Chapitre 5 (1/3)

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Non loin de là, dans un appartement au centre de la banlieue de Bradford, deux jeunes hommes s'éveillaient avec le jour naissant. Le plus jeune, aussi blond que l'autre était brun, s'assit pour s'étirer longuement en tentant de chasser le sommeil. Ils avaient du pain sur la planche, et le repos était devenu depuis peu un ennemi à combattre chaque jour qui passait.

Le blondinet se dirigea vers le petit balcon attenant au salon, tandis que son comparse s'attelait à préparer du café dans leur petite cuisine.

Assis à même le sol, le plus jeune se délectait de la chaleur des premiers rayons de soleil estival sur son visage déjà bruni. Les yeux fermés, immobile, il profitait du répit qu'il s'octroyait, ses lèvres pleines s'étirant en un doux sourire.

Ils se rapprochaient de leur but, et bientôt, ils rentreraient enfin chez eux, près de leur famille. Le visage de sa petite sœur se matérialisa devant ses paupières closes, presque translucide tant ses souvenirs s'étompaient.

Un bruit mat lui parvint aux oreilles, l'éjectant hors de ses douloureuses réminiscences. Ouvrant les yeux, il remarqua une tasse de café fumant posée près de lui.

— Deux sucres, déjà mélangé, précisa le brun.

Chuchotant un merci presque inaudible, il attrapa sa tasse en soufflant dessus.

— Louis ? Tu penses vraiment qu'elle est encore ici ?

— Oui, p'tit frère, répondit l'intéressé las d'avoir encore à le rassurer, faut que t'arrête de te prendre la tête avec ça. Tu sais très bien que mon contact les suit de loin depuis le début de l'opération. Il la sait avec son amie brune, celle que l'on voit souvent sur les photos avec elle.

— T'es sûr que c'est le seul moyen  pour rentrer ? On sait même pas s'ils tiendront parole, qu'ils nous renverront chez nous après l'avoir attrapé, tu y crois toi ?

— Oui... Regarde, ils nous ont relâché. C'est une preuve de bonne foi. Il ne nous reste qu'à l'attraper quand elle sera seule, et de la leur livrer, comme promis.

Nicolas, le blondinet, se contenta de hocher la tête, avant de s'avachir contre le mur, tiraillé entre sa culpabilité et son envie de retrouver les siens.

De son côté, Louis rentra dans l'appartement pour s'écrouler sur le canapé. Se lovant dans un plaid duveteux, il essaya de remettre de l'ordre dans ses pensées. Même s'il semblait insensible, il regrettait que son frère le pense dénué d'empathie. Simplement, il refusait de laisser tomber l'opportunité de le renvoyer vers leur famille. Alors s'il fallait pour cela jouer les sans-cœur, il le referait sans hésiter. Retourner dans cet enfer n'était pas une éventualité pour Nicolas, il ne pourrait survivre à un retour là-bas. Leur dossier de mission était ouvert sur la table basse, et une photo grand format attira son regard. A la vue de celle-ci, sa motivation se raffermit.

Ils devaient attraper la fille et la livrer à ses bourreaux. Coûte que coûte.

A grain of sand in the gear : the persuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant