Chapitre 12

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J'entends la radio avec le titre de Feels-Calvin Harris me réveiller doucement. Lorsque le demi-sommeil commence à me quitter, je me rends compte qu'aujourd'hui, c'est mon réveil qui m'a réveillé et non mes larmes. Je me redresse et m'assois en tailleur sur mon lit, je fixe une photo de moi et mon grand frère et me plonge dans mes pensées, le souvenir de Cameron et moi dans le jardin me reviens, son comportement me fait pitié, mais d'une certaine manière, je comprends sa souffrance. Je ne supporterais pas de voir mourir ma mère, je ne m'en remettrais jamais, à la seule pensée de ne plus la revoir, me donne envie de lui sauter dans les bras et lui dire que je l'aime.

Je regarde l'heure sur mon réveil, il est 8h. Quoi ? Pourquoi il est si tôt ?! Je me rappelle être revenu dans ma chambre hier soir et de m'être endormi en quelques secondes. Oh non ! J'ai oublié d'éteindre mon réveil ! Géniale !

Je fixe une photo de moi, je suis très maigre, j'ai un faible sourire et la peau pâle. Des souvenirs de moi à New-York me reviennent, je suis pratiquement sûr que cette photo date du jour où j'ai enfin réussi à quitter Dean.

Il y a 2 mois et demi (le soir)

J'ouvre le frigo et prends un gâteau que mes parents ont laissé ici avant de partir en voyage au Canada. Je prends une cuillère dans le tiroir et commence à enchaîner les cuillerées, je mange sans pouvoir m'arrêter. Je sens mes larmes coulées à flots sur mes joues, mais je n'y fais pas attention, ça n'a plus d'importance. À chaque cuillère avalée, j'en engouffre une autre dans ma bouche, je continue sans réfléchir aux conséquences de mes actes, je ne pense pas à ce que manger un énorme gâteau peut provoquer. Je ne suis pas maigre loin de là, alors si je mange ce gâteau, je vais redevenir la fille qui a peur de son maillot de bain ou des vêtements moulants. À chaque bouchée, j'ai l'impression que tout va s'effacer, que ces huit mois de pure horreur avec Dean vont disparaître comme ils sont apparus. À chaque fois que j'avale, je ne pense qu'à recommencer, jusqu'à finir complètement l'énorme gâteau. Je suis vidée d'émotions, je me dégoûte rien qu'à penser à ce que je viens de faire, tous les efforts que j'ai fait pour devenir la fille « maigre » que je suis, se sont envolés. Je m'effondre rien qu'à cette idée et monte en vitesse dans ma salle de bains me renfermer sur moi-même.

Je me mets en boule et attends que mes larmes cessent de couler, je ne peux plus les arrêter, je suis vidée d'émotions, mais j'ai besoin de me sentir vidée de l'intérieur. J'allume le robinet, ferme la porte à clé et me penche au-dessus des toilettes. Je joins deux doigts, les regarde pendant dix minutes avant de les enfoncer au fond de ma gorge. Je les enfonce jusqu'à ce que tout le gâteau que j'ai ingurgité se retrouve dans les toilettes. L'eau qui coule cache le bruit de mes vomissements, qui ne s'arrête plus. Je vomis tout ce que je peux vomir. Autant se sentir vidée et détruite dans tous les sens du terme. Je suis détruite, IL m'a détruite et brisée. Je suis seulement une fille brisée à l'heure qu'il est, seulement une personne qui peut se servir de cette faiblesse comme une carapace que jamais personne n'arrivera à percer. Cette Nessa ne sera jamais la Nessa d'il y a quelques mois. Je ne laisserais personne me briser plus que je le suis déjà. Mes sanglots s'amplifient à chaque fois qu'un de mes bleus me brûle malgré les dizaines de crèmes cicatrisantes, tous ces bleus qu'IL m'a causé « par amour », ce sont ces deux mots préférés. Je suis désormais une jeune fille de 16 ans, qui a vécu plus de choses horribles que certaines femmes de 40 ans, je suis seulement une fille qui n'aura plus jamais confiance en personne et aucune confiance en elle-même. Je me recroqueville sur moi-même et c'est à ce moment-là que je craque, ce ne sont plus des simples larmes qui dévalent mes joues, c'est à présent des sanglots audibles. Je recommence ma démarche d'il y a quelques minutes et finis par vomir des choses que je n'ai même pas en moi. J'enfonce mes doigts aussi profonds que je peux et laisse mes vomissements me vider.

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