Chapitre 32

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Eliott hantait mes cauchemars. Ma main se tendait vers son dos offert à ma vue et tentait, en vain, de l'attraper. Je voulais qu'il se retourne, qu'il me regarde et qu'il m'aime. Et si tu te laissais allez? Et si tu aimais? Si tu m'aimais à moi? T'en as besoin ça se voit à chaque fois que tu respire. Laisse parler les autres. Ils ne savent rien. La seule chose qui a de l'importance, là, en ce moment, c'est toi et moi. Je veux pas que tu partes. Si tu te tourne vers moi, maintenant, tu nous sauves tous les deux. On est trop seuls pour continuer ainsi. Tourne-toi . Mais il continuait à partir. Sans cesse. Inlassablement. Et je me réveillais en hurlant.
Je ne pleurais plus. Les larmes n'avaient aucune utilité. J'étais purement et simplement déconnectée du soleil chaud qui brûlait la peau. A l'intérieur de moi, il faisait froid. Un vent glacial soufflé sur les plaines désespérément vide qui nouaient mon estomac. Je n'attendais même plus qu'il vienne me remplir de ses sourires. Je retombais dans une sorte de léthargie passagère. Parce qu'il fallait que ça passe. Je le voulais. Rien ne finit lorsqu'on a 17 ans. Surtout pas une vie.


* Elle possédait cette fraîcheur que plus beaucoup de personnes ne possédaient.
J'ai observé son visage sur une photo volée au détour d'un couloir, me demandant encore ce qu'elle avait de plus que les autres. Pourquoi c'était d'elle dont j'étais tombé sous le charme. Certaines choses étaient encore des mystères. Je m'étais essayé à partir, à mettre de la distance entre nous, il y a de cela quelques semaines mais sans le vouloir j'étais revenu vers elle. Elle m'aimantait et c'est que maintenant que je m'en apercevais.
Les vacances étaient arrivées, sans savoir quand j'allais la revoir ou si un jour elle pourrait me pardonner notre dernier au revoir. J'avais tant de choses à lui dire. Mais pourtant si peur de me les avouer à moi-même. Si peur.
Je voulais faire taire cette voix intérieure mais le texte se répétait, inlassablement.
« Je me suis éclaté avec toi et ça vient d'éclater ma vie. Tu es partie. Ou plutôt tu n'es pas revenue et je t'ai laissée faire. Je croyais que la lumière qui brillait en nous était intouchable, aussi haute et brillante que les étoiles. Je pensais que malgré nos disputes, nous étions accros l'un à l'autre et que c'était plus fort que notre raison. Mais je me trompais. Tellement.
Je regarde ma chambre où tu n'as mis les pieds qu'une seule fois. Et pourtant il y a des échos de toi partout ici. Un vieux bout de papier sur lequel tu avais écrit ton numéro il y a longtemps, le ticket d'une séance de ciné partagée, cette veste que tu aimais tant et voulais tout le temps me piquer, ton parfum que je m'imagine flotter dans l'air. Ils sont là, comme une promesse que le destin n'a pas tenue. Mais le destin est une chose qui a été inventé pour rassurer les pauvres âmes et trouver des excuses à leurs déboires. Je n'y crois plus. Je n'y crois plus parce que je croyais que le destin c'était nous...
Mes souvenirs me reviennent à la gorge. Tu es si belle dans cette brume de nostalgie. Plus belle que jamais. Et moi je suis seul. Seul comme je l'avais toujours été de toutes façons. C'était mon choix. Tant, donneraient tout ce qu'elles ont pour un instant avec moi. Mais je m'en fou. Je me fou de toutes les autres. Elles ne sont pas toi. Je suis cet idiot joueur qui se rend compte soudain de sa solitude. Et je suis tellement effrayée de réaliser pourquoi je suis incapable de t'aimer correctement.
Je te regrette, tu sais. Tu me répétais sans cesse que la vie avance inexorablement et que nous devons lui emboîter le pas. Ce jour-là, ce jour ultime de cours, je sais que mes pas se sont perdus. Et maintenant, je n'ai plus rien pour lutter, plus d'armes. Je suis envahi par une folie que je n'arrive pas à repousser. La folie de ne pouvoir me faire pardonner, la folie de ne jamais te revoir. Pourtant de cette folie se dégage tant de poésie. La poésie de mes désirs qui se résument en un seul mot: recommençons. Et l'espoir c'est savoir qu'il reste une dernière chance. Combien, tels que moi, donneraient tout ce qu'ils ont pour l'avoir ? Aide moi. »
C'était d'un mélodramatique. Me voilà qui redevenais humain.
J'ai secoué la tête. Je ne voulais pas être cet homme. Cette fille m'avait mis en vrac. J'étais fichu. Et je devais prendre une décision. Une dernière décision. *

Tous les chemins mènent à tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant