Soirée improvisée

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Elle se réveille le visage douloureux. Par réflexe, elle se lève d'un coup et observe les alentours. C'est son appartement, défiguré par le combat, mais c'est lui. Après avoir bien refermé les portes, April se dirige vers la salle de bain pour se regarder dans le miroir. Son visage n'est pas si abimé, juste couvert de sang sec. En rentrant dans la douche, elle se demande pendant combien de temps elle a perdu conscience. La psychologue se lave les cheveux, quand l'eau coule sur son visage elle ressent des picotements.

Sortie, elle enfile son pyjama et se soigne le visage, désinfectant et pansements. Ensuite, la jeune femme commence à ranger le bazar. Elle relève la table, pousse les chaises sous celle-ci, ramasse tout les bibelots et livres tombés. Une fois que tout est revenu à sa place, April se sert un verre de whiskey, dans un verre spécial pour une fois, et s'assied à sa table. Alors que peu à peu les images de la bagarre lui reviennent, que les larmes lui montent aux yeux, l'interphone sonne.

C'est les Curtis qui commencent à monter, April essui ses larmes, se maquille en vitesse et fini cul sec son verre avant de le mettre dans l'évier. Elle vient leur ouvrir les portes.

- Salut ! Qu'est ce que vous faites là ? dit-elle un (faux) sourire aux lèvres.

- Toby à quelque chose à te dire, répond Happy en poussant son mari en avant.

- Rentrez.

La psychologue les fait rentrer dans son appartement. Le psychiatre remarque que l'ambiance est étrange, une odeur de transpiration, de whiskey et... de sang. Alors que Happy le pousse à parler, une blague lui vient en tête, il ne peut s'empêcher de la faire.

- T'as tes règles, Mademoiselle Ginger ?

- Toby ! le réprimande la mécanicienne.

- Non, je ne l'es ai pas pourquoi ? répond April intéressée.

- L'ambiance est étrange, je pensais que ça pouvait être ça, explique l'homme au chapeau.

Le visage de la psychologue se ferme quelques milliseconde, avant qu'elle se reprenne et éclate de rire. L'expression n'a pas échappé à Toby, d'autant plus que le rire de April semble cassé.

- Bon assez rigolé, Toby dit lui ! s'énerve Happy.

- Je suis venu te dire que ce n'est pas Happy qui m'a parlé de ton père, mais que Sly et moi nous avions cherché.

April s'arrête de pouffer et regarde Toby. A ce moment là, le psychiatre la trouve encore plus terrifiante que Happy. Ses yeux déversent sur lui une haine impressionnante, mais pourtant :

- Ce n'est pas grave, ça arrive à tout le monde de ne pas faire confiance aux autres. Maintenant que tu sais pour mon père, plus besoins de fouiller. D'accord ? dit la psychologue en détournant les yeux.

- Promis ! répond le psychiatre peu serein.

Un silence s'installe, vite brisé par l'hôte qui leur propose un apéritif. La conversation se détend un peu, les barrières s'ouvrent. Pourtant, Toby remarque le surplus de maquillage sur le visage de la psychologue et repense à l'ambiance lors de leurs arrivés. Est ce que April a fait une crise ? Il décide de recentrer la discussion sur elle.

- Au fait, Cabe a essayé de faire juger ton père. Il n'as pas réussi et a juste obtenu une sanction. T'as des nouvelles de ton père ?

Pour la deuxième fois de la soirée, le visage de la jeune femme est lisible quelques micro-secondes. Juste assez pour que Toby sache que la réponse à sa question est positive.

- Non, pas du tout. Mais comment Cabe à fait ?

Quelque chose ne va pas, Toby le sent. Il prétexte d'aller aux toilettes pendant que Happy explique à April la démarche de Cabe.

Dans la salle de bain, Toby trouve beaucoup de choses. Pour commencer, la palette de maquillage n'est pas rangée, aucuns pinceaux nettoyés, vu le côté maniaque de la psychologue ça veux dire qu'elle s'est maquilée juste avant leur arrivé. Ensuite, le kit de pharmacie est posé à côté de l'évier, conclusion, elle a été plus blessée que lors de ses crises habituelles. Pour finir, aucune odeur de vomi : elle a bu un peu juste avant qu'ils arrivent. April n'a donc pas fait de crise. Il lui est arrivé quelque chose et vu son mensonge, cela doit être en rapport avec son père.

Quand Toby sort de la salle de bain, il trouve Happy et la psychologue sur le lit en train de choisir un film. Trop concentré sur l'affaire Ginger, il ne remarque pas leur proximité corporelle et leur gêne à son arrivé. Il s'assied à côté d'elles et ne peut s'empêcher de regarder April.

Les films défilent tandis que les verres s'enfilent. Personne n'as vraiment le sens de la réalité, Happy pousse Toby à prendre sa douche et se dirige vers April postée au balcon. La mécanicienne se rapproche dangereusement des lèvres de la fumeuse.

- Toby est là, arrête ! l'empêche la psychologue, qui semble être la plus sobre des trois.

- On s'en fout ! cri Happy avec un rire de bourrée.

La brune joue à un jeu dangereux, April le sait mais ne peux s'empêcher d'y prendre part. Leurs lèvres se touchent et les langues s'emmêlent. La psychologue s'emporte et plaque l'autre contre le mur. Ses mains se baladent entre la poitrine et les hanches de la mécanicienne. Happy la pousse sur le lit, elle s'assoit sur les hanches de April. Ses cheveux tombent en cascade de chaque coté de la tête de la psychologue. Elles s'embrassent fougeusement.

Toby sort de la salle de bain, un sourire niais aux lèvres. Toujours bourré, il regarde les deux femmes. L'alcool ne fait qu'un tour : il se retrouve à embrasser la femme aux cheveux cours. Les bouches s'entrechoquent, les corps se désabillent. Le lit n'en revient pas, une latte craque, puis deux autres. Le trio n'entends rien, trop absorbé par les corps et les passions. Très rapidement, ils finissent par s'endormir cote à cote. Malgré les brumes de l'alcool, Toby a remarqué, sous le maquillage effacé de April et sous ses vêtements, des blessures assez importantes. Il ne compte pas laisser tomber son enquête.

TensionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant