Une ennemie au sein du Bataillon (Livaï x OC) [TERMINÉE]

Chapitre 41

Evanna se réfugia dans sa chambre et s'adossa contre sa porte en soufflant. Il en était moins une. Devait-elle aller parler à Hansi de ce qui se passait - ou pouvait se passer - entre elle et Livaï pour que l'amie du caporal le raisonne et limite la casse ? Hansi avait beau être la major du Bataillon d'Exploration et la supérieure hiérarchique ultime de l'eldienne, elle commençait à se dire que l'inclure comme elle semblait tant le désirer dans la confidence ne ferait de mal à personne. Elle prit la décision d'attendre le lendemain pour peser le pour et le contre et analyser l'éventuelle évolution possible de la situation selon ses choix.

En attendant, elle décida de faire du sport pour se vider la tête et elle se rendit dans la salle d'entraînement du château. Ravie d'être seule, elle retira sa chemise pour rester en brassière et se sentir plus libre de ses mouvements. Entamant une séance de renforcement musculaire intense, Evanna en oublia tout le reste. Elle enchaîna tous les exercices qu'elle connaissait sans s'accorder de pause tant que son corps ne lui en donnait pas l'ordre. A la fin, elle s'allongea sur le dos, complètement essoufflée, tous ses muscles la martyrisaient. Elle posa une main sur ses abdominaux pour sentir son rythme respiratoire et le maîtriser ; elle n'avait pas fait autant d'efforts depuis bien longtemps.

Evanna remonta dans sa chambre pour prendre une bonne douche et se débarrasser de la sueur qui dégoulinait dans son dos. Elle jeta ses vêtements sur le sol avec dégoût tant elle se sentait sale et elle entra dans sa cabine de douche sans plus de cérémonie. Attendant que l'eau chauffe un peu, elle s'adossa au mur en croisant les bras sur sa poitrine. Elle aimerait tant avoir une existence normale. Elle aurait aimé ne jamais passer par la résistance, quitte à vivre dans la misère plutôt que d'être consciente de tout ce qui se passait.

Connaître la vérité était un privilège, mais également un lourd fardeau car, une fois qu'on savait ce se passait sur Mahr et sur l'île de Paradis, aucun retour en arrière n'était possible. On ne pouvait oublier les injustices qui y étaient perpétrées, les violences que les eldiens y subissaient, on ne pouvait pas revenir à une vie d'insouciance comme avant. La soldate serra les dents en posant sa tête contre le carrelage du mur. Elle aurait dû se transformer en titan ou mourir en essayant de fuir au lieu de replonger tête la première dans un enfer pareil.

Evanna poussa un cri rageur ; elle n'avait pas demandé à se retrouver au milieu de toutes ces histoires plus délirantes les unes que les autres. Elle n'avait pas demandé à devenir une résistante eldienne, une assassin dans la ville qui contrôlait sa zone d'isolement. Elle n'avait pas demandé à devenir une espionne, à s'introduire chez les députés pour dérober les secrets du gouvernement Mahr ou les tuer. Elle n'avait jamais voulu poser des bombes pour faire un massacre au sein de l'armée. Elle avait certes éprouvé beaucoup de haine à leur égard pour ce qu'ils avaient fait à sa famille, à ses amis, aux eldiens qui n'avaient rien demandé, mais chacune des morts dont elle était responsable s'était gravée à jamais dans sa mémoire. Elle avait pris l'habitude de semer le chaos pour tenter de rendre justice dans une société corrompue jusqu'à la moelle, mais à quel prix ? Était-ce au moins la bonne chose à faire ?

La soldate se força à entrer sous le jet d'eau chaude pour oublier tout cela ; elle ne pouvait rien changer à ses actes du passé. Malgré les remords, les regrets, la culpabilité qui la rongeaient, elle ne croyait pas une seule seconde Sieg ; elle était peut-être rentrée dans la résistance eldienne par hasard, par dépit parce qu'elle n'avait nul part où aller après l'arrestation de ses parents adoptifs, mais elle avait commis tous ces actes abjectes en toute conscience. Elle l'avait fait pour tenter désespérément de mettre un terme au joug tyrannique de Mahr, et elle continuerait à se battre avec le Bataillon d'Exploration pour rétablir l'ordre et la paix, même si cela signifiait se dresser contre sa famille seule famille restante, contre le frère qu'elle venait de retrouver.