Cela devait faire une dizaine de minutes que Gray et Alec étaient postés dans le couloir frappant à toutes les portes en bois de cette partie de l'établissement comme deux idiots perdus pour trouver la chambre où logeait leur ami. Si Gray était complètement retourné par ce qui était arrivé, Alec lui était plus qu'inquiet de l'état dans lequel il allait retrouver son petit protégé, du moins une fois qu'ils auraient enfin localisé l'endroit où il était supposé dormir. C'était à cet instant qu'il se sentait encore plus idiot de ne pas avoir demandé à Aiden bien avant l'emplacement de sa chambre. Leurs allers retours dans les couloirs et le son du bois résonnant à chaque qu'ils frappaient à une nouvelle porte commençaient sérieusement à agacer certains élèves ce qui était compréhensible en soit, alors ils devaient faire vite. Alec qui était déja pressé de retrouver Aiden pour s'assurer de son état, souhaitait plus que tout à présent enfin trouver la bonne porte.
Le campus était grand et le nombre de chambres vraiment important et le sportif commençait à désespérer, quelques soupirs anxieux s'échappant de ses lèvres qu'il ne pouvait s'empêcher de mordiller sous le stress. Alec était prêt à abandonner jusqu'à qu'en passant devant une chambre, reculée dans le coin d'un couloir, il reconnut des sons semblables à des renfilements et une respiration difficile et saccadée. Lançant un regard à son cadet encore secoué, il se décida à frapper le dos de sa main contre la matière solide de la porte, la souffle coupé d'appréhension. Tout deux retenaient leurs souffles devant ce dernier battant, Gray ne tenant même pas en place et alternant son équilibre d'un pied sur l'autre sur le seuil de la pièce.Une voix brisée, comme tremblante et lointaine se fit entendre, provenant certainement du centre de la pièce à en juger par ce qu'ils pouvaient déchifffrer des sons traversant la porte.
-Q-qui est-ce..?
Alec ouvrit grand les yeux, un long soupir de soulagement lui échappant et il fit reculer légèrement Gray pour prendre la parole, d'un ton doux et rassurant. Ce dernier observait la scène sans tout à fait comprendre encore mais déja rassuré d'avoir enfin trouvé la bonne chambre.
-Aiden.. Tu veux bien m'ouvrir s'il te plaît... C'est Alec. Ouvre la porte. Je veux simplement t'aider, tu le sais Mh ?
De longues secondes défilèrent, avant que les mots d'Aiden ne soient audibles aux deux autres garçons. Du point de vue d'Alec, il lui semblait que le son de ses paroles s'était considérablement rapproché. Il avait déja vécu cette scène, plusieurs fois dans le passé, et savait parfaitement ce qui se passait. Il n'avait pas forcément besoin qu'Aiden ne parle pour le comprendre. Il soupira alors et sourit tristement, plantant son regard au sol la main toujours posé contre le battant de la chambre. Ses doigts abimés par le basket déposés contre le bois froid, il ressenti quelques tremblements contre ce dernier et en un froissement il laissa sa main retomber.
- Okay c'est pas grave Aiden, j'ai compris Mh...? Je suis juste derrière comme d'habitude. Tu n'es pas obligé de me répondre, respire profondément, prend ton temps.
L'étudiant en stylisme ne comprenait pas vraiment la situation, ou même le comportement de ses amis. Mais il avait confiance en son aîné, et savait que le sportif avait sûrement raison de réagir ainsi, et savait parfaitement ce qu'il fallait faire. Gray se sentait tout de même un peu mal à l'aise, comme s'il n'était pas censé assister à cette scène, cette impression que sa présence était plus gênante qu'autre chose. Jouant avec ses doigts pour occuper son esprit, il déglutit discrètement attendant finalement de savoir quoi faire, ou quoi dire pour arranger cette situation.
Alors lorsqu'Alec se laissa glisser contre le matériel dur, jusqu'au sol où il prit place, assis en tailleur, le dos appuyé sur l'entrée de la pièce toujours bien fermée, il fit de même, s'installant face à lui sans pour autant oser poser son regard directement sur son vis à vis. Le basketteur ouvrit les bras, et Gray s'installa contre son torse, comme la nuit précédente le visage dans son cou. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il observa en silence Alec sortir son téléphone et envoyer quelques mesages à ses coéquipiers pour déplacer leur petite soirée. Et à sa grande surprise, son ami commença ensuite à parler d'une voix douce, longuement. Et il se laissa guider par ses mots fermant les yeux pour retrouver son calme et attendre que le plus jeune de leur petit trio trouve le courage d'ouvrir la porte. Il avait compris que ce dernier était lui aussi assis contre la porte, quelques centimètres derrière eux.
Perdu dans ses pensées, mais toujours attentif aux mots d'Alec, presque bercé par son ton doux, un fin sourire décora finalement ses lèvres maquillées.- Je sais que c'est difficile Aiden. Que ça fais mal.. Tu te souviens des premiers jours...? C'était dur. Tu avais mal. Les mots faisaient mal. Les regards. Les chuchotements. Les erreurs aussi. De simples mots, pronoms pour les autres mais ça compte beaucoup pour toi et c'est respectable. Mais il y a une chose dont tu dois te souvenir d'accord petit prince ? T'aimais bien ce surnom quand je l'ai trouvé. Ce dont tu dois te souvenir c'est que même si certaines personnes t'ont tourné le dos, laissé pour compte, ou encore abandonné. Moi, je suis resté. Je suis toujours là. Peu importe le nombre de personnes qui te feront du mal, je serais toujours là pour te soigner. Pas seulement physiquement... Mh ? À l'intérieur là où tu gardes tout aussi. C'est normal de souffrir, d'être un peu perdu, de ne pas comprendre ce qui ne va pas parfois ou d'avoir des mauvais souvenirs. C'est normal. Mais ce n'est pas parce que beaucoup de gens subissent ce genre de choses, ou que l'on a pu te dire que c'était honteux, que tu dois garder tout ça pour toi. Pleure, crie, hurle ta peine. C'est pas grave. Je suis là. Ça te fera du bien, et tu pourras repartir du bon pied. Tu le sais pas vrai. Tu es un garçon merveilleux, magnifique, très masculin, le plus viril de tous ! Tu es aussi gentil, serviable, et attentionné. Tu as tout pour toi alors ne te laisses pas abattre. Tout ira bien. Je resterai près de toi. Et si tu nous laisses entrer.. Parce que j'ai le pot de colle avec moi alors... On pourra passer notre soirée ensemble. Oublie la fête avec les autres basketteurs je veux... Qu'on soit tranquilles. Mh...? J'ai certainement voulu aller trop vite en organisant tout ça.
Le silence plana à nouveau mais seulement pour quelques secondes, puisque la petite voix pourtant rauque mais brisée d'avoir pleuré d'Aiden retentit à nouveau.
-O...on pourra regarder un film... Avec... Tu sais..
- Oui. Avec plaisir même ! Pas vrai Gray ?
-Oh.. Euh.. Oui oui !
Un fin rire leur échappa et un cliquetis retentit, la porte s'ouvrant après presque une demie heure de mots rassurants et de négociations.
N'étant pas préparé à ce que cette action se fasse si vite, Alec et Gray toujours contre lui s'étalèrent au sol, à mi chemin entre le couloir et la chambre d'Aiden, en un concert de grognements et gémissements de douleur.-Aieuhh... Mais t'es lourd Gray !
-Bouge le vieux euh...
Un fin gloussement, qui résonnna dans la pièce en brisant finalement le voile noir qui avait finit par couvrir l'atmosphère les coupa et en levant tout deux les yeux vers Aiden, ils se sentirent peinés de son regard rougi et humide d'avoir pleuré mais de suite rassuré par le fait de le voir rire doucement.
Une fois levés et la porte refermée, Alec prit d'abord quelques longues secondes pour s'approcher lentement d'Aiden. Le regard du plus vieux couvait le jeune homme encore tremblant et légèrement recroquevillé et il ouvrit ses bras pour l'inciter à venir s'y réfugier. Caressant son dos et le laissant s'apaiser avec patience, Alec murmurait quelques mots inaudibles pour quiconque autre que Aiden. De son côté, Gray se sentait un peu gêné, et surtout coupable mais une fois les deux jeunes adultes séparés, Aiden attrapa sa main et commença à parler timidement d'un air désolé, n'osant même pas lever les yeux vers son ainé.
-Je suis vraiment désolé d'avoir réagit ainsi tout à l'heure.. J'ai encore... J'ai encore du mal à gérer mes crises de dysphorie...
-C'est rien.. J'aurai dû faire plus attention. Tu es tout beau au naturel en plus.
-Plus que toi en tout cas, pot de peinture.
Ces mots lancés par le basketteur qui installait les couvertures et coussins dans le lit pour leur film, firent rire les deux autres garçons, Gray croisant les bras en boudant légèrement.
Et c'est ainsi que leur soirée se termina, dans une ambiance rieuse et douce de par leurs délicates étreintes et la sensation confortable d'être entouré de grosses couvertures et surtout de la présence des deux autres.

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Build With Two... Make It Three!
RomansaTrois garçons, complètement différents mais terriblement attachants. Trois garçons, aux rêves contraires, mais à la fois si liés.