La reine divine

Chapitre 2

Le déjeuner fut long, extrêmement long...
Les personnes du gouvernement avec lequel je le passais était d'un ennuyeux. "votre réactivité est impressionnante altesse", ou encore "nous sommes tellement heureux de vous accueillir". J'ai failli leur lancer ma tartine de confiture dans la figure.
Heureusement pour moi, les conseillers trop mielleux se faisaient tous recadrer par Nafari, passée  colonelle de l'armée Gi. J'avoue l'avoir beaucoup chariée lors de sa nomination, et pour cause. Nous  sommes dorénavant plus haut gradés qu'elle. Et la voir obligée de nous appeler  "majesté" en public à la place des  "merdeux" habituels est un pur régal.

Mais mettre sur les nerfs Nafari est le dernier de mes soucis en ce moment. Seul le carnet hante mes pensées et, malgré mes efforts, je pense que cela s'est ressenti. Alex m'a sauvé en preux chevalier, déclarant que je suis arrivée tard pendant la nuit et que mon mutisme est sûrement dû à la fatigue. J'ai confirmé ses propos, rajoutant quelques excuses et faux air gêné pour rendre le tout crédible. Ce le fut car le conseiller de la culture proposa d'écourter le repas dans le but que je puisse retourner à mes appartements.

Je me trouve donc bien plus tôt que prévu devant le journal de Théa  ouvert sur le bureau de ma suite, mes écouteur sans fil made in Aéras diffusant ma playlist ACDC (que j'écoute toujours en cas de stress car elle est étrangement très efficace), en train de réfléchir à ce que je m'apprête à faire.

Ce manuscrit ne contient peut être rien de plus que les rapports journaliers de la vie de la déesse. Ou bien, en insufflant de la magie divine dedans, peut être que je découvrirais quelque chose de bien trop grand pour moi. Je me suis déjà sortie de cette affaire d'élus il y a cinq ans ce n'est pas pour encore être menacée de mort maintenant, surtout si cette fois se sont des dieux qui veulent me tuer !
Mais ce qu'a dit la déesse la dernière fois que je l'ai vu... Cela me torture depuis des années. Et la solution est là, à seulement quelques centimètres de moi. C'est plus que tentant, surtout pour une curieuse dans mon genre. Je veux savoir si ce qu'elle a dit est vrai, si je suis réellement une déesse. Et pourquoi n'est elle jamais revenue ? De quoi a t-elle peur ? Pourquoi ne répond t-elle pas à mes appels ? Nombreuses sont les fois où j'ai tenté de la contacter à l'aide de ma pierre.

Prise dans ce tourbillon de question seule une solution m'apparaît, découvrir ce que cache réellement ce carnet. Et si je dois aller en enfer après avoir lu ces informations que la déesse a tenté de garder secrète, et bien soit je m'y rendrais, la tête haute !
Sans l'once d'une hésitation je pose à plat ma main sur le vieux journal et concentre de l'énergie divine dans celle ci. Une lumière argentée puis dorée enveloppe le manuscrit. Je m'écarte pendant que le livre virevolte dans les airs avant de s'arrêter soudain de briller et retomber mollement sur le bureau. Je le prends et le feuillette. Le vieux carnet ne contient plus les informations inutiles de tout à l'heure, maintenant sont décris des sorts divin avec schéma, des démons dessinés au fusain, ou encore les différentes énergies circulant à l'intérieur du corps humain.

Je sautille de joie dans le bureau. Ça a vraiment réussi ! Il faut absolument que je remercie Farid la prochaine fois que je le vois, c'est un vrai génie ! Je lui offrirais des gâteaux, et au monsieur qui a voulu faire un coffre à partir de sa dague ideuse aussi.
Je suis coupée dans mon euphorie par un mouvement que je sens derrière moi. Mes réflexes d'autrefois n'ayant toujours pas disparus, je me retourne précipitement, pointant mes poignards jusque alors rangés, sur le nouvel arrivant. Il s'agit de Seb, un sourire moqueur plaqué sur le visage, et ses yeux bleus brillant de malice.

-Je ne savais pas que l'annonce de mon arrivée allait te faire autant d'effets.

Je ne peux m'empêcher de sourire devant son ton de dragueur du dimanche. Heureusement que j'étais amoureuse de lui dès le début, quoi que ça aurait été amusant de le voir essayer de me courtiser.