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Au matin, Frank, barbu, vêtu d'une misérable djellaba, fit son entrée dans le hall de l'hôtel. Plus tard dans la journée, il aurait été éjecté mais si tôt le réceptionniste à peine éveillé fut interdit par la surprise. Non de reconnaître Frank, cela était impossible mais que quelqu'un eut osé franchi les frontières qui le séparaient de son monde et de celui des clients de l'hôtel.

"La 221, s'il vous plaît ?"

"M'sieur ?"

"Frank Koclicq !"

"C'est ça et puis quoi encore" eut-il un sursaut. Attends que j'appelle la sécurité, mon bicot ! Ya plus de Frank Koclicq !" Il décrocha son téléphone lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur Sophie. Elle, elle le reconnut tout de suite.

"Frank ?"

Il se retourna, le réceptionniste la regarda.

-Vous le connaissez ?

-Mais oui ! Frank, on vous a cherché partout. Où étiez-vous ?

Cela fait près de six mois, maintenant ....

Frank fit un "o" muet avec sa bouche. Six mois !

...Bernard est revenu furieux. Il a envoyé un hélicoptère dans le désert. Il a prévenu toutes les polices du Royaume. Impossible pour vous de décoller ou de prendre le large. Dans la minute, il aurait été prévenu. Où étiez-vous ? Vous allez bien ?

-Dans le désert, oui euh, ça va !

-Vous êtes fatigué ? Vous avez faim ? Servez-lui à manger, donnez-lui ma chambre en attendant. Vous me raconterez tout cela ce soir, je dois m'occuper d'autres candidats Mégastar. Frank leva les sourcils.

-Oui, je suis encore là. Ne me faites pas le discours du provisoire qui dure. Je vous en prie.

-Mais mademoiselle... le réceptionniste s'inquiéta de ce que l'on allait dire en haut-lieu.

-Faites ce que je vous dis, je prends sur moi.

Il lui fut servi un breakfast anglais hyper copieux : saucisses, tomates, œufs, bacon, haricots rouges, porridge, fromage, pain, marmelade. Rien n'avait changé ! Toujours l'amoncellement de victuailles.

La chambre de Sophie fut apprêtée entre temps.

Six mois ! Répéta Frank en s'endormant. Six mois !

Le lendemain, Frank, se réveilla, la tête martelait. Il dut réfléchir longtemps avant de savoir où il se trouvait. Il était moite. Le soleil était déjà haut. En reconnaissant la chambre de Sophie, il revit toute la scène d'hier. O non ! Non ! C'est pas vrai ! Un rot sonore lui confirma que si.

Qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce qui va m'arriver maintenant ?

Frank décrocha le téléphone, composa le 00, l'indicatif de chez lui et le numéro du café.

-Allô ! Pourrai-je parler à Théo ?

-Qui l'demande ?

-Frank

-Frank ? Ben où t'étais nom de Dieu ? Taisez-vous les gars c'est Frank. T'es où ? T'es encore là-bas ? Alors les moukères ? ...paraît qu'elles sont bien, hein ? C'est pas qu'une réputation, ah bon ! Sacré Frank, va ! Allez je te passe Théo.

-Théooo! Téléphone !

La cabine du fond du café sonna.

-Oui, c'est toi Frank ? Comment va-tu ?

-Mal très mal, et je sais que ça ne va pas s'arranger ...

-Tu as parlé petit ?

-Oui, comment vous savez ?

La tentation du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant