Chapitre 13

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Hunter

Gracieuse, la silhouette de Lena se profile à quelques dizaines de mètres devant moi dans la rue brillamment éclairée. De son pas léger et désinvolte, elle file à travers le quartier d'Art District.

Merde, elle l'a garée où sa bagnole ? À l'autre bout de la ville ?

Son image lorsque je l'ai rattrapée tout à l'heure dans le couloir du Lockwood me trotte dans la tête. Sa façon d'essayer de dissimuler son inquiétude. Et de me tenir tête. Je revois également son trouble. Ses joues se colorer. Ses grands yeux émeraude s'assombrir. J'y ai lu du désir. Tout comme l'autre jour à son appart. Ce jour-là, j'avais envie d'elle comme un fou. Je bandais à en avoir mal. J'anticipais toutes les choses terriblement érotiques, torrides que je rêve qu'on fasse depuis une année entière déjà. Si Camille et Kathleen n'avaient pas surgi à ce moment-là, je lui aurais fait frénétiquement l'amour. J'aurais étanché ma soif d'elle. Enfin.

Et ça aurait été une erreur. Franchement pas la bonne manière d'agir. J'en ai parfaitement conscience. Placer notre relation sur le plan de la stricte attirance physique, c'est une façon comme une autre pour Lena de maintenir ses émotions à distance. Elle n'en a pas fait mystère. Ce qu'elle désire avec moi, c'est un truc purement sexuel. Zéro sentiment.

Mais j'attends bien plus que ça. Je veux qu'elle réalise à quel point je tiens à elle. Qu'elle admette qu'il peut y avoir bien plus qu'une histoire de fesses entre nous. Qu'elle apprenne à me faire confiance. Qu'elle me voit comme quelqu'un sur qui elle peut vraiment compter. Quelqu'un qui sera là pour elle. Quoi qu'il arrive.

Sans en avoir conscience, l'année dernière, Lena a infiltré chacune de mes cellules, jusqu'à faire partie de moi. Et elle y est toujours. Je rêve de trouver moi aussi la formule magique. Celle qui me permettra de m'inviter dans chacune de ses pensées. Dans chaque fibre de son être.

J'allonge le pas.

Je n'aime pas la savoir seule dans les rues à cette heure. Surtout après l'avoir vue aux prises avec ce client hargneux. J'enrageais de ne pouvoir rien faire. Je lui aurais bien appris le respect.

J'accélère encore et j'ai juste le temps de l'apercevoir tandis qu'elle tourne à l'angle.

Merde ! Il ne faut pas que je la perde trop longtemps de vue.

Ouais. En même temps, j'ai intérêt à faire gaffe. Il vaut mieux qu'elle ne me repère pas. Si elle me prend à lui filer le train, je crois bien qu'elle me tue ! Et elle n'aurait pas tort. Je suis un peu limite, là. La suivre comme ça, c'est quand même un peu étrange. À sa place, je me trouverais flippant.

Je deviens un chouia obsessionnel, non ?

Peut-être. Mais le type de tout à l'heure, je ne le sentais pas. C'est un truc viscéral. Je voulais juste m'assurer qu'il n'attendrait pas Lena après la fermeture. Il n'était pas là. Heureusement pour lui. Du coup, pour être certain qu'elle ne craignait rien, j'ai décidé de l'accompagner en toute discrétion jusqu'à sa bagnole. Je n'imaginais pas qu'elle l'avait garée à Pétaouchnock ! Mais c'est vrai qu'à l'heure où elle prend son service au bar, le quartier est très fréquenté et que ça ne doit pas être facile d'y trouver une place libre.

Je tourne au croisement et l'aperçois enfin. Bien. Elle arrive à sa voiture...

Je tique. Quelque chose l'a alerté. Un bruit peut-être ?

Elle se retourne d'un mouvement brusquement et semble fixer quelque chose un peu plus loin. Je jette un coup d'œil. Un homme déboule à toute allure de l'une des ruelles. Tout mon corps se tend violemment.

Seulement toi : Love in L. A. 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant