Chapitre 5.
Quand je me réveillais, le soleil brillait au milieu du ciel. Allongée sur le ventre, les derniers événements me revenaient peu à peu à l'esprit. Mon corps était encore fatigué, un peu courbaturé. Ce que je remarquais surtout, c'était que j'avais le ventre complètement vide. Je le sentais gargouiller contre le matelas. Je me levais alors, péniblement, au milieu des draps. La couette était toute retournée autour de moi, témoignant de mon sommeil agité.
La mer était calme et berçait doucement le bateau. Pélias, lui, était toujours dehors, devant le gouvernail.
"Ah ! Tu es réveillée ! ", dit-il en me voyant arriver vers lui.
Je lui dis alors timidement que j'avais faim. Il m'emmena dans la pièce à droite du lit, qui était la cuisine. C'était une petite pièce en forme de L, remplie de meubles de cuisine et d'une petite table ronde entourée de deux chaises vers l'entrée. Une fenêtre rectangulaire au-dessus de la table permettait de voir le paysage en mangeant.
"Qu'est-ce que tu aimerais manger ?"
"Qu'est-ce qu'il y a en réserve ?", demandais-je, curieuse.
Pélias ouvrit des placards et je vis des centaines de boites de conserves ainsi que des boites en carton de tout genre. Il y avait aussi un gros réfrigérateur où on pouvait trouver à peu près tout sous forme congelé.
"Dans la pièce de l'autre côté du lit, il y a encore le double de ça.", me dit-il, fier.
Il essayait visiblement de me montrer que tout était sous contrôle et que nous étions en sécurité pour un moment.
"Quelle heure est-il ?"
Pélias regarda sa montre et me répondit qu'il était quinze heures.
J'avais donc dormi assez longtemps puisque le soleil se levait à peine quand Pélias m'avait couché dans le lit.
"J'ai envie de quelque chose de sucré, comme un petit-déjeuner."
Tout content, il sortit une boite rouge d'un des placards et la posa sur la table. Puis il se dirigea vers le réfrigérateur et prit un énorme bidon rempli d'un liquide blanchâtre tout congelé. Il m'invita à m'asseoir. En tapant fort sur le bidon, il lui fit cracher quelques pépites blanches qui tombèrent dans un bol. Il mit cela dans un micro-onde et enfin le posa devant moi. Les glaçons étaient maintenant devenus du lait tiède.
"Madame est servie !", et il repartit sur la terrasse.
Je regardais ce que j'avais en face de moi. Je n'avais jamais vu de boite de céréale avant, le monastère ne nous en donnait pas, prétextant que c'était trop sucré. Mais quelques livres que j'avais lus en faisaient mention et j'avais toujours voulu en goûter un jour. Le dessin sur le carton était étrange : un petit bonhomme avec une moustache, dessiné d'une façon qui donnait l'impression qu'il bondissait vers nous pour nous parler. Il tenait dans sa main une baguette magique, dont le bout était une étoile jaune. Cela expliquait pourquoi ces céréales s'appelaient "Starchys".
Quand je les versai dans mon bol, de jolies étoiles d'un jaune clair glissèrent pour finir dans le lait. J'en pris une grande cuillère, alléchée par l'odeur de miel qui sortait du paquet. Le lait aussi prit un doux goût sucré et je le bus en entier. Il n'avait rien de différent d'un lait normal. Cela était incroyable, pensais-je.
Après m'être resservie, mon estomac était contenté. Malheureusement, maintenant que mon corps ne protestait plus sous la faim, mes pensées se remirent à tourner de plus belle.
Le visage de Naeresa ne cessait d'apparaître dès que je baissais la garde et aussi ceux des autres orphelins, maintenant noyés, me hantaient.
Je ne pouvais pas rester seule alors je partis rejoindre Pélias dehors. Il était temps que je lui pose plus de questions. Je m'assis sur un banc pas loin du gouvernail. La première chose que je me demandais, c'est pourquoi d'autres bateaux ne se trouvaient pas vers nous ? Le monastère en avait sûrement fabriqué assez pour tous les moines.
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Une tendance à flotter
Science FictionJe n'aurais jamais cru que j'allais me retrouver sur ce bateau avec ce garçon. Autour de nous, il n'y a que de l'eau, à perte de vue. Le monde s'est vengé. Il s'est vengé en se noyant et en noyant sa population avec. Moi, j'ai survécu, grâce à lui...