Tensions

Réapparition

Ses yeux s'ouvrent, elle retrouve ses sens peu à peu. April sent, tout d'abord, la chaleur ambiante et la transpiration sur son corps. Elle s'assied sur le lit, un spectacle irréel s'offre à elle. Les affaires sont répandues tout autour du lit, le couple est à sa gauche contre le mur. En voyant les deux lovés l'un contre l'autre, des flashs reviennent. L'angoisse monte et lui tord le ventre. Elle se précipite à la douche. L'eau est froide et lui coupe la respiration, mais c'est ce qu'il lui faut. La psychologue enfile un costume en vitesse, puis quitte son appartement au plus vite.

Elle déambule dans les rues, le soleil commence à se lever. April à envie de crier, d'hurler son trouble. Elle a préféré ne pas prendre sa moto pour éviter les risques d'accidents. Elle ne sait pas où elle va, son objectif : s'éloigner le plus possible de son appart' et de ce qui s'y est passé. Soudain, au coin de la rue un club gay semble ouvert. Elle s'y engouffre : un bar, des filles, tout ce qu'il lui faut.

Sous la couverture, les corps bougent, réveillés par la lumière du soleil. Happy se lève en premier, elle observe la salle baignée dans une semi-obscurité. Les vêtements entourent le lit, comme des requins autour d'un radeau. La tête de la mécanicienne est en vrac, un marteau-piqueur semble vouloir dénicher les souvenirs. Elle avance vers la cuisine, un verre l'y attend avec de l'aspirine à côté. Soudain, elle se retourne et cherche l'hôte. Aucune trace de celle-ci, seules les gouttes dans la douche et le lavabo sont des preuves de son passage.

Toby ouvre les yeux, il voit sa femme assise à la table de la cuisine devant un café. Ses souvenirs reviennent vite, il n'a pas perdu l'habitude des cuites. Un sourire niais apparait sur ses lèvres qu'il mord. Il se lève et enfile son caleçon. Le psychiatre se dirige vers Happy qui a enfilé la robe de chambre de April. Il engage la conversation.

- Je ne savais pas que tu craquais sur la psychologue, dit-il en souriant.

- Elle est plutôt sexy non ? T'as bien aimé, avoue. Pervers ! répond-t-elle avec une certaine distance.

- Je vois pas de quoi tu parles. En parlant de April, elle est où ?

- Je sais pas, elle a seulement laissé de quoi calmer notre tête.

Toby a adoré la soirée, toutes ces tensions et ce risque lui ont fait du bien. Cependant, la fuite de la psychologue prouve que quelque chose ne tourne pas rond. Le couple prend le petit déjeuner ensemble, puis se rend au garage. Ils remarquent tout deux la présence de la moto de leur hôte, mais n'en parlent pas.

Sa tête tourne, son corps est en feu. Elle doit être à son 10ème baiser et son 20ème verre. April se déhanche sur la piste de danse, une seule idée en tête : oublier. Elle semble avoir un certain succès, tout le monde la regarde. Elle ne prête attention qu'aux femmes, c'est pour cela qu'elle ne voit pas l'homme qui la scrute depuis son entrée. L'homme n'a bu aucun verre et reste assit à une banquette en regardant la psychologue se trémousser.

En ressortant des toilettes April rentre dans un homme. Son visage lui dit quelque chose, mais l'alcool l'empêche de faire un quelconque lien. Le voyeur la scrute à travers ses lunettes, le corps de la jeune femme contre le sien lui donne une étrange sensation.

- ON SE CONNAIT ? demande April par dessus la musique.

- JE NE VOUS ENTENDS PAS, SORTONS.

L'homme barbu la prend par l'avant bras et passe la porte de secours. La psychologue est éblouie par la lumière du jour. L'inconnu à un sourire victorieux aux lèvres, il sait comment détruire Scorpion une bonne fois pour toutes. S'adaptant à la lumière, et dessoûlant un peu grace à l'adrénaline et l'air frais April reconnait l'homme. Elle est paralysée, elle ne sait pas quoi faire. Un taxi apparait dans son champ de vision, elle tente de courir vers lui, mais l'homme l'attrape par le col de la chemise.

- Lâchez moi !

Il n'écoute pas et la ramène vers lui. Elle se maudit d'avoir autant bu, elle a l'impression d'être une poupée de chiffon. Ses réflexes ne sont plus aussi bon. Il tente de la faire rentrer dans le club, elle lutte un maximum mais n'y arrive pas. L'odeur de l'agresseur empli ses narines, il ne fait que de l'emporter vers une sortie moins visible mais elle est incapable de résister. Il marmonne dans sa barbe, elle n'arrive pas à entendre. De nouveau dehors, elle entend finalement un mot. 

- Détruire Scorpion.

Son sang ne fait qu'un tour, l'odeur devient plus forte. La peur prend le dessus sur l'alcool. En deux coups, l'homme est à terre. April cours en titubant jusqu'à un taxi et donne l'adresse du garage.

Arrivés aux garages, les Curtis vont dans l'atelier, Happy à besoin de se calmer mais Toby ne la laisse pas tranquille. Elle finit par lui jeter un boulon pour qu'il comprenne. La mécanicienne travaille sur un nouveau Crick, plus résistant et plus grand. Elle est peu à l'aise avec ce qui s'est passé cette nuit. Le psychiatre à l'air plutôt content, mais elle se sent fautive. Après tout, c'est elle qui a commencé. Certes elle a pris son pied, mais April était-t-elle vraiment en accord avec la situation ? Cette escapade à tout remis en cause, Happy se demande si elle doit vraiment choisir entre les deux.

Toby est intrigué par l'état de sa femme, mais il souhaite d'abord régler le mystère Ginger. Il se dirige vers Sly.

- Est ce que je peux te demander un service ?

- Si c'est à propos d'April, on a dit qu'on arrêtait.

Toby se souviens alors de sa discussion de la veille avec la psychologue, il lui a promis d'arrêter de fouiller. Sa curiosité l'empêche de tenir cette promesse. Il insiste, Sylvester cède. Comme il l'avait déduit, le père Ginger est venu rendre visite à sa fille, quelques heures avant que le couple arrive. Une question se pose alors, pourquoi April l'a-t-elle caché ?

La porte s'ouvre à la volée, la psychologue apparait. Son maquillage a coulé, laissant apercevoir, comme la veille, ses blessures. Elle regarde l'ensemble de l'équipe, son cœur bat trop vite.

- Co... Collins, articule-t-elle avant de courir vers les toilettes.