1. L'Appel du Sang (en co-écriture avec Aranea)

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Lausanne, Suisse

Je ne sais pas quelle heure il est, ni même vraiment quel jour on est, le silence est complet, tout est calme, tout semble figé, statique et je trouve cela si apaisant.....
Pourtant il y a quelques minutes tout était différent, violent.... bruits de coups, cris étouffés, fracas puis peu à peu le silence s'est installé.....
Je profite de cet instant et admire le spectacle qui s'offre à mes yeux. Face à moi il y a un homme mort à moitié nu qui baigne dans son sang. Pour beaucoup cette scène serait insoutenable mais moi cette vision m'apaise. J'ai tué cet homme, ceci est mon œuvre et voir son regarde vide de vie, son sang qui coule et savoir que plus jamais il ne nuira à personne me fait du bien.
Je ne suis pas normale j'avoue, pas normale pour vous du moins mais pour moi tout cela est banal. Qu'est-ce que je suis? Une folle ? Une psychopathe ? Non je ne suis rien de tout ça même si je possède bien des similitudes avec les psychopathes, je suis une vampire et je suis donc en quelque sorte anesthésiée émotionnellement. Tuer ne me fait ressentir aucune culpabilité, ceci me fait au contraire du bien. Je sens leurs vies s'échapper, leur sang couler en moi, cela apaise ma faim et me fait me sentir plus forte, plus vivante en quelque sorte.
Je me sers de mes charmes pour attirer mes victimes, j'ai la chance d'avoir un physique très avantageux et ceci me facilite énormément les choses. En me voyant, personne ne pourrait imaginer ce dont je suis capable. J'ai l'air d'une jeune fille tout ce qu'il y a de plus normal, mes longs cheveux blonds et mes yeux verts me donnent l'air douce, mon corps long et fin me font paraître fragile, une proie facile pour les hommes que je choisis afin de me nourrir.
Je ne tue pas n'importe qui, seulement des hommes qui ont fait du mal ou qui sont mauvais à mes yeux. Jamais des gens que je considère comme étant bons ou innocents. Je suis un monstre mais je ne suis pas mauvaise à ce point. Je dois tuer et tant qu'à faire, autant en profiter pour débarrasser le monde de mauvaises personnes.
Je m'appelle Lauren. Comme vous pouvez l'imaginer, je ne suis pas quelqu'un qu'on pourrait qualifier de bien. Je pensais pouvoir gérer ma vie autrement, mais la nature m'a rattrapée.
Aujourd'hui, j'ai rendez-vous dans une filiale assez obscure pour un potentiel « contrat » qu'on m'avait proposé. Un travail pour une fille comme moi, c'était un peu inespéré. J'ai donc dit oui pour un entretien. Par chance, le lieu se situe à Lausanne même. Je m'y rends donc, ayant au passage pris soin d'avoir l'air élégante. Le bureau est assez spacieux, rempli de livres que j'ai probablement lus durant ma longue existence et certains des objets présents me rappellent quelques curieux souvenirs. L'homme en face de moi me rappelle vaguement les méchants dans les films Hollywoodiens à gros budget : il possède une longue barbe grisonnante, ses yeux sont cachés derrière de grosses lunettes noires probablement hors de prix, son crâne est entièrement chauve recouvert de quelques cicatrices et sa stature imposante me fait vraiment me sentir minuscule.
- Ah, asseyez-vous, attaque-t-il d'une grosse voix. Je m'appelle Sam Kinnin, je suis celui que vous avez eu au téléphone.
Je m'assieds à sa demande et je me sens un peu dévisagée. Sam me pose plusieurs questions auxquelles je réponds maladroitement. Je ne suis vraiment pas rassurée devant cet étrange énergumène. Après une heure d'interrogatoire, il joint ses mains et hausse les sourcils.
- Je vous informe que vous êtes engagée, dit-il. Vous commencez demain à huit heures.
Sans blague ? Moi ? Prise ? Je suis en train de rêver. Cet homme ne sait pas de quoi je suis capable. Alors que je signe le contrat, je ressens comme une présence, un souffle glacial peser sur ma nuque. Je ne sais pas ce que c'est, peut-être un avertissement...
Alors que je rentre chez moi, j'ai de plus en plus l'impression d'être épiée, observée, disséquée. J'en viens même à me retourner régulièrement. Je dois vraiment passer pour une folle. Enfin... plus que d'habitude.

*
**

Le réveil sonne à six heures, le temps que je me prépare avec option déjeuner et douche. Le soleil se lève péniblement et je sens que mon for intérieur se bat contre la lumière. Je ne crains pas cette lueur, mais je suis beaucoup plus affaiblie face à elle.
Le travail consiste à servir les clients dans un bar assez populaire de la ville. Sans aller aux extravagances des barmen sulfureux qui se la jouent, je dois être méticuleuse dans les dosages. Je me mets donc au travail, souriant comme je peux à la clientèle. Mais tout est forcé : je ne suis pas sociable. Alors que je sers mon énième verre de la journée, j'observe deux grands hommes entrer. Ils ont l'air assez jeunes et sont couverts de tatouages. Je les identifie tout de suite, j'ai une sorte d'instinct pour ça... ils sont mauvais. Cela se vérifie lorsqu'ils me commandent leurs consommations : de manière brutale, sans politesse aucune et avec un certain irrespect que je qualifierai de misogyne avec une proposition sexuelle douteuse. Alors que je leur sers leurs verres sans trop m'attarder sur leurs remarques, je les observe, sans rien dire. C'est sûr, je vais m'occuper d'eux.
Le bar ferme enfin et je peux pister les deux abrutis qui ont réveillé ma folie meurtrière. Je sens leur odeur, je la laisse m'envahir, même si, soyons honnêtes, elle empeste. Je suis la piste olfactive jusqu'à arriver dans un quartier beaucoup dangereux pour qu'une femme s'y balade seule la nuit. Je rentre dans le bâtiment presque en ruines et je monte au troisième étage. Ils habitent l'un à côté de l'autre, je le sais. Je casse la serrure de la première porte et entre. Il y fait totalement noir. Parfait. Je suis nyctalope. Je m'approche du lit. Ma future victime est là, endormie, tout en muscles. Je souris et plante mes ongles dans son ventre. Il se réveille en sursaut et crie de douleur alors que le sang commence déjà à imbiber ses draps. Je pousse davantage et attrape ses intestins. Je tire de toutes mes forces. Après quelques secondes d'agonie, il se recouche, inerte. Alors que je m'apprête à aller m'occuper du deuxième, je sens une vive douleur au niveau de ma tempe. Et puis plus rien. Le noir complet.

Little Nightmares Saison 2 (Série)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant