10. Road Crypt

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Ajo, Arizona

Qu'est-ce que la nature humaine? Les gens sont habitués à se comporter de la manière la plus étrange. Que ce soit la mère dépressive qui met son enfant dans un congélateur ou des fétichistes extrêmes aimant jouer avec les excréments... Et c'est nous qu'on traite de psychopathes? Laissez-moi vous dire une chose: je n'ai jamais cru à la nature humaine. Mais la mort, ça, c'est une certitude, la seule chose sur laquelle on peut vraiment se reposer. Et paradoxalement, c'est aussi la seule chose qu'on a en commun avec le reste des êtres vivants. Alors ouais, autant la rendre inoubliable.
Dans l'univers poisseux et sableux de l'Arizona se trouve un trou paumé nommé Ajo. Population: nous et quelques dégénérés assez fous pour braver les étés caniculaires. Faire profil bas dans un endroit comme ça, ça relève du putain de miracle. Mais laissez-moi me présenter, moi et ma petite famille. Je m'appelle Wilson Ferguson mais je préfère qu'on m'appelle « Baron ». Je vis dans une cahute qui tombe en ruines depuis des années qu'on a eue grâce à quelques... échanges de bons procédés. La femme qui dort sur le matelas troué et infesté de cafards, là, c'est ma femme Flora. On a eu deux enfants ensemble qui sont sûrement en train de faire les cons dans leur toute petite chambre alors que je suis paisiblement en train d'admirer ma femme en train de dormir. Et, putains de mioches, vous allez la fermer oui? Je vous entends bordel! Je vous signale qu'on n'habite pas vraiment un palace! Bref, les gamines qui beuglent que vous entendez, ce sont Sherry et Krystal. Elles ont dix-huit et quinze ans et elles s'entendent un peu trop bien à mon goût. Mais ce petit moment à dix heures vingt du matin est mon moment de tranquillité: les invités ne sont pas encore arrivés, ma femme dort encore et moi, je dois partir chasser. Dans ce trou, on vit à la dure, les magasins les plus proches sont à des centaines de bornes. Et de toute façon, impossible de poser le pied dans un centre commercial sans déclencher une crise d'hystérie générale, donc non merci. J'embarque donc mon meilleur ami avec moi, un Remington de 1849, en posant sur mon crâne légèrement dégarni mon chapeau. À peine le nez dehors que la poussière et l'air chaud attaquent mes bronches, mais je me suis habitué à ce climat du Sud des États-Unis. Je monte dans ma Chevrolet rouge que la rouille a rongée depuis avant ma naissance et trace la route pour arriver dans une ville un peu plus peuplée à proximité. Ici, les gens ne me connaissent pas et c'est tant mieux. Je n'ai qu'à attendre que ma proie se pointe en attendant sagement à mon volant, garé dans un parking. Et cette jeune fille en short si court que ses poches sont plus grandes, santiags et chemise nouée vulgairement sur sa poitrine me semble parfaite. Je patiente jusqu'à ce que la donzelle soit esseulée, la suivant de loin en roulant au pas, puis j'accélère aussi subitement que mon coeur s'emballe. La voiture percute son dos de plein fouet, brisant les os de sa colonne vertébrale que j'entends craquer. Elle est violemment projetée au sol alors que je m'arrête. Elle est encore consciente et vivante mais ne pourra probablement plus jamais marcher de sa vie. Quelle importance? Je sors de ma voiture et la jette sur mon épaule alors qu'elle se débat vainement en criant et en pleurant comme une brebis égarée. Je la jette dans le coffre de ma caisse qui étouffe enfin ses cris d'agonie et je refais le trajet en sens inverse. Arrivé à la cahute familiale, je sors la demoiselle du coffre en la portant à nouveau comme un sac de patates un peu trop lourd et je la mets sur la table qu'on utilise pour nos repas et lui tire froidement une balle dans le ventre. Celui-ci se fragmente en une myriade d'os brisés, de sang et de viscères appétissantes. À peine le coup de feu parti que Sherry et Krystal sortent de leur chambre pour admirer le repas qui agonise en toussant et crachant du sang. Ma femme s'est aussi réveillée et me rejoint alors en m'enlaçant de ses tendres bras.
- On pourrait peut-être... tu sais... faire nos affaires avec elle avant de la manger? propose ma dulcinée en s'accrochant à moi comme une sangsue.
Krystal lui bouge doucement la tête d'un air suspicieux alors que je regarde la viande fraîche et le sang qui en dégouline d'un air affamé.
- Elle a pas l'air tout à fait morte, déclare-t-elle.
Sherry, quant à elle, se met à déshabiller l'inconnue sans même attendre le verdict final de sa soeur. Elle arbore un sourire absolument sublime que j'aime voir sur son visage si lisse.
- On s'en fiche, répond-elle. C'est plus drôle si elle agonise encore.
À ce moment, je sens l'excitation monter en moi et me traverser depuis mes pieds jusqu'à ma tête et fatalement, j'en bande d'avance. Flora le sait puisque sa main se dirige sur la bosse se situant entre mes jambes pour me caresser.
- Je peux y aller en premier? demande Sherry, la plus âgée des deux en caressant déjà l'intimité intacte et rasée de la victime.
Alors que la cadette s'agenouille pour venir goûter au plaisir de la chair avant tout le monde, la benjamine vient mordre le cou de la victime à pleines dents, arrachant sa chair et la dégustant longuement.
Alors que je me prépare à mon tour à prendre le repas (voire un peu plus) des sirènes de police hurlent au-dehors.
- Merde, manquait plus que ça! crachai-je.
Je regarde à travers les persiennes et observe quatre voitures encerclant la petite maison. Je pars prendre mon fusil de chasse et rassemble tout le monde. Sherry déverrouille la sécurité de son arme de poing et Krystal aiguise ses couteaux.
- On va devoir tailler la route, expliqué-je.
- Pourquoi ils viennent toujours nous embêter? demanda la benjamine.
- C'est comme ça, ils n'aiment pas qu'on s'en prenne à eux.
- C'est épuisant à la fin!
Sherry regarde sa soeur dans les yeux et la prend dans ses bras.
- Ça va aller, petite soeur. On va s'en sortir, comme toujours.
Après quoi, elle l'embrasse avec ardeur et de nouveau, je sens l'excitation me monter à la tête.
- On jouera plus tard, les enfants. On a du boulot.
Nous sortons alors par la grande porte et commençons à cribler les voitures de balles pour atteindre la nôtre. Je démarre en trombe alors que j'entends les balles fuser tout autour de nous. Dans le rétroviseur, j'aperçois que l'un des hommes en uniforme s'effondre au sol, son crâne à demi explosé par l'arme de Sherry. Elle vise de mieux en mieux cette petite, je suis fier d'elle. J'allume la radio et entends qu'ils ont demandé des renforts et un soutien aérien. Après une dizaine de minutes de voyage, « l'oiseau » sort enfin de son nid. L'hélicoptère nous suit à la trace et un type à l'intérieur s'adresse à nous par l'intermédiaire d'un mégaphone.
- Rendez-vous sur-le-champ! Vous ne pourrez pas fuir, la zone a été bouclée!
Je souris et accélère davantage.
- Sherry? Sur la banquette arrière, dis-je simplement.
Elle s'exécute et attrape le lance-roquettes posé bien en évidence. Elle ouvre la fenêtre et fait directement mouche. L'oiseau d'acier vient s'écraser, en flammes, à flanc de colline. Comme annoncé, un barrage nous attend un peu plus loin. Flora attrape la mitraillette sous son siège et canarde les forces de l'ordre qui s'écartent tant bien que mal. Nous réussissons alors à passer, sans trop de dommages matériels excepté un phare qui a volé en éclats.
La route qui s'offre à nous est déserte, nous offrant le plus beau panorama que l'on puisse rêver: des tonnes de sables et de cactus à des kilomètres à la ronde. Je suis alors pris d'un rire incontrôlable et toute ma famille s'esclaffe avec moi.
- Ils sont sacrément cons ces poulets! commenté-je en frappant frénétiquement le volant.
Et on se casse dans le lointain à toute allure. L'odeur de poussière emplit l'air. J'imagine que ces connards ont lancé un avis de recherche. Ça couplé aux cris étouffés de l'autre connasse dans le coffre, ça commence sérieusement à me pomper l'air.
Je roule pendant dix kilomètres avant d'enfin trouver une station essence. Nous descendons et je n'oublie bien sûr pas notre invitée ainsi que mon arme fétiche.
La station est désespérément vide, à moitié dévalisée de ses articles. Je referme la porte derrière moi et la bloque avec une serpillère. Je prends mon repas en lui empoignant les cheveux et elle se met à crier. Fort heureusement le bruit de la détonation couplé au son du sang qui se disperse met fin à ce calvaire.

Quelques heures plus tard

Quel pied c'était cette gamine! Non seulement sa chair était tendre mais sa petite chatte a été un vrai bonheur! Pour les petites faims, cette station service est un vrai sanctuaire! La nuit est tombée et je dois faire mon tour de garde, fusil en main. Les gonzesses dorment comme des bébés. Ce qu'elles peuvent être bandantes, toutes les trois...
Alors que je fantasme sur leurs gueules d'anges, un bruit sec retentit, comme si un abruti s'amusait à frapper contre la vitre. Bordel... un abruti s'amuse vraiment à frapper contre la vitre!  Je me dirige vers lui et ouvre la porte.
- Hé l'abruti! hélé-je. Qu'est-ce que tu fous? La station est fermée à cette heure-ci!
Il me regarde et j'observe une peau avec une teinte grisâtre, des morceaux de chair manquants et des dents pointues. Il pousse un râle et tente de me sauter dessus. Merde! Je lui explose le citron avec un tir bien placé et remarque que des dizaines d'autres abrutis se dirigent vers moi en claudiquant.
- Qu'est-ce que c'est que cette merde? grogné-je en observant l'état avancé de décomposition de chacun d'entre eux.
  Je retourne à l'intérieur et bloque à nouveau la porte avant de me précipiter vers les filles.
- Hé! Debout! grogné-je. On a une saloperie de problème!
Je les secoue dans tous les sens pour les réveiller le plus vite possible. Je crie même leurs prénoms et elles s'éveillent enfin, me regardant avec stupeur.
- Wilson? Que se passe-t-il? demande ma femme avec une petite voix.
Je lui explique rapidement la situation et elle observe avec effroi la petite horde de corps en décomposition frapper contre la vitre de la station service, poussant des râles d'agonie.
- Qu'est-ce que c'est que ces abrutis? demanda-t-elle.
- Des morts-vivants, réponds-je en serrant les dents.
- Tu te fous de moi?
- J'aurais préféré. Allez, les filles, on grimpe dans la bagnole!
Je libère le passage et on fonce sans réfléchir au véhicule. Ils essaient instantanément de nous agripper, mais nous réussissons à esquiver leurs poignes. L'un d'entre eux s'accroche cependant à la portière alors que je la referme. Je démarre en trombe et le monstre lâche sa prise alors que je fonce à toute allure sur la route étroite.
- Ok, c'est quoi ce bordel? demande Sherry. D'où ils sortent, eux?
- J'en sais rien, avoué-je.
- Papa, tu crois que l'univers veut nous punir de manger des gens? demande Krystal.
- C'est impossible... comment l'univers pourrait-il avoir une conscience?
Je roule en direction de la ville de Pheonix. Là-bas, on pourra se fondre dans la masse et survivre sans manquer de rien.
Quand nus arrivons sur place, la ville est déserte, des objets comme des caddies, des poussettes, des ballons ou encore des sacs de sport jonchent le sol, comme si tout le monde était parti dans la précipitation. Alors que je roule au pas, des tas de choses étranges défilent sous mes yeux: un camion renversé, une poubelle en feu et même quelques corps inertes.
Des silhouettes marchant au ralenti se révèlent enfin et j'écarquille les yeux; il y en a des centaines, voire des milliers, partout autour...
J'appuie sur le champignon mais une mare de corps me barre la route et si la voiture réussit à en expédier quelques-uns, nous nous arrêtons quelques mètres plus loin, de la funée noire s'échappant du moteur.
Nous sortons de la voiture et je libère un passage avec mon fusil. Nous nous réfugions dans la première échope mais une main agrippe les cheveux de Flora et la tire en arrière. Elle crie alors que j'explose le responsable. Mais Flora tombe au sol dans l'élan et un amas de corps lui saute dessus.
- Maman! hurlent les gamines alors que la scène me fascine.
Ses boyaux sont exposés, sa chair est déchiquetée dans un flot de sang et d'os. Comme je les envie.
La porte de l'échope se referme et Krystal la bloque avec un objet lourd avant de me regarder, ses larmes coulant sur ses joues.
- Papa! Maman est morte! gémit-elle alors que les mains frappent contre les vitres.
Je regarde derrière moi. Rien du tout. Pas de sortie. Mais, soudain, le vacarme s'arrête. Les morts-vivants semblent se calmer et ne plus bouger du tout.
- Que se passe-t-il? demande Sherry.
- Je ne sais pas... Je crois qu'on peut sortir... théorise Krystal.
Elle retire l'objet et aussitôt met-elle un pied dehors que les morts-vivants l'attrapent pour venir mordre dans sa chair. Ses cris s'évanouissent peu à peu alors que Sherry crie de terreur et vient se réfugier dans mes bras. Nous attendons là, pendant des heures entières, les morts-vivants ne voulant plus rentrer pour une raison qui m'échappe mais ne nous laissant pas nous enfuir pour autant.
Alors que le soleil se levait déjà, une silhouette s'avança parmi la horde de morts-vivants qui semblèrent lui laisser un passage. Avec sa tête explosée, je la reconnais entre mille, c'est la petite dernière avec qui on s'est tant amusé.
J'attrape mon fusil et enclenche la détente par réflexe. Vide. Merde!
La gamine s'avance vers nous et me regarde de ses yeux vitreux. J'y décèle une once de haine et de reproches.
- Papa... qu'est-ce qu'elle nous veut? demande Sherry en pleurant.
Je lui caresse la tête et soupire alors que la horde entre à son tour dans l'échope.
- Krystal avait peut-être raison ma puce. L'univers veut nous faire payer ce qu'on a fait... et elle, elle est sacrément furax contre nous.

Little Nightmares Saison 2 (Série)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant