Chapitre 1

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Lena

Los Angeles, vendredi, 9 h 48...

Une épaule collée au montant de la haute fenêtre du séjour, je savoure mon café en promenant un regard distrait sur le quartier animé en contrebas.

Je cache un long bâillement derrière ma main. Hier, on a pris un temps fou pour faire décoller les derniers clients du bar avant de pouvoir fermer à deux heures du mat'. En cinq mois, j'aurais dû commencer à m'y faire à mes horaires décalés, non ? Mouais. J'ai bien du mal à émerger ce matin. Il va pourtant falloir que je m'y mette. J'ai un article à rédiger.

J'abandonne mon poste d'observation et traverse la pièce chaleureuse et confortable. Composée de meubles disparates, la déco est cosy. Je m'y suis toujours sentie bien. Ma pote Rachel et moi on avait privilégié les magasins de récup' lorsqu'on avait emménagé dans cet appart après la fac. Ensuite... Eh bien, il y a eu Mike. Je suis revenue vivre ici quand je l'ai quitté. Il y a un peu plus de six mois.

Après avoir délaissé ma tasse sur la table basse, je m'installe dans le canap', récupère mon ordi et le cale sur mes jambes croisées. J'ouvre un à un mes documents de travail tout en piochant dans mon paquet de cookies. Je mords avec gourmandise dans le biscuit en prenant soin de ne pas mettre des miettes partout. Le premier jet du papier que je suis en train de rédiger défile lentement sur l'écran comme j'effleure le pavé tactile du bout des doigts. C'est un « marronnier ». Un thème rebattu chaque année par les magazines. J'ai bien essayé d'y apporter un peu de fraîcheur en l'abordant d'un autre point de vue, mais on ne peut pas dire que ce soit super passionnant.

Le Prix Pulitzer, c'est pas encore gagné !

Un sourire amusé aux lèvres, je m'essuie les mains et décide de reformuler un paragraphe un peu bancal. Mes doigts filent à toute vitesse sur le clavier lorsque la sonnerie de mon téléphone m'interrompt. Je grimace. Pas envie de perdre le fil de mon idée. Je termine rapidement ma phrase et récupère le maudit engin. C'est un numéro inconnu. Je suis tout de suite sur mes gardes.

— Allô, réponds-je avec méfiance.

Baby, c'est moi.

Mon cœur a un raté avant de se mettre à battre à mille à l'heure.

Ça ne s'arrêtera donc jamais ?

Ma main se crispe convulsivement sur le smartphone. Ma bouche est envahie par un goût désagréable. Écœurant. Il est aussi persistant et amer qu'un zeste d'agrume. C'en est à me donner la nausée.

Mike Ritter. Ce n'est pas la première fois qu'il appelle depuis qu'il est en prison. Mais cela faisait un certain temps qu'il ne l'avait plus fait. J'en étais même arrivée à penser qu'il avait enfin admis que je ne voulais plus avoir affaire à lui. Qu'il avait compris que la justice lui interdisait tout contact avec moi.

— Ne raccroche pas, repend-il précipitamment. C'est une galère ici pour passer un coup de fil. C'est important. Baby, il faut que tu fasses une demande pour le parloir...

— C'est hors de question, l'interromps-je avant de mettre abruptement un terme à la communication.

Les doigts tremblants, je balance le téléphone sur le coussin du canap' comme s'il s'est brusquement transformé en serpent venimeux.

Tout sentiment de joie en moi a disparu. Il n'en reste plus rien. Ma gaieté a été balayée. Anéantie. Une fois encore, Mike a réussi à la détruire. C'est incompréhensible. Comment peut-il même envisager une seconde que je puisse aller le voir en prison ?

Seulement toi : Love in L. A. 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant