Dérapage

71 4 2
                                    

Ses yeux s'ouvrent, lui montrant de beaux cheveux bruns. Elle se relève un peu. La couette glisse laissant apparaitre sa poitrine nue. April ne rêve pas, Happy est bien endormie à côté d'elle. La psychologue se lève délicatement et enfile un débardeur et une culotte. Elle se déplace en silence jusqu'à la cuisine où elle prépare deux petits déjeuners identiques. Pendant que les préparations cuisent, elle s'allume une cigarette au balcon. La veille Happy n'a pas répondu à sa question et a fui vers le reste de l'équipe, mais aux alentours de minuit la psychologue a reçu un appel de sa part. Elles s'étaient retrouvés toutes les deux dans le petit appartement de April. C'est à partir de là que les choses ont vraiment dérapées.

Un bourdonnement la réveille, accompagné d'une odeur de tabac. Quand elle ouvre ses yeux, elle ne reconnait pas tout de suite l'appartement. Puis peu à peu son cerveau assimile les étapes de la veille. La mécanicienne se demande ce qu'il lui a pris, mais en posant son regard sur la psychologue accoudée au balcon, elle trouve sa réponse. Happy se lève et enfile le tee-shirt et le short plié à ses pieds, des vêtements de April, pile à sa taille. Elle rejoint cette dernière au balcon, la psychologue lui propose la dernière taffe, elle refuse en repensant à la fois devant le bar. Happy ne sait pas ce qu'il faut qu'elle fasse, repousser April ou quitter Toby.

Les deux femmes s'assoient l'une en face de l'autre et prennent le petit-déjeuner. Pas de mission aujourd'hui, elles ont le temps. April prend la parole après avoir pris une bouchée d'omelette.

- Tu dois repartir vers quelle heure ?

- Je sais pas, j'ai tout mon temps mais il faut faire attention à ne pas inquiéter Toby.

- En parlant de ça... Tu comptes lui dire ?

La question paralyse Happy. Comme pour la sortir de cette situation inconfortable son téléphone sonne. 

Pendant que la brune est au téléphone, April réfléchis au trouble qui a grandi dans les yeux de Happy au fur et à mesure de la discussion. Etrangement, elle ne veux pas faire de mal à Toby mais elle ne veux pas non plus être blessée. Le doute commence à broyer son ventre. Il s'intensifie quand Happy se met à hausser le ton.

- Bien sur qu'on va t'aider papa ! Je vais au garage de suite, tout va bien se passer !

Elle raccroche.

- Il se passe quoi ?

- Habille toi, je t'explique au garage.

Quand elles poussent la porte, des cris résonnent. Face à elles, Florence et Sylvester en pleine dispute.

- Mais pourquoi tu t'es mis avec moi pour partir comme ça !

- Je sais pas, j'ai... Je suis désolée Sylvester. Je peux pas rester avec toi, répond Flo en se dirigeant vers la sortie.

Le regard de la blonde croise celui de la psychologue plein de larme et semblant dire "plus jamais je te fais confiance". April s'apprête à la suivre mais Happy la retient et prend la parole pour que tout le monde l'entende.

- On gérera ça après. Mon père risque de se faire tuer ce soir !

Sa remarque calme tout le monde et tous se retrouvent devant elle.

- Bon, alors, tout le monde sait que mon père est en prison. Il doit normalement être sous protection, mais un des prisonniers lui a demandé de tuer un autre détenu sinon c'est lui qui va mourir. On fait quoi ?

La brune affiche une micro-expression de tristesse et de peur pourtant ses yeux sont à peine humide. April, ayant appris les grande lignes de l'histoire de Happy la veille, sait que son père est très important pour elle.

- Un délai d'action ? demande Walter.

- Il doit tuer le gars ce soir, sinon il meurt demain soir. Alors qu'il doit sortir dans une semaine.

- On peut faire sortir le gars qu'il doit tuer pour que l'on pense qu'il est mort, propose Sly.

- Non, d'autres détenus vont voir le départ et ça va s'ébruiter, répond Cabe. Mais on peut augmenter sa protection.

- Si ses ravisseurs observe le moindre changement, ils vont se douter de quelque chose et ça ne va qu'empirer, dit Toby.

- Alors on fait quoi !

- On ne pourrait pas avancer sa libération pour bonne conduite et insister sur le fait qu'il soit en danger pour le sortir demain ? propose Paige.

- Je pourrais aller voir le juge chargé de l'affaire, continu Sly.

- Ca pourrait marcher, mais il faut être discrets sinon les ravisseurs vont agir encore plus vite, prévient Toby.

- Sylvester et Cabe allez au tribunal, on reste pour préparer un plan B, ordonne Walter.

Les deux hommes sortent. La tension descend un peu, mais April remarque le regard insistant de Toby posé sur elle. C'était le risque de rentrer au garage ensemble. Même si ça la rend encore plus suspecte, elle décide d'aller voir Florence.

Après que April soit sortie, pendant que Paige et Walter cherche un plan B, Toby prend Happy à part.

- Vous faisiez quoi avec April ?

- Je te l'ai dit hier soir quand je suis partie chez elle, elle n'allait pas bien et m'a demandé de l'aide.

- Et ça incluait de dormir avec elle ?

- Je voulais pas la laisser seule. Tu m'en veux de l'avoir aidé ?! Parce que si c'est le cas, je peux te rappeler la fois où tu as aidé ton ex-fiancée !

Toby s'excuse et ne voit pas le mensonge. Happy s'en veut d'utiliser ce qu'elle a appris avec lui pour mieux lui mentir, elle s'en veux aussi d'utiliser les faiblesses du psychiatre pour se protéger.

Dans le bâtiment à côté du garage, April et Florence sont également en pleine discussion.

- Je n'aurais jamais du t'écouter ! Finalement, c'était bien avec Sylvester ! C'était simple ! hurle Florence.

- Ecoute, là tu es en train de me lacher tout ce que tu n'as pas pu répondre à Sylvester. Calme toi.

- ME CALMER. Elle est bonne celle là. Tout comme celle qui fait que tu me dises de renoncer à Walter pour le bien de l'équipe, alors que tu tapes Happy qui, si tu ne le savais pas, est mariée.

La réplique est si violente, mais pourtant si véridique, qu'elle tord les entrailles de la psychologue.

- Ah ! On dit plus rien maintenant ! insiste Flo.

Tout se mélange dans la tête de April. Pour elle, la chimiste était le maillon faible de l'équipe, mais et si finalement c'était elle, le parasite qui allait de nouveau détruire cette famille. Sa tête tourne, son estomac se tord. 

- Les toilettes ? arrive-t-elle à articuler.

Florence surprise et calmée par le mal de la psychologue lui indique les sanitaires du doigt. April se précipite et y vomi son petit déjeuner. Elle se rince la bouche et essuie ses larmes avant de rejoindre la blonde.

- Tu as raison, écoute, fais ce que tu veux, n'écoute pas mes conseils et va te prendre un gros stop de Walter. Je m'en fiche.

Après avoir lâché ses mots comme elle avait extirper son petit déjeuner, la psychologue se dirige vers la sortie.

- Attends ! Je ne voulais pas te blesser, fin si, mais, c'est la colère qui parlait. A vrai dire, une fois mise devant le fait que Walter ne m'aimait pas, mon "amour" s'est dissout peu à peu. Alors merci ! la retient Florence.

-  Tant mieux, répond April en esquissant un léger sourire. Tu viens ? On doit s'occuper du père de la "femme mariée" comme tu dis.

La blonde rougit d'une légère honte et suit la psychologue.

A peine ont-elles passé la porte, que Sylvester et Cabe entre à leur tour.

- Le juge ne peux pas avancer sa sortie qu'à après demain, on fait quoi ? demande Sly affolé.

Son regard passe sur Flo, une lueur de tristesse et de dégout apparait dans ses yeux. Tout le monde est pris au dépourvu, d'autant plus que le plan B n'est pas construit.

TensionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant