L'Hibiscus Jaune

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Chapitre 11.

Son bateau était le plus étrange que j'avais vu de ma vie. Il était d'un blanc immaculé, tout en rondeur. Une passerelle ronde entourée d'une barrière peu haute flottait sur l'eau, mais ce n'était qu'une petite partie du navire. En réalité, c'était plutôt un sous-marin qu'un bateau. Au centre de la passerelle, se trouvait un trou avec une partie qui descendait comme un ascenseur. Un peu comme un entonnoir, après avoir descendu dans le tube, on arrivait dans une grande salle ronde, qui était donc immergée sous l'eau. Des grandes vitres se trouvaient entre des pans de mur blanc, donnant une vue à 360° sur le fond de la mer. La pièce était relativement petite par rapport à notre propre embarcation, mais il y avait tout ce qu'il fallait. À gauche, se trouvait le large tableau de bord et à droit un matelas était posé par terre, de façon un peu négligée. Il était entouré de toutes sortes de feuilles pleines de dessin et de gribouillis. Il y avait aussi des boites remplies de nourriture ou autres ustensiles empilés un peu partout.

Quand nous arrivâmes au niveau de son bateau, Samia braquait un harpon sur nous. Nous la regardions depuis le haut de notre bateau, elle qui était si proche de la surface de l'eau. Elle n'avait aucune chance de nous toucher avec son arme, mais pleine de courage, elle ne bougea pas. Elle semblait avoir mon âge, peut-être quelques années de plus. Je voulais avec ferveur, l'allier à nous. À mon avis, elle n'était pas dangereuse, elle se méfiait seulement de nous.

"Qu'est-ce que vous voulez ? Vous êtes qui ?" Sa voix résonna.

Je pris la parole, convaincue que j'étais plus diplomate que Pélias. J'employais le ton le plus amical que je pus :

"Nous sommes juste deux sur ce bateau. Moi c'est Aurora et lui c'est Pélias. On l'a volé au monastère où nous étions. On ne veut pas te faire de mal. Je suis contente de croiser enfin quelqu'un de notre âge."

Sans baisser son arme, elle répondit :

"Avancez vous un peu plus que je vois vos visages et les mains en l'air !"

Pélias me regarda, pour signifier que lui, il ne voulait pas devenir ami avec elle. Il me montra la pelle qu'il avait caché à nos pieds, à cas où. Je lui fis non de la tête pour lui signifier qu'on n'en aurait pas besoin.

"Oui, vous allez l'air jeune."

Elle baissa le harpon, mais le garda serré contre elle. Nous baissâmes les bras aussi.

"Orphelinat donc ? Vous avez bien fait de leur piquer leur issue de secours à ces saletés de religieux."

"Nous allons à la ville sous-marine, tu connais ? Tu vas aussi là-bas ?"

"Quoi ?" fit-elle avec un rire moqueur.

"Je n'irai jamais dans ce lieu de pourris.

-Pourquoi ? répondit Pélias, les sourcils froncés.

-Parce que c'est ceux qui ont construit cette ville qui ont provoqué le déluge. Vous ne le saviez pas ?"

Elle nous regardait avec un air de défi, fière de nous apprendre quelque chose que nous ne savions pas.

Choquée, je me tournais vers Pélias pour voir s'il confirmait ce qu'elle disait. Il ne semblait pas être courant, mais affichait une expression dubitative. Il se méfiait d'elle aussi.

"Comment tu sais ça ?" demanda t-il.

"Je le sais c'est tout. Croyez ce que vous voulez."

Je ne savais pas quoi penser. Une question me vint :

"Mais alors, tu vas où ?

-Pourquoi je vous le dirai ? Je ne vous connais pas. Je n'ai pas envie que vous me suiviez.

Une tendance à flotterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant