Chapitre 7.
La nuit était tombée. Les vagues faisaient bouger le bateau un peu plus que d'habitude. On aurait dit qu'une tempête se préparait.
Dès qu'il fut sur le pont, le moine s'assit sur un des bancs. Il semblait épuisé rien que par l'effort d'avoir grimpé à l'échelle. Je me disais que nous avions bien fait de le sauver. Il avait l'air très faible.
"Pourrais-je avoir un peu d'eau ?" dit-il, essoufflé.
Pélias s'exécuta sans rien dire et me laissais avec lui. Le moine fixait le sol. Je ne savais pas quoi dire et le silence commençait à devenir gênant. Finalement, il se décida à dire quelque chose :
"Alors, comment vous vous êtes retrouvés sur ce bateau ?"
Je pouvais bien sûr sentir le reproche dans sa voix, mais je trouvais ça normal vu ce que nous avions fait.
"Pélias l'a trouvé, moi je l'ai juste suivi..." dis-je coupable.
Le vieux moine m'intimidait. Il me toisait avec une expression ressemblant presque à du dégoût, je ne voulais même pas imaginer ce qu'il pouvait penser de nous. Sa bouche, fine, était plissée par pleins de petites rides sous sa moue désapprobatrice.
Quand Pélias revint avec un verre d'eau dans la main, le moine s'adoucit d'un coup. Je remarquais qu'il ne jouait pas le même jeu avec Pélias qu'avec moi et mon mauvais pressentiment s'intensifia.
J'avais fait monter un deuxième monstre sur le bateau.
"Je vais vous le dire clairement" fit soudainement Pélias.
Nous levâmes les deux les yeux vers lui, surpris par cette annonce. Il n'avait pas décroché un seul mot jusqu'à présent.
"Ce bateau est conçu pour deux, vous le savez aussi, nous ne pouvons donc pas vous garder avec nous trop longtemps. On vous donne à manger et vous retournerez sur votre barque."
"Pélias !", j'étais choquée par ce qu'il venait de dire. Je n'étais pas rassurée par le moine, mais lui expliquer carrément que nous allions l'abandonner me semblait inhumain.
Le moine rigola doucement et avala une gorgée d'eau. Il semblait se moquer de nous, comme s'il parlait avec deux imbéciles.
"Bien, bien, je comprends. Puis-je rester encore quelques minutes le temps de reprendre mon souffle ? C'est difficile d'être toujours brassé sur cette misérable barque."
Sa réaction m'étonna. Il prit un air de vieillard faible et continua à nous sourire.
"D'accord, je vais chercher un peu de nourriture à vous donner."
Pélias s'en alla vers la réserve, sans rien afficher sur son visage, tel un robot.
Le moine me dévisageait toujours, cette fois-ci avec une expression béate qui contrastait beaucoup trop avec celle qu'il m'avait lancé avant que Pélias arrive.
"Jeune fille, j'aimerais bien prendre l'air un peu en marchant autour du pont, mais je me sens un peu trop faible pour me tenir debout seul. Voulez-vous bien me donner votre bras ?"
J'hésitais une seconde.
"S'il vous plaît..." dit-il, avec peine.
Je le pris en pitié, de nouveau. Il était visiblement fragile et dans cet état il ne pouvait rien me faire. Je m'avançais vers lui, timidement.
Il agrippa avec force mon bras droit et s'appuya dessus pour se lever. Je n'eu pas le choix que de le soutenir, il mettait tout son poids sur moi. Il était plus lourd que ce que je pensais. Il était aussi assez grand par rapport à moi. Je remarquais aussi qu'il sentait fort le sel de mer.
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Une tendance à flotter
خيال علميJe n'aurais jamais cru que j'allais me retrouver sur ce bateau avec ce garçon. Autour de nous, il n'y a que de l'eau, à perte de vue. Le monde s'est vengé. Il s'est vengé en se noyant et en noyant sa population avec. Moi, j'ai survécu, grâce à lui...