Il s'assit lourdement dans l'herbe fraîche de la clairière, son pelage sombre luisait au clair de lune. Posé calmement dans la végétation, le minet observait le ciel indigo piqueté d'astres, pensif. Les yeux plongés dans la voûte céleste, Jais se remémora toutes ses péripéties de la journée. Peu à peu il discerna une forme féline qui, au fur et à mesure qu'elle devenait visible s'approchait un pas après l'autre vers le jeune matou. La silhouette atterrit sur le sol herbeux de la clairière puis, bondit d'une démarche légère vers le minou, laissant sur sa route une poussière constellée d'astres.

« Écorce de Chêne ? » Chuchota le petit félidé, ébahit.  

« Oui. Désolé de t'avoir oppressé la dernière fois.

— Ce n'est rien. Ne sachant que répondre, Jais préféra rester aimable. Tu n'as pas à t'excuser. » Le guérisseur d'auparavant fixait intensément les prunelles phosphorescentes du chaton errant.

« Je vois que mon impertinence t'as réellement gêné. » Le fauve au pelage châtain s'installa en face de l'intéressé. Comment a-t-il fait pour le savoir ? S'interrogea Jais. Les chats étoilés pouvaient-ils lire dans les pensées ?

« Euh, commença le minet en labourant le sol de ses griffes, pourquoi votre pelage est-il étoilé ? Avez-vous été exclu de votre Clan ? » L'ancien soignant laissa échapper un ronronnement amusé.

« Eh bien, débuta-t-il, je n'ai pas été exclu du Clan du Vent. Ce sont nos ancêtres qui en ont décidé ainsi.

— Vos ancêtres ? » Répéta son cadet, intrigué.

« Les quatre Clans qui entourent le lac sont, le Clan du Tonnerre, le Clan de l'Ombre, le Clan de la Rivière et celui du Vent. Nous, membres de Clans, nous croyons au Clan des Étoiles. Les chats du  Clan des Étoiles sont les défunts de ces Clans.

— Comment êtes-vous mort...?

— De vieillesse... Bon, reprit le fantôme étoilé, revenons-en au principal. Les membres du Clan des Étoiles peuvent aussi envoyer des prophéties. Une fois qu'un chat de Clan meurt et qu'il rejoint les ancêtres, il peut choisir sous quelle apparence veut-il être. Toutes ses blessures sont soignées. 

— Oh ! Vraiment ?

— N'essaye pas de mourir ! » Plaisanta Écorce de Chêne. « Seuls ceux qui croient au Clan des Étoiles y iront. De plus, si tu meurs chaton, seule ta mentalité grandira, et non ta taille. » L'esprit  sourit. « Tu t'intéresses aux Clans ?

— Euh... C'est juste que... Cela m'intrigue, j'aimerai vous comprendre, et non me dire que vous êtes tordus et sanguinaires...

— Et moi, j'aimerai comprendre pourquoi tu ne dors pas ! » Le charria-t-il. Le chaton noir se releva et annonça dans un soupir :

« Je vais me coucher. Peut-être à une prochaine fois, Écorce de Chêne ! » Les deux camarades se saluèrent et retournèrent chacun de leur côté. Jais jeta un dernier coup d'œil au guérisseur constellé d'étoiles qui remontait peu à peu dans le ciel, laissant une poussières d'astres derrière lui. Le minou errant s'allongea confortablement dans son nid de foin. Le soleil allait sûrement bientôt se lever et, comme si la conversation avec l'être stellaire l'avait apaisé, le félin sombra rapidement dans le monde des rêves...



[Livre 1 Cycle 1]  1.Retour au Clan  ° Fanfiction La Guerre des Clans °Où les histoires vivent. Découvrez maintenant