Le temple d'Oth

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  Séréna, Moss, Victor et Ken chevauchaient depuis déjà quelques temps quand les premières lumières de la commanderie apparurent. Chaque fugitif était monté derrière un cavalier. Depuis leur sortie des bois aucun des templiers ne leur avaient adressé la parole. Victor s'entêtait à converser avec le dos de leur nouveau guide malgré les injonctions au silence de Ken. Ce dernier craignait que les discours de son compagnon n'irritent le puissant serviteur des dieux.

- Ah ! s'exclama Victor. Nous voilà arrivé à la commanderie mes amis. Nous allons enfin pouvoir manger, boire, et nous reposer. Je vous avoue que je tombe littéralement de fatigue. Merci encore de votre hospitalité, mes seigneurs.
- Allez vous finir par vous taire ! intervint Séréna irritée.

  La procession arrivait aux pieds de la haute forteresse dont la muraille paraissait monter à l'assaut du ciel. Le cavalier de tête se détacha du groupe, franchit les battants ouverts gardés par deux autres templiers et disparut dans la bâtisse. Le restant de l'expédition passa le portail au pas. Les chevaux traversèrent en file indienne un chemin couvert, étroit et éclairé par des torches. Des meurtrières s'ouvraient à intervalles réguliers dans le plafond du corridor permettant à des archers de contrôler l'accès de la place. Les visiteurs longèrent longuement l'enceinte de la forteresse avant d'atteindre une seconde porte et une herse gardées par deux nouveaux templiers. Au-delà s'étendait une cour à ciel ouvert. A une de ses extrémités, un escalier montait jusqu'à la lourde porte du donjon. Un long bâtiment d'un étage s'étirait sur le coté. Quatre hommes sans armures en émergèrent à l'approche des chevaux. Les cavaliers arrêtèrent leurs montures, attendirent que leurs passagers furent descendus puis les imitèrent et confièrent leurs bêtes aux nouveaux venus.

- Veuillez me suivre, ordonna l'un des templiers.

  Il se dirigea vers les marches et les gravit. Séréna, Ken, Victor et Moss lui emboîtèrent le pas. Les autres cavaliers fermaient le cortège. Ils traversèrent des couloirs déserts et montèrent un second escalier jusqu'au dernier étage. Le templier qui les avait conduit jusqu'à la commanderie les attendait dans un hall.

- Le maître va vous recevoir tour à tour, annonça-t-il en guise d'accueil. Il s'entretiendra tout d'abord avec vous.

Il désigna Ken.

- Veuillez me remettre votre arme.

  Le Kanais obtempéra. Son interlocuteur saisit le glaive avec une extrême délicatesse, poignée dans sa main gauche et lame dans sa paume droite. Puis il se retourna et approcha de la porte de bois condamnant le passage. L'issue s'ouvrit lentement sur une pièce faiblement éclairée. Ken suivit le templier et disparut de la vue de ses compagnons.

  De dimensions généreuses, la salle comptait un mobilier austère. De lourdes étagères de bois s'adossaient le long des murs. D'épais rideaux tirés coupaient la lumière de la lune mais une cheminée brûlait dans un coin, diffusant une faible lueur. Au-dessus de l’âtre, accroché au mur, un portrait représentait le visage d’un homme blond, au visage carré, aux traits fins et au regard bleu intense, pénétrant. La peinture dégageait une autorité telle que Ken ressenti une sorte de malaise et préféra se détourner. Des cartes tapissaient les cloisons. Un bureau trônait au centre de la pièce et un écu aux armes du temple d'Oth était accroché derrière lui.
- Qui êtes-vous, jeune homme ? interrogea une voix issue des ombres.

Ken sursauta. Une silhouette émergea d'une zone peu éclairée à l'opposé du feu. L'homme, grand, portait une bure sombre frappé de l'insigne de son ordre.

- Un simple voyageur ayant perdu son chemin, monseigneur, répondit Ken.
- Quelle route a donc bien pu vous mener à pareille heure si près des hommes-bêtes ?
- Celle de l'imprudence, de la folie ou encore de l'orgueil. Celle là même qui a conduit mon peuple dans les ténèbres et l'a privé de l'amour des dieux.

CHRONIQUES DE PANGEA I: L'ASSEMBLÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant