Chapitre 13.L'après-midi passa sans que je m'en rende compte. Le soleil fit son tour au-dessus de l'eau qui nous entourait et finit sa course dans un joli ciel de couleur rose et bleu pastel.
Samia nous raconta tout, même la mort de ses parents. Le soir du déluge, quand la terre trembla, elle prit peur et demanda qu'ils aillent se mettre dans le sous-marin. Ses parents rétorquèrent que ce n'était qu'un simple tremblement de terre et qu'il n'y avait pas de quoi s'affoler. Mais, comme je l'avais moi-même remarqué, ce tremblement avait été particulièrement long. Elle se ravisa, écouta ses parents et ne dit plus rien. Quelques heures plus tard dans la nuit, elle fut réveillée par le bruit de l'eau qui montait. Elle courut alerter ses parents, qui eurent du mal à comprendre ce qu'il se passait. Elle les secoua et couru se réfugier dans le sous-marin flambant neuf qui attendait tranquillement dans le jardin, et faisait jusqu'à présent plutôt office de décoration. Elle nous décrivit brièvement son jardin. Comme il devait être beau. Tout autour des haies si hautes qu'ils étaient impossibles pour les curieux de l'extérieur de voir ce qu'il se passait sur la propriété. Le gazon finement coupé, d'un vert éclatant, témoignant de la bonne santé du sol. Des petits arbustes, placés un peu partout, taillés en forme géométrique, agrémentés de milliers de petites ampoules les faisant briller comme le ciel étoilé la nuit. Quelques statues de marbre blanc posant leur regard bienveillant sur la piscine, comme pour surveiller ceux qui s'y baignent. Ce jardin lui manquait.L'eau montait encore et encore, et ses parents tardaient à venir. Finalement, sa mère arriva, toujours habillée de sa chemise de nuit et de son peignoir rose clair. L'eau était déjà bien haute et elle eut de la peine à rejoindre le sous-marin. Son père sorti de la maison quelques minutes après elle, avec un carton dans les bras.
- Ils ont mis du temps à venir parce qu'ils ont voulu emporter des affaires avec eux. S'ils n'avaient pas fait ça, ils seraient peut-être encore en vie, ajouta Samia en racontant.
Sa mère était sur la passerelle du dessus du sous-marin et son père en train de nager péniblement avec son bagage dans un bras, quand une énorme vague s'abattit sur eux. lls étaient à deux doigts de survivre. Elle la vit venir au loin et regarda son père une dernière fois, les mains collées sur la paroi vitrée de sa nouvelle maison. Quand son père s'aperçut de la vague aussi, il tenta en vain de nager plus vite, mais il n'aurait jamais eu le temps. Samia nous confia que quand ce monstre liquide plongea sur eux, il le fit d'une telle violence que le sous-marin fut emporté sous sa force. Elle fit plusieurs tonneaux et se cogna contre les murs, elle pensait qu'elle allait mourir.
Elle se réveilla un peu plus tard, allongée sur le sol froid de son bateau, avec des égratignures un peu partout. Quand elle rouvrit les yeux, la mer était calme, mais il n'y avait plus rien autour d'elle. Elle n'a pas voulu raconter sa réaction. Je ne peux imaginer ce qu'elle ressentit à ce moment-là.Quand elle eu fini de raconter, elle tourna le regard vers la fenêtre. Je ne pus m'empêcher de la fixer, d'essayer de déceler une émotion sur son visage. Je vis la résolution de ne pas craquer. Ses yeux marrons foncés prirent une teinte semblable au miel, baigné par la lumière orangée du soleil couchant. Ses mâchoires étaient fermement serrées, tout comme ses mains devant elles, posées sur la table. Pélias me regarda. Je compris qu'il était mal à l'aise et avait hâte de repartir devant son gouvernail. Je lui fis un signe de la tête pour lui signifier qu'il pouvait y aller. Il lui lança un dernier coup d'œil pour voir si elle n'allait rien dire de plus, et partit silencieusement à l'avant du bateau. Samia tourna la tête quand il ferma la porte.
-Il est bizarre ton ami, fit-elle, sur un ton que j'interprétais comme de la condescendance.
-Il a toujours pris soin de moi, en tout cas, répondis-je détachée.
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Une tendance à flotter
Science FictionJe n'aurais jamais cru que j'allais me retrouver sur ce bateau avec ce garçon. Autour de nous, il n'y a que de l'eau, à perte de vue. Le monde s'est vengé. Il s'est vengé en se noyant et en noyant sa population avec. Moi, j'ai survécu, grâce à lui...