Chapitre 16

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Lena

West Hollywood, dimanche, 22 h 14...

Les yeux perdus sur le paysage qui défile alors qu'on roule en direction de Norma Triangle, je repense à ma brève rencontre avec Camille tout à l'heure. J'allais remettre les clés de ma caisse à Faye lorsque je suis tombée sur elle.

— Tu n'aurais pas vu Hunter ? m'a-t-elle demandé.

J'ai hésité une seconde. Je l'aime beaucoup. Camille est la petite sœur de Rachel que je considère comme ma propre sœur. Elle est la benjamine la tribu. Cette famille que j'avais si souvent fantasmée durant mon enfance. Je ne voulais pas lui faire de mal. Mais je ne pouvais pas lui mentir, non plus.

— Il doit m'attendre dans l'allée, ai-je finalement répondu. On s'en va.

Elle a essayé de cacher son émotion sous un sourire désinvolte.

— C'est du sérieux entre vous ?

— Écoute, Camille...

— Je sais ! Je sais ! Ça ne me regarde pas ! s'est-elle exclamée en rigolant.

Cette gaieté soudaine, je n'y ai pas cru.

Elle est bien plus accro à Hunter encore que je ne le croyais. Une fois de plus, je m'interroge. Y a-t-il eu quelque chose entre eux ? Rachel prétend que non. Moi, je suis presque certaine du contraire. Mais quoi qu'il se soit passé entre eux, c'est fini depuis longtemps. Alors pourquoi elle tente de le relancer justement maintenant ? Après tous ces mois ? J'avoue que je ne sais plus trop quoi penser...

La voiture ralentit avant de s'arrêter à un feu rouge. Je sens le regard d'Hunter peser sur moi. Je pivote la tête. Mes yeux rencontrent les siens. Ce que j'y lis est si intense et brûlant que mon pouls s'affole immédiatement. Une onde chaude court dans mes veines et va se concentrer au creux de mon ventre.

Son sourire redoutable m'atteint en plein cœur. Il retourne mes sens. Il me fait chavirer. Prisonnière de cette offensive sensuelle, une langueur délicieuse m'envahit. Impossible de m'arracher au magnétisme de ses iris. Il rompt le lien qui s'est noué entre nous et se détourne pour surveiller le feu tricolore. Celui-ci est passé au vert. Hunter redémarre en douceur.

Les prunelles rivées au parebrise, je tente de maîtriser les sensations qui se déchaînent en moi. Plus on s'approche de chez Hunter et plus je me sens tendue et fébrile.

Je le désire comme une folle. Je crois bien que sur les marches du perron tout à l'heure, j'aurais été capable de coucher avec lui aux yeux et au vu de tous. Mais bien plus que ça, il y a cette émotion. Cette dangereuse et terrible tendresse. Son baiser dans l'allée était léger. Tendre. Ça m'a émue. Ça m'a presque fait monter les larmes aux yeux. Et c'est justement ce que je souhaite éviter. Les sentiments. Je n'en veux pas. Ça signifie baisser la garde. C'est dévastateur. Les emmerdes assurées.

Pour autant, est-ce que je peux continuer à nier l'évidence ? Hunter s'est insinué au plus profond de moi. Dans chaque cellule de mon corps. Je ne sais comment il s'y est pris. Mais c'est indéniable. Ce que je ressens est étrange. C'est bien la première fois que tout en ayant la conviction que je risque de me fracasser contre un mur, j'ai pourtant terriblement envie d'accélérer. De foncer.

Mais je peux gérer, non ? J'y arrivais bien avant. Il faut juste que j'en revienne aux fondamentaux.

Un : les mecs, pour la plupart, on ne peut pas leur faire confiance. Deux : l'amour, la passion, c'est dangereux. Ça vous prive de tout bon sens. C'est comme donner un chèque en blanc à un parfait inconnu. Trois : il faut s'amuser. Profiter. S'éclater. Et surtout, ne pas y mêler de sentiments et garder le contrôle.

Seulement toi : Love in L. A. 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant