Lorsque je retrouve enfin la vue et mes esprits, je ne suis plus dans la clairière sombre de l'île des âmes. Le vent me caresse la peau et fait voler mes cheveux argentés. Les doux rayons du soleil font cesser mes tremblements, et la brûlure apparue quelques secondes auparavant semble avoir totalement disparue. Je suis dans le jardin de la maison de mes parents, dans mon esprit comme il y a cinq ans. Cette fois, il n'y a pas d'énorme porte en bois au milieu des parterres de colchiques et bleuets.
Je m'avance sous le saule pleureur et y vois une femme d'une trentaine d'années en train de caresser le camélia blanc enroulé autour du tronc de l'arbre. Sa peau blanche, ses cheveux immaculés traînant sur l'herbe et le fait qu'elle vole à quelques centimètres du sol la ferait passer pour un fantôme. Mais ses yeux qu'elle pose rapidement sur moi, deux billes enflammées d'un feux blanc, prouvent le contraire.-Cela faisait longtemps Gaïa.
-Cinq ans. Lorsque j'ai frôlé la mort.
Je m'approche de la femme pour n'être plus qu'à un mètre d'elle.
-Mais je ne suis pas sur le point de mourir cette fois.
-Ha bon ? Demande la femme. Et d'où te vient cette certitude ?
-Fulgur a beau être un crétin au tempérament beaucoup trop instable, il sait maîtriser sa magie, et il ne me tuerait pas. Il sait que ça impliquerait bien trop de complications.
-Comme un jugement devant le conseil des treize, finit la femme à ma place.
-Par exemple. Et en plus de cela, il ne possède pas assez de magie divine pour me tuer.
La femme me sourit gentiment, comme une mère à son enfant. Ce sourire confirme mes soupsons.
-La dernière fois qu'on s'est vues, vous avez dit qu'à notre prochaine rencontre je saurais qui vous êtes, repris je.
-Oui, tu m'avais l'air d'une fille perspicace et extrêmement curieuse. Et puis il y a également ton ange gardien qui est là pour t'aider.
-Mon ange gardien ?
-Une simple expression. Tu comprendras plus tard. Mais j'aimerais plutôt savoir ta nouvelle théorie sur mon identité.
Lui tirer les vers du nez serait peine perdu. Je préfère répondre à sa question, choix le plus sage.
-Je ne l'ai compris qu'en vous voyant. Et encore, je ne suis toujours pas sûre de mes conclusions. Il y a encore des points à éclaircir.
Par son regard intéressé elle m'incite à continuer.
-Vous êtes apparue face à moi pour me demander si je préférais mourir ou vivre il y a cinq ans, et je ne comprends toujours pas pourquoi. Vous n'êtes pas une chasseuse d'âmes.
Chasseuse d'âmes, c'est comme ça que m'a appelé Arrostos avant de mourir. J'ai appris le sens de ce mot dans le journal de Théa. Il désigne des êtres à moitié divin (mais qui n'utilisent qu'une magie très complexe appelée énergie de l'âme) dont l'apparition reste mystérieuse et qui servent de dieux de la mort. Ils s'occupent de prendre une âme quand son heure est venue, de l'accueillir dans le monde des dieux et de lui expliquer grossièrement l'existence de la magie ainsi que des êtres divins. Dans chaque univers s'en trouvent sept. Ils ont également pour rôle de traquer les démons.
-Tu as raison, me répond la femme, je ne suis pas une chasseuse d'âmes. Mais j'ai pourtant leur particularité. Les yeux enflammés.
C'était pour ça qu'Arrostos m'a pris pour une chasseuse d'âmes il y a cinq ans. Parce que mes pupilles avaient soudain eu l'air de s'enflammer en plus de changer de couleur.

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La reine divine
Fantasy(Suite de ma précédente histoire, "les quatre éléments") Voilà maintenant cinq ans que le reigne d'Arrostos a pris fin. Cinq ans que les élus sont apparus pour sauver όasi. Cinq ans que la jeune Gaïa, âgée dorénavant de vingt et un ans, continue de...