Chapitre 11

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Camille

Université de Californie à Los Angeles, mercredi, 12 h 14...

Je survole la cafète du regard. Elle est pleine à craquer.

— Une table est en train de se libérer là-bas. Allez, dépêche, me presse Kathleen avant de s'avancer rapidement vers le fond de la salle.

Je lui emboîte le pas. On arrive enfin près de l'objet de tant de convoitises à cette heure de la journée. Pile à cet instant, on repère un couple qui a bien l'intention de nous prendre de vitesse. Kathleen accélère et fait pratiquement un lancer de plateau avant de s'affaler sur l'une des chaises. Je retiens un éclat de rire en voyant la tête que tirent les deux autres. Ils nous balancent un coup d'œil énervé et s'éloignent.

Je dépose mon plateau en face de celui de mon amie d'enfance.

— Tu es vraiment dingue, constaté-je en rigolant.

— Avoue que tu es contente de ne pas être obligée de glandouiller, réplique-t-elle avec un large sourire.

Je m'attable et laisse tomber mon fourre-tout plein à craquer sur le sol à mes pieds.

— Bon, on en était où, déjà ? reprend-elle en arrosant sa salade de sauce crémeuse. Ah oui ! Hunter, bien sûr !

Elle glisse un regard pétillant de malice vers moi.

Depuis dimanche, elle n'arrête pas. Ça a été une vraie surprise de trouver Hunter à l'appart. J'étais à la fois heureuse de le voir et contrariée qu'il soit avec Lena. L'ambiance était un peu étrange au début. Finalement, je l'ai invité à rester dîner avec nous. On a passé un bon moment. L'exubérance de Kathleen a su nous arracher à tous des éclats de rire.

Depuis, elle me serine la même chanson : « Je ferais mieux de laisser tomber. Je n'ai aucune chance avec Hunter. Elle les a bien observés et elle est certaine qu'il y a quelque chose entre eux. Et blablabla, et blablabla... »

— C'est toi qui as lancé le sujet, lui rappelé-je en saisissant mes couverts. Et je te signale que ça me gonfle.

— C'est parce que je me fais du souci pour ton petit cœur, me taquine-t-elle avant d'enchaîner. D'accord. Peut-être qu'il n'y a encore rien entre eux. Mais ça se voit qu'il en pince pour elle.

— N'importe quoi !

Je plante ma fourchette avec plus de vigueur que nécessaire dans un morceau de pain de viande.

— Arrête de t'aveugler. Ça fait des mois que tu te fais du mal.

— Bon. Il a envie d'une partie de jambes en l'air avec elle. Et après ? Une histoire sérieuse entre eux, je n'y crois pas. Lui, l'interne en chirurgie, et elle, la blogueuse ? Qu'est-ce qu'ils ont en commun ?

— Tandis qu'entre toi et lui tout match parfaitement, c'est ça ? ironise-t-elle. Tu as juste oublié un petit détail dans ton plan parfait. Les sentiments, ça ne se commande pas. Hunter t'aime bien, mais c'est tout.

— Il ressent plus que ça pour moi. J'en suis certaine. Il y a un truc entre nous. Il m'a embrassé, ajouté-je face à l'air dubitatif de mon amie.

Les souvenirs de cette soirée à l'observatoire Griffith n'ont jamais quitté mon esprit. Ils sont gravés en moi pour toujours. Je revois encore Hunter accoudé à la balustrade. Il regardait les lumières de la ville en contrebas. Elles formaient un tapis multicolore sous le ciel obscur. Moi je n'arrivais pas à détourner mon regard de lui. Il a soudain tourné la tête vers moi. Mon palais s'est asséché. Je ne pensais pas qu'on puisse ressentir quelque chose d'aussi fort. C'était la première fois que je prenais l'initiative avec un mec. Je n'oublierai jamais ce baiser. Il me désirait. Mais il n'a pas voulu aller plus loin.

Seulement toi : Love in L. A. 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant