Chapitre 4 : Amour

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Vingt-quatre heures plus tard, Harry s'installe, comme prévu. Honnêtement, je ne peux m'empêcher de d'ores et déjà regretter mon calme solitaire. Certes depuis le début de l'après-midi, moment où il est arrivé, il n'a pas cherché à échanger plus que cela avec moi : il travaillait simplement sur je ne sais quel projet, mais sa présence à elle seul suffit à me déranger. Je n'ai aucune nouvelle de Mona. Je sais que ça ne fait pas vraiment longtemps que je lui ai demandé de se renseigner mais je ne peux m'empêcher d'être impatiente.

Au moment de me coucher, je ne peux retourner sur le canapé : désormais nous sommes un couple que je le veuille ou non, et partager le même lit est nécessaire. Seulement, alors que j'essaye de paraître occupé sur mon cellulaire, ce que je redoutais arrive : pour lui il est temps de passer à l'action.

- Tu ne voudrais pas qu'on... ? commence-t-il après s'être plus ou moins sensuellement rapproché de moi.

- Je saigne encore. Il faut attendre encore un petit peu, je réponds sans réellement chercher à le convaincre.

Il comprend qu'il n'aura pas gain de cause avec moi et heureusement, il n'insiste pas plus. Il est là pour ça, il est mon géniteur, alors forcément, si Mona ne se dépêche pas, nous allons devoir coucher ensemble, que j'en ai envie ou non. De toute façon, tous les médias savent que désormais, le grand Harry Hartmann va bientôt donner un héritier à sa famille, si je ne tombe pas enceinte sans raison valable, tout le monde va se mettre à se poser des questions. Et mon cher mâle alpha ne le tolérera pas, ce qu'il me fait d'ailleurs bien savoir en répondant sèchement à mon refus :

- Ok mais tes saignements ont intérêt à vite se terminer parce que je ne vais pas atteindre dix piges !

Il se couche ensuite en me tournant le dos dans notre lit, et un lierre traînant sur notre tête de lit lui caresse le visage :

- Putain de lierre là, dit-il sans aucun calme.

Je ne souffle pas expressément, mais ce n'est pas l'envie qui me manque. Harry est définitivement tout, sauf mon match parfait. En disant cela, je repense à Félix. Viendra-t-il ce soir ? Je ne peux m'empêcher d'attendre son retour : je veux comprendre.

J'attends paisiblement qu'Harry s'endorme et spontanément, parce que je sais que de toute façon je l'ai déjà énervé, je me déplace vers mon canapé où je préfère finir ma nuit.

Vers 2h45, je ne dors plus que sur une oreille. Et je ne suis même pas surprise en sentant à nouveau sa main sur son message. Il me sourit, me salue le plus silencieusement possible sachant sûrement qu'Harry est là, et moi, je n'ai ni peur, ni envie qu'il s'en aille.

C'est là que tout a dérapé : Félix est revenu me voir chaque nuit pendant plusieurs jours.

Chaque fois, le rituel est le même, et il est simple. Du moins, il l'est encore jusqu'à ce qu'Harry ne le tolère plus. Je me couche aux côtés de mon géniteur, il veut passer à l'action, je le repousse prétextant les saignements, j'attends qu'il s'endorme et je m'éclipse sur le canapé en attendant Félix. Et comme à l'accoutumée, il arrive à 2h45 dans mon salon. Il n'a même plus à forcer la fenêtre désormais, je la laisse ouverte pour lui.

Au début, je dormais, mais désormais, j'attends éveillée en essayant de ranger dans mon esprit la moindre information que le récidiviste recherché veut bien me donner. Je cherche à résoudre l'énigme, à comprendre. Mais Félix refuse de m'expliquer, il dit que c'est pour me protéger.

Ça ne m'arrête pas et jour après jour, ou plutôt nuit après nuit, j'essaye. Je tente de rassembler chaque information, de récupérer chaque souvenir, d'éclairer chaque piste.

SudérisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant