Le matin suivant apporta une atmosphère lourde au sein du groupe.Victor avait passé la nuit à l'étage supérieur du dôme. Il répugnait à se coucher dans la cave mais les habitants des Monts Korgons ne l'incitaient pas, non plus, à dormir, seul, à la belle étoile. Pour la première fois depuis son séjour dans les marais aucun cauchemar ni aucun des drames de sa vie passée ne vinrent troubler son sommeil. Il fut réveillé par l'irruption de Ken qui s'apprêtait à se lancer à sa recherche.
- Tu craignais que l'on manque de place en bas ? lui demanda le Kanais.
- Monsieur manie l'humour maintenant ? maugréa Victor. Excuses-moi mais dormir dans une cave n'est pas recommandé pour ma santé mentale.
- J'imagine. Bon descendons. Il est temps d'en finir avec les énigmes de ce gardien à qui les nuits dans sa cave ont certainement été néfastes.Victor sourit. Ken était donc aussi capable de faire de l'humour.
Tous deux rejoignirent leurs compagnons. Le regard de Victor rencontra celui de Séréna. L'homme lui adressa un sourire auquel elle répondit timidement avant de se tourner vers Moss. Assis le menton sur les genoux, le jeune garçon se tenait loin de sa sœur, à l'écart de tous. Ses yeux se posèrent tour à tour sur les nouveaux venus exprimant la même colère à peine contenue. Puis Moss fixa un point au bout de ses chaussures.
- Je ne sais pas ce qui se passe ici mais l'ambiance est plutôt glaciale ce matin, murmura Ken.
Le Kanais s'approcha d'Archibald Conté. L'homme mélangeait une concoction dans un récipient posé sur son foyer. Lui seul affichait un air jovial et satisfait.
- Prendrez-vous un petit déjeuner avec moi ce matin ? interrogea-t-il.
- Ce jeu a assez duré, répondit le Kanais. Dites ce que vous attendez de nous et finissons-en.Le vieil homme perdit brusquement son air aimable.
- Voilà ce qui vous perdra, jeta-il. La précipitation.
Archibald plongea son regard dans celui de son interlocuteur. Le Kanais senti sa gorge se serrer et son souffle lui manquer. La tête lui tourna rapidement. Ses jambes fléchirent sous son poids et il tomba à genoux au bord de l'agonie.Victor et Séréna se portèrent à son secours. D'un geste circulaire de sa main et d'un mot dit dans une langue inconnue, le gardien fit jaillir du sol des végétaux qui s'enroulèrent autour d'eux et les immobilisèrent. Eberlué et pétrifié, Moss assistait à ce terrifiant spectacle. Rapportant son attention sur Ken le sorcier poursuivit :
- Dans cette expédition, votre esprit est probablement le plus manipulable par les forces occultes. Comment espérez-vous sauver Pangéa ? Croyez-vous que la puissance qu'octroie ce glaive suffira à venir à bout de cet homme ? Prenez garde ! Octan n'est que l'arbre qui cache la forêt. De plus grands périls menacent notre monde.
Ken se tordait semblable à un pantin désarticulé. Les poings serrés, le visage déformé par un rictus de colère, les yeux brûlants, Archibald semblait hors de lui. Possédé par une folie aussi mystérieuse que subite, il n'était plus que l'ombre de l'homme amène de la veille. Les plantes grimpantes resserraient leur étreinte autour des corps de Séréna et Victor.
- Arrêtez ! hurla Moss partagé entre la peur et le respect du pouvoir du gardien.
Lentement l'homme se ressaisit. Il prononça à nouveau d'étranges paroles. Les liens de ses hôtes se défirent et retournèrent sous terre. Le Kanais s'affala de tout son long et aspirait de longues bouffées d'air.
- Ceci n'était qu'un échantillon de ce qui pourrait vous arriver si vous n'y prenez garde, reprit Archibald d'une voix qu'il contenait avec difficulté. Bien, je pense avoir réussi à éveiller votre intérêt. Il est temps que nous passions à l'étape suivante. Suivez-moi.
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CHRONIQUES DE PANGEA I: L'ASSEMBLÉE
Science FictionAu royaume de Kan, tout n'était que joie, prospérité, luxe et volupté. Bénie par la déesse Cristal, protégée de la convoitise des hommes par de terribles brisants, l'île était le royaume le plus riche, le plus développé, le plus envié et le plus in...