Traversée à contre-courant

Chapitre 8 : Bon toutou... soi docile.

"When violence is directed towards an external enemy, submission to the leader makes it more effective. "

« Quand la violence est dirigée vers un ennemi extérieur, la soumission au chef la rend plus efficace. » Boris Cyrulnik, Mourir de dire : la honte.

Suite à cette décision, aussi rapide que réfléchit, je désertais mon poste au profit d'un refuge au nid-de-pie que j'avais pris d'assaut et métamorphosé en chambre. Et j'y passais toute l'après-midi et sûrement la soirée. Je ne pouvais m'empêcher de ressasser les blagues de mon défunt ami et de son visage fermé et endormi lors de sa sépulture maritime. Il n'était pas mort en guerrier comme il l'aurait souhaité et ça me rendait encore plus furieux. Mes larmes avaient cessé de couler en abondance, dorénavant elles étaient rares mais douloureuses. Je me jurais vengeance, ô oui, une revanche tellement inhumaine que les prochains fils de putes qui auront l'idée de chier de travers le feront avec mon épée plantée dans leur crâne. Mais le premier qui devra disparaître était ce lâche assassin, ce répugnant et misérable poux. Il ne savait pas ce qui l'attendait mais moi personnellement le petit programme que je lui avais concocté me mettait du baume au cœur. Il ne me restait dès lors qu'à trouver le moment le plus opportun pour enlever ce bâtard. Il fallait que ça soit fait le soir du meurtre pour ne pas lui laisser la chance de récidiver ou de se reposer sur ses lauriers. Après le dîner, je décidai de faire mine de rien et d'aller observer la mer avec une mine faussement joyeuse. La nuit était présente et avec elle une brise fraîche, quel temps ! C'était un temps rafraîchissant pour une vengeance bouillante. Ce soir, les hommes avaient bu et mon objet sorti, il était seul, il s'offrait à moi, faible et vulnérable. Il était tel une putain, soumis à ma dure volonté, sauf qu'il avait des petits avantages, pas besoins de lui demander son consentement, et pas besoin de le payer, que demande le peuple ! Je me dirigeais donc vers lui et lu dit avec sérieux et impartialité : « Suis-moi Sylast, on est de corvée de maintenance au niveau inférieur du bateau. » Je n'eus pas le temps de réitérer mon ordre qu'il me suivit sans broncher. « Bon toutou pensais-je. Une fois à destination, j'eus une puissante montée d'adrénaline, elle était presque sexuelle, mais pas dans un bon sens. En effet, cette excitation était vicieuse, comme une orque lorsqu'elle chasse. Celle-ci tourne autour de sa future victime, comme amusée par l'effroyable effet qu'elle exerce. La chasseuse s'amuse avec la peur de la proie ainsi qu'avec le temps, celui-ci lui parait s'écouler paisiblement et pour l'autre il est irrémédiablement interminable. Et c'est ainsi jusqu'au moment fatidique où la seule issue pour le petit animal est de se jeter dans la gueule de la mort. Mais dans tout cela, ce que je veux c'est atteindre l'instant cruel, cet instant de jeu entre le prédateur et le défunt. Cela faisait maintenant un bon moment que je l'observais sans un mot, celui-ci était calme et dans sa posture on pouvait voir qu'il était confient, parfait que ça ne change pas. On continuait à marcher et chaque pas nous éloignait de la sortie, ce soir tu ne courras pas, mon lapin. Tu es lié à moi, car je suis ton seul espoir de rédemption. Arrivés dans un renforcement isolé tout en étant assez dégagé, je m'y arrêtai et m'emparai d'un tonneau, e ne le pris pas au hasard, je savais ce qu'il contenait, je ne suis pas le cuisiner et le gardien des vivres pour rien, je l'ouvris donc et y trouvai des pommes et du pain. Je l'invitai donc à s'asseoir à mes côtés, sous prétexte que je voulais faire plus ample connaissance avec lui. Il avait l'air ravit et pas du tout introvertie. Il accepta alors mon hypocrite invitation, c'est bien bon toutou : « voilà ta croquette », pensais-je en lui tendant une pomme et un morceau de pain.