Build With Two... Make It Three!

9.

Ravi d'avoir gagné ce petit argument et après avoir ouvert trois des boutons de la chemise d'Aiden, Gray le fit s'assoir au bord de son propre lit, attrapant ses manches pour lentement en plier les extrémités, et créer un revers plus esthétique. Tranquillement installé sur les draps blancs de son vis-à-vis, Aiden observait les alentours de la chambre sans oser porter son regard face à lui, directement sur son ainé, pour la simple et bonne raison que les évènements de la matinée ne cessaient de lui revenir. Nerveusement, le jeune homme mordillait ses lèvres rosées, déglutissant plutôt bruyamment. Gray lui, ne semblait pas particulièrement affecté par cette proximité, concentré sur son objectif d'arranger un peu l'apparence d'Aiden. Ce dernier finissait par se demander s'il ne s'était pas monté la tête en réfléchissanr autant sur le comportement à adopter après leur entrevue.

-C'est bon maintenant ?

Le grisé posa cette question d'un air presque agacé, bien qu'il était plus embarrassé que vraiment gêné par le temps que mettait Gray à fixer ses manches. L'odorat fin d'Aiden lui permettait de déceler la douce odeur que dégageait son ainé et tentant d'échapper aux mains baladeuses de son tout nouvel ami, il recula légèrement permettant à Gray de l'observer longuement de haut en bas.

-Nan, il manque quelque chose...Tu es maquillé dis moi ?

-Bien sûr que non...Qu'est-ce que tu racontes..!

Répondit alors Aiden, affreusement par cette question et encore plus par l'idée même qu'avait soufflé son ainé. Gray leva un sourcil sans comprendre les mots de son cadet, croisant lentement les bras. Il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre dans les grandes lignes la source du problème, et un soupir s'échappa de ses lèvres.

-Tu sais que c'est possible de se maquiller pour avoir l'air plus masculin pas vrai ?

-V-vraiment ?

-Toute une éducation à refaire ce n'est pas possible.

Le styliste grogna et tira son pauvre cobaye du jour sur sa chaise de bureau, qui grinça sous le poids d'Aiden, lui tendant un tube de crème hydrante d'un air décidé l'incitant à en étaler une bonne quantité sur son visage. Le plus jeune obtempéra, n'ayant de toute façon pas vraiment le choix. Un soupir s'échappa tout de même de ses lèvres et il marmonna d'un air boudeur.

-Roh...mais où est passé le Gray timide et chamboulé de ce matin. Si on m'avait dit qu'il fallait toujours te noyer de compliments pour que tu te taises je ne serais pas venu.

Ces mots prononcés par le plus jeune firent violemment rougir le garçon aux cheveux multicolores, soudainement gêné de cette remarque. Ne sachant réellement comment réagir, Gray se contenta de détourner le regard rapidement très intéressé par le contenu de sa valise de maquillage. Frottant sa nuque embarrassé et bien trop occupé à effacer les signes de sa gêne, l'ainé ne remarqua pas l'inconfort qui s'installait chez Aiden, face à tous ces produits de beauté, qui pour une bonne partie d'entre eux ne trouvaient aucun sens ou aucune utilité à ses yeux. Détournant à son tour le regard pour détailler la chambre et occuper son esprit, le plus jeune ne remarqua pas immédiatement le sentiment oppressant qui grandissait en lui.

-P-peu importe...Je dois trouver un fond de teint qui va avec ta peau, suffisamment léger aussi..

-Tu rigoles j'espère tu vas...tu ne vas pas vraiment me mettre du fond du teint ?

-Si. Que ça te plaise ou non.

Un pinceau large s'écrasa soudainement sur le visage hydraté d'Aiden le faisant grogner d'inconfort. La sensation humide de ce produit étrange étalé sur sa peau rendait le plus jeune très inconfortable, alors qu'il avait cette impression que sa peau allait étouffer sous cette nouvelle couche. L'odeur de la poudre ensuite appliquée lui vint aux narines et agressa son odorat sensible le faisant froncer du nez. Au fil des secondes qui passaient, alors que de jolies couleurs discrètes rejoignaient la peau de son tableau d'un jour, l'ainé sentait Aiden se tendre et respirer de façon plus...irrégulière. Il ne cessait de jouer avec ses doigts, de fuir son regard, déglutir et il s'arrêta donc, et se pencha vers le grisé qui observait son visage dans le miroir, l'air effaré les pupilles dilatées et le souffle court.