Oxymore

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Ton amour me manque. Même si il me tue.

Je me souviens encore la douceur de ces moments passés. Tu sais, ceux que l'on passait ensemble. Enfin, je te le dis comme si tu allais t'en souvenir, je t'adresse ces mots comme si tu allais m'écouter, après tout ce temps séparés. Je n'attends rien. Mais j'arrive quand même à être déçu. Tu ne dois plus te rendre compte maintenant, de la puissance qu'il pouvait y avoir dans nos échanges de regards. J'en ai fait, des longues balades au fond de tes beaux yeux bleus. Je pouvais me perdre encore plus profond dans tes iris glaciales que je pourrais le faire dans l'Amazonie. J'étais comme un aventurier, déterminé à explorer, tracer les sentiers, trouver la cachette du trésor, bien planquée au fond de toi. Mais je ne l'ai jamais atteint. Tu es définitivement un mystère bien trop épais pour moi. Tu en as découragé plus d'un à cause de ça, d'ailleurs. Je n'ai finalement été qu'un homme de plus qui a cherché à dissiper la brume qui t'entoure et empêche quiconque de t'atteindre véritablement. J'ai fini par ne pas voir que tu t'éloignais de moi, à force de te chercher. Tu as définitivement trop bien construit tes barricades. Mais je crois que tu n'aimes pas qu'on te cherche, justement. Plus on veut jouer le prince qui va sauver la princesse enfermée dans sa tour, plus tu la fais grandir, cette tour, et plus tu t'éloignes, jusqu'à être hors de portée. Tu ne veux pas être atteinte. Tu préfères être tranquille, protégée et choyée, sans trop de questions. Je t'ai prise comme une énigme, alors que tu préfères être prise comme une réalité qui s'impose d'elle-même. Je n'ai pas voulu apprendre la leçon, accepter que tu n'es pas la question, mais la solution. J'ai échoué, et j'ai perdu ma chance. Tu as disparu. Aujourd'hui, tu es sûrement avec ton prochain prince charmant. Peut-être que lui est différent. Peut-être que lui ne t'a pas déchiffrée du regard pendant des heures sans voir ni commencement ni fin à l'équation que tu représentes. Mais comment ne pas chercher à comprendre quand on te voit, dans ton plus simple appareil, à peine couverte d'un drap qui ne fait que souligner tes courbes, et toujours plus belle peu importe ce qui se passe ? Comme si chaque seconde qui passait t'apportait un peu plus de qualité. Comment Dieu a-t-il pu laisser un tel bijou atterrir dans un monde si sale ? Tu parais si pur que tu en es hors d'atteinte. Et tu deviens une addiction. Ta beauté est une souffrance. Tu aspires l'âme de celui qui t'admire, par ton magnétisme surhumain. Seras-tu une déesse ? Je me suis déjà posé la question. Mais je n'ai jamais trouvé de réponse. Une déesse détruirait-elle un homme qui est déjà à ses pieds ? Si tu ne faisais l'effort ne serait-ce que de lever un doigt, ils suivraient tous, la goutte au bord des lèvres. J'ai fait parti de ces aliénés. Et je crois que, malheureusement, on ne se remet jamais d'une telle expérience. Tu es une vision trop forte pour l'œil humain, une expérience trop intense pour ne pas laisser de lésion. Tu es un tourbillon, on ne sent pas qu'on est aspiré, et doucement on sombre dans un trou noir, avant que tu décides de ne plus daigner nous lancer un sourire. Tu en as tellement jeté derrière toi, tu as tellement sacrifié de cœur pour garder ta liberté, que la plupart te détestent. Parce que, qu'ils le sachent ou pas, ils t'ont dans la peau. Comme moi. Après avoir survécu à l'aventure, frôler la mort en faisant trop l'amour, et perdu la tête en se noyant dans le glacier de tes yeux et en se brûlant l'âme à chacun de tes baisers enflammés, on est malade. Les symptômes sont visibles, mais on les nie. A chaque fois qu'on entend ton nom, on frissonne. Chaque fois que ton visage apparaît sur une photo, la mâchoire se contracte, et l'œil tique. On pense te reconnaître dans chaque inconnu brune, et parfois, on cherche à les conquérir pour remplacer les hectares de vide que tu as laissé en abandonnant ton trône. Mais on a beau les accumuler, aucune ne peut se hisser aussi haut que toi, et même une centaine d'entre elles réunies ne pourrait nous faire ressentir l'intensité que tu créais. On dit que l'amour est destructeur. Je pense que c'est le manque qui l'est. Parce qu'il remplace l'amour qui est parti. J'ai encore dans mon cœur et dans mes mots tout l'amour que j'ai pour toi depuis le début. Mais entre mes mains, je n'ai plus celui que tu me donnais. Il ne reste que l'air brumeux et pollué par mes larmes et ton dédain. On avait tout. Presque même trop. Tellement d'amour et d'effervescence qu'on aurait pu vivre trois vies pleines de bonheur et d'aventure. Mais un jour, tu en as eu assez. Tu t'es retournée, je t'ai alors vu dos à moi. Et tu es partie. Tu as récupéré ce que tu m'avais laissé. Et je suis resté immobile, pendant que tu partais pour un autre voyage au bras d'un autre. Avec toi, il y a deux fois. Mais il n'y en a jamais trois. Tu nous fais dos une fois quand on s'approche pour se faire une place, remplacer le précédent cavalier tombé et abandonné au sol par ta prestance. Et tu nous tourne le dos pour la deuxième et dernière fois quand tu t'en vas. Après cela, aucune chance qu'on te recroise. Et même si c'était le cas, si je retombais sur toi après tout ce temps ? Serais-je capable de te prendre par les épaules et te faire face ? Serais-je capable de m'approcher et de crier ton nom ? Non, je ne pourrais pas. Tout simplement parce que la simple évocation de ta personne me fait frémir. Je suis atteint, ça y est. Il est trop tard, on ne guérit pas de ton manque. Il y aura toujours trop de vide pour pouvoir le combler. Et en même temps, je n'aurai jamais assez de force pour me relever et te confronter. Je ne peux pas te récupérer. Si tu voulais, toi, tu pourrais. Parce que dans un combat pareil, tu gagneras toujours contre moi. Mais tu n'en as plus rien à faire de ce qu'il advient de ma vie. Te rappelles-tu même mon nom ? Est-ce que tu penses à moi quand tu croises quelqu'un portant le même que moi ? Est-ce que tu revois les nuits qu'on a passé à combler le silence de nos voix ? Est-ce que tu saurais reconnaître mon immeuble si tu passais devant ? Je me le demande. Sûrement que non. Moi, je n'ai rien oublié. Je me réveille la nuit après avoir rêvé de ton visage, je me retourne quand j'entend un prénom ou une voix qui me rappellent les tiens, je refuse de fermer les yeux pour éviter de te revoir vêtue de mes t-shirts, et je ne peux pas empêcher le bout de mes doigts de sentir encore la douceur de ta peau. Je pourrais presque retracer chaque courbe de ton être. Mais j'ai beau te connaître tant que ça, tu restes le plus grand mystère du monde. Chacun de tes moments d'absence, de tes regards dans le vide, ou de tes longs soupirs était une question de plus dans ma tête. A quoi pense-t-elle ? A-t-elle mal ? Est-elle fatiguée ? Ennuyée ? Contrariée ? J'ai cherché par tout les moyens que mon cerveau possède à comprendre où était l'entrée de ton labyrinthe, mais même ça je n'ai pas trouvé. La sortie, j'en étais bien loin.

Aujourd'hui, je regarde tes photos instagram. Tu es loin. Bali, Cuba, ou une autre île paradisiaque, accompagnée par un brun souriant qui n'est pas moi. Tu es souriante aussi. Tu as toujours le regard hypnotisant. Et tu me sembles toujours aussi lointaine. Tu vis dans une dimension hors de celle des gens lambdas. Je ne pourrai pas accéder à toi, ta vraie personne, sans murs, sans barrière. Je ne serai jamais assez proche de toi pour te cerner. Alors je te regarde de loin. Tu me manques. Je souffre de ce manque. Mais, comme on dit, le temps fera son oeuvre. Demain, ça ira mieux. Je me dirai que je t'ai oubliée. Avant de repenser encore à toi la minute qui suit.

Ton amour me manque. Même si il me tue.

Tu es mon oxymore.

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⏰ Dernière mise à jour : May 06, 2020 ⏰

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