Inclusion

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La bouche de April a un gout de tabac et de pastille à la menthe. Un mélange qui porte à confusion, il réchauffe mais reste un arrière-gout glacial. Celle de Happy a un gout de café à la cannelle : celui du garage. Il donne une impression corsée mais avec une pointe de douceur. Les bouches se décollent pour de bon lorsqu'un bruit de porte les fait sursauter.

Dans l'ascenseur, deux duos sont formés : Florence avec Walter et Cabe avec Toby. Dos à dos, ils utilisent la pression de ceux-ci pour marcher sur les parois du conduit de l'ascenseur. Ils arrivent très vite en bas. Toby se précipite sur le levier qui correspond à l'ouverture des valves du réservoir de pétrole.

- Il faut un mot de passe ! crie-t-il.

- Je ne peux rien faire du garage, c'est à toi de trouver Toby, informe Sylvester.

Le psychiatre réfléchis quelques instants, entre un code et abaisse le levier. L'écran s'allume en rouge.

- Le levier marche plus ! C'est pas possible ! s'écrit le comportementaliste en tirant sur le levier toutes les secondes.

Toby s'énerve, Florence perd ses moyens et reste dans un coin, Cabe et Walter semblent impassible. L'un est sidéré tandis que l'autre réfléchis. Au garage, Sylvester tremble devant son écran et Paige est assise à côté de lui tentant de le calmer alors qu'elle se sent aussi mal.

- Ecoutez tous, on a déjà vécu pire. Il y a forcément un moyen pour que Sly retrouve les communications ou que le levier soit réparé, dit-elle.

- C'est Happy qui sait faire ça normalement ! informe Toby.

- C'est bon, j'ai trouvé !

Florence se dirige vers un boitier près de la porte du sous-sol. Elle l'ouvre en jetant une chaise dessus, dedans les fils sont débranchés. La chimiste les remet tant bien que mal en place.

- Je controle à nouveau l'usine. Je ferme les valves et j'ouvre la porte de l'oléoduc.

L'équipe souffle un bon coup. Ils remontent de la même manière qu'ils sont descendus, récupèrent Happy et April et s'occupent de nouveau à retrouver le coupable de la contamination du pétrole. Personne, sauf Toby, ne prête attention à la gêne des deux femmes.

- Toby va demander au chef s'il reconnait la personne sur la vidéo, Cabe et moi ont va voir les employés et Flo tu conduit les deux autres au garage pour qu'elles puissent se changer, ordonne Walter.

Le chef reconnait l'employée sur la vidéo, Cabe n'a aucune difficulté à l'arrêter. L'entreprise n'a plus qu'à faire des rénovations car en plus de l'oléoduc, le bâtiment a été grandement endommagé par le tremblement de terre.

Au garage, Paige et Florence vont faire des courses : l'équipe compte faire une fête sur le toit. Chamallow, feu de camps, barbecue, tout doit être là. Il n'y a aucune raison particulière, apparemment. Entre les différents rayons Florence engage une conversation.

- Comme je l'ai déjà dis à Walter, je voulais m'excuser et aussi te remercier d'avoir insisté pour que je revienne dans l'équipe.

- Ah, ça ! Tu sais au final tu m'as surement ouvert les yeux sur Walter, donc c'est à moi de te remercier, répond Paige.

- Comment ça ?

Avant de répondre Paige met cinq paquet de chamallow dans le caddie.

- Je n'arriverais jamais à le supporter en tant que conjoint, même si ça fait plaisir à Ralph, il est trop...

- Etrange ?

- C'est triste à dire mais oui, c'est exactement ça. Puis je lui ais déjà laissé plusieurs chances, il les a épuisées. On va juste rester collègues et amis, c'est mieux pour tout le monde.

- D'accord.

Paige ne laisse voir aucun signe de tristesse, elle est sincère. La blonde la regarde avec une forme d'admiration, de son côté elle n'a pas réussi à oublier complètement Walter. Malgré lui Sylvester fait office de pansement, même si elle l'aime beaucoup. Mais quelque chose est différent entre ce qu'elle ressent pour les deux hommes.

Chez elle, April retire ses vêtements déchirés par l'acide puis, après une bonne douche chaude, elle s'applique sur le corps une substance sensée anéantir les effets de l'acide sur la peau. Une confection de Happy. En s'appliquant le baume verdâtre, la psychologue pense à ce baiser, à leur baiser. Elle se mort la lèvre inférieur y cherchant encore un gout de cannelle. Cet acte était un aveu de la mécanicienne, April le savait. Mais cette aveu était loin d'un engagement ou d'un simple "oui", elle le savait aussi.

La jeune femme enfile un jean noir taille haute et une chemise à carreaux jaune. Elle pense en souriant à la réaction de Toby, toujours dans la provocation, quand il verra qu'elle n'a pas mit de costard. April ne compte rien faire de compromettant à cette soirée, juste être là. En secret elle espère que Happy lui expliquera ce qu'il s'est passé dans l'oléoduc.

Happy arrive en dernier accompagnée de Toby. Tout le monde est assis sur des canapés improvisés autour du feu, en train de faire fondre des chamallow au bout de branches en bois. Les deux amoureux s'assoient sur la même banquette, en face de April.

- Tiens ? Tu n'as plus de costume ? Ils sont tous brulés à l'acide ? lance Toby à April.

Cette dernière l'avait prédit, mais dans la voix du psychiatre quelque chose a changé. Ce n'est pas juste une petite pique comme à son habitude, mais plus une immense épée lancée dans le ventre de April. Est-ce qu'il sait ? Happy lui a-t-elle dit ? Une petite montée de peur s'insinue dans le cœur de la psychologue, mais elle l'éteint aussi vite : surtout ne rien faire paraitre. Cependant, pendant un court instant, son regard glisse sur les alliances. Un nouveau pincement, elle le réprime aussitôt.

- Bonsoir à tous ! J'ai organisé cette petite fête pour, tout d'abord, nous féliciter de cette mission. Mais surtout car j'ai une grande nouvelle.

Walter se lève, verre d'eau en main, pour commencer son discours.

- Je pense que nous avons tous vu les bienfaits de April sur cette équipe. C'est pour ça que je vais vous demander, et lui demander, à ce qu'elle reste.

Un petit silence.

- Depuis quand il sait être diplomate ? demande Cabe amusé à l'oreille de Paige.

- Je lui ai écrit le discours, il a juste eu à l'apprendre, répond-t-elle.

- Très bien.

April s'enfonce un peu plus dans le canapé, elle ne sait pas du tout si c'est une bonne nouvelle. Elle a encore d'autres patients, elle a peur de ne servir à rien et surtout elle a peur d'entrer en concurrence avec le psychiatre et la serveuse.

- Alors, qui est pour, lève la main, dit Walter.

Il lève lui-même la main en premier, suivi de Sylvester et Florence, Cabe et Ralph. Trois mains restent abaissées.

- Tu es gentille et même hyper "intéressante" mais je pense que maintenant que l'équipe va mieux, tu ne sers plus vraiment. Tu serais comme un mélange entre Toby et moi, et on n'en a pas besoin, explique Paige.

- D'accord avec elle ! Puis on te connais pas vraiment, renchérit Toby.

April s'attend à se prendre une remarque de Happy, mais rien ne vient. Elle décide alors de prendre la parole, elle se lève à son tour un verre de limonade à la main.

- Je suis d'accord avec vos arguments. Puis, j'ai également d'autres patients, que je pourrais diriger vers d'autres confrères au besoin. Sincèrement, j'aime beaucoup cette équipe. Pour faire dans l'originalité, j'y ai trouvé une famille. Mais si certains d'entre vous ne veulent pas de moi, je ne vois pas ce que je fais encore là. Je redemande, qui est pour que je reste ?

Aux cinq mains du départ se rajoutent deux autres : Paige et Happy. Toby voyant qu'il est le seul avec la main en bas finit par la lever aussi. Si April reste ici, aucun problème, mais il compte tout faire pour découvrir qui elle est et qu'elle est cette attraction qui la lie à Happy.

- Très bien ! Alors bienvenue dans l'équipe April, dit Cabe en serrant la main de la jeune fille.

April est contente, reste plus qu'à déplacer ses patients et faire attention à Toby. La soirée se passe dans le calme, elle ne boit rien et, à part quelques regards étranges, elle n'échange pas avec Happy.

TensionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant