Il fallait que ce soit toi

Annonce de taille

Sofiane : Antho', je dois te parler de quelque chose

[...]

Oh, cette phrase de ne présage rien de bon

Moi : Qu'est-ce que tu vas m'annoncer encore cette fois ?

Nous sommes installés dans un petit coin d'herbe, à l'abri des regards indiscrets mais suffisamment ouvert sur le parc pour avoir une belle vue. Le cadre est idéal, et je me surprends même à imaginer une scène de demande en mariage. J'aimerais bien qu'Adam fasse sa demande en fait, on en a jamais réellement discuté et je lui en parlerai dans les jours qui viennent, innocemment bien sûr !

Sofiane : C'est une longue histoire, et j'ai un peu honte de raconter ça. Tu me connais, je ne dis jamais ce que je ressens ou pense, mais je vais le faire avec toi. Ne me juge pas s'il te plait

Moi : Promis, je t'écoute

Sofiane : Ok. Bon, quand je suis reparti avec Salma, ça a été très dur pendant de longs jours, voire semaines. Heureusement que mon fils était là pour me redonner le sourire et un sens à ma vie. Salma voyait très bien que je n'étais vraiment pas bien, mais elle a été très compréhensive et très patiente. Au bout d'un long moment, j'ai fini par me motiver à retourner travailler, voir de la famille, des amis. Même je l'invitais quelques fois à faire des balades ou des sorties au restaurant. C'était très dur car je pensais trop à toi dans ces instants, en t'imaginant heureux avec Adam.

Moi : Je suis vraiment désolé tu sais Sofiane, mais...

Sofiane : Non ne t'excuse pas, c'est comme ça.

Moi : Oui mais ...

Sofiane : Allez chut, laisse-moi continuer mon histoire

Moi : Ok vas-y

Sofiane : Un soir, Salma m'a dit qu'elle voudrait un autre enfant. J'ai d'abord refusé puis j'ai pensé que ce serait bien pour moi, pour elle, pour mon fils. Il me procurait beaucoup de bonheur et je me suis dit que deux enfants ce serait encore mieux. Je me suis même mis à espérer avoir une fille. J'en ai toujours rêvé

Moi : Me dis pas que Salma est enceinte ?

Sofiane : Attends !

Il prend une longue inspiration, hésite un peu mais se lance

Sofiane : On a refait l'amour, des mois après une longue abstinence.

Moi : C'est bien ça

La jalousie commence à me ronger là. Je fais abstraction. 

Sofiane : Sauf que je n'y arrivais pas. Pas d'excitation, pas d'envie et je voyais ton visage à chaque fois. A chaque fois qu'on essayait, à chaque fois cela se soldait par un échec. Tous plus cuisants les uns que les autres. Salma ne disait jamais rien, même si je savais qu'elle en pleurait parfois.

Moi : C'est vraiment affreux pour elle, la pauvre

Sofiane : Et puis je me suis rendu compte que quand je pensais à toi en même temps cela fonctionnait. Alors je me suis mis à faire ça à chaque fois, et c'était sympa, et je me disais que Salma pouvait tomber enceinte enfin.

Moi : Euh, whoh. C'est vraiment étrange ça

Sofiane : Je sais, mais c'était le seul moyen. Tes fesses m'excitent, pas son vagin.

Moi : Sofiane putain !

Sofiane : Quoi ? Bref, on l'a fait souvent, et même je prenais du plaisir, vraiment. Mais elle ne tombait jamais enceinte. Encore et encore, cela ne marchait jamais. Elle se cachait même pour pleurer à chaque fois que l'on finissait de coucher ensemble. Un soir, elle a craqué, m'a insulté, traité de PD, d'emasculé etc.

Moi : La pauvre

Sofiane : Et elle s'est approché de moi, m'a mis un coup dans les couilles, et sans le vouloir, j'ai répliqué en la giflant

Moi : Putain t'es pas sérieux

Sofiane : Je sais. J'ai complètement merdé, et je m'en veux terriblement. C'est la première et dernière fois que je touche une femme et je me tue si je recommence. Elle a pleuré et m'a dit qu'elle voulait divorcer de moi.

Moi : Quoi ?

Sofiane : J'ai totalement approuvé. Je veux qu'elle soit heureuse avec un homme, elle le mérite tellement.

Moi : Et alors ?

Sofiane : Alors cela fait deux mois que nous sommes dans une situation bizarre et que je ne sais plus quoi faire. Je suis tellement coincé je deviens dingue

Moi : Sofiane reprends-toi, tu vas faire quoi tout seul ?

Sofiane se touche le pantalon et avec un regard très coquin me dit : Je jouerai tous les soirs en pensant à toi

Moi : Putain t'es con !

On finit par discuter et il me raccompagne chez moi. Il me fait un câlin, mais cela reste très amical. Je rentre chez moi et Adam m'attend devant la télé. Il arrête immédiatement et me demande comment ça s'est passé. Je lui raconte tout, dans les moindres détails, et on en discute rapidement ensemble. Puis il me dit

Adam : « Bon, moi aussi j'ai quelque chose à te dire »

Moi : Oh non c'est une blague ? Quoi ?

Adam : On m'a rappelé pour Dubaï. On me propose une meilleure offre, avec un meilleur salaire. Je n'y travaillerais que deux semaines par mois, les deux autres je serais avec toi ici. Qu'est-ce que tu en penses ?

Je sens mon cœur se serrer, et ma respiration devenir haletante. Je sais que cette fois c'est une proposition sérieuse pour lui et sa carrière et qu'on va devoir en discuter durant un long moment, voire durant de longues soirées.

On est interrompus par le téléphone

Moi : Allo

?? : Mon chéri ? Ca va ??

Moi : Oui et toi ma belle ?

Marina : Oui ! je dois t'annoncer un truc !!

[C'est pas possible ! Ils se sont tous donnés le mot aujourd'hui ou quoi ?]

Moi : Quoi ?

Marina : Avec Bilal on a trouvé un local pour ouvrir notre restaurant, on part s'installer à Barcelone !!

Wow, ils avancent décidément vraiment vite dans la vie ces deux-là.

Moi : Trop bien ! On se voit cette semaine pour en parler ?

Marina : Oui ! Bisous mon bébé

Moi : Bisous !

Bon, ça me fait tout drôle de me dire qu'elle va partir si loin d'ici. Mais bon, je sais qu'elle sera heureuse et que c'est son rêve.

A ce moment précis, je reçois un texto de Sofiane. Puis deux. Puis trois.

Qu'est-ce qu'il se passe ??