Prologue

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oOoOoO Prologue OoOoOo

La musique retentit dans toute la salle, maintenant le rythme de mon cœur aussi rapide que tout ceux dans cette pièce bien trop petite pour tous nous accueillir. Le paquet de cigarette qui était coincé entre mes seins remuait tandis que mon corps suivait celui de cet inconnu au rythme de la musique qui me berce.

La musique a toujours été mon échappatoire dans ce monde de brut auquel j'appartiens. J'ai toujours eu de la musique dans les oreilles, un instrument dans les mains, des partitions et des notes dans la tête. C'est ça qui me permet de vivre au quotidien, de ne pas sombrer, de ne pas tomber là quand les jours se font durs et recommencent à tous se ressembler.

On m'a souvent dit que j'allais me retrouvé sourde avant l'âge, qu'un jour mon corps ne tiendrait plus la cadence que je lui impose. Qu'importe ! Je m'exprime et je vis, n'est-ce pas le plus important dans ce genre d'endroit ? N'est-ce pas ce qui remonte le moral à tous ces gens de mon âge qui travaillent chaque jours en amphithéâtre en attendant que l'année passe lentement et leur permette enfin de souffler quelques semaines avant que cette vie étouffée ne reprenne.

J'ai toujours trouvé ça très dur d'imposer ça à ces jeunes gens qui ne demandent parfois rien de plus qu'un travail qui leur permet de survivre dans notre monde cruel. Quel est l'intérêt de tous nous noyer ainsi alors que certains n'ont pas forcément besoin d'étude pour savoir faire quelque chose. Regarder mon meilleur ami par exemple, il a toujours su travailler sur les voitures, alors à quoi bon devoir étudier le fonctionnement de ces machines à moteur et tous ces noms complexes, alors qu'au final son travail sera le même ? Il pourra juste se la pêter parce qu'il connaitra le nom de la petite pièce dans le moteur alors que la plupart des gens ne connaissent même pas l'existence de cette pièce.

C'est quelque chose qui m'a toujours sidérer, ce besoin de nous noter et de nous forcer à apprendre et sembler intelligent alors qu'encore une fois, ce ne sont que des mots que l'on place sur certaines notions. Des notions que nous utilisons généralement déjà très bien si le sujet nous intéresse. N'allez pas me dire qu'un avocat n'était pas déjà quelqu'un de très bon en débat et en manipulation avant de faire ses études, je ne vous croirais pas. Nous nous dirigeons tous vers ce que nous connaissions déjà avant nos études, juste dans le but d'approfondir ça, et parce que l'on sait que c'est dans cette branche qu'on décrochera sans doute le moins. Regardez comment on décroche déjà tous, imaginez ce que ce serait si on nous imposait nos études ? Notre travail ?

C'est à ces pensées que j'échappe lorsque j'écoute cette musique, même si elle va trop fort contre mes tympans, même si je sens que mon corps se déshydrate de plus en plus, et que je sais que j'ai bu plus que de raison. Peut-on vraiment m'en vouloir de chercher à échapper à cela, un soir par semaine, alors que six jours sur sept je suis face à mes cours, le stylo en bouche et les yeux rivés sur mon ordinateur pour relire mes notes et m'assurer que je ne décevrais personne cette fois-ci ? Peut-on vraiment nous en vouloir de nous réfugier dans l'alcool et la cigarette quand on sait la pression qui repose sur nos épaules tous les jours ?

Ça y est, ça recommence. Mon corps tremble et je me surprend à sortir allumer une blonde avant de souffler doucement pour reprendre mes esprits et me calmer. Quel est l'intérêt de se mettre dans un état pareil ?

J'ai regardé la fumé sortir de ma bouche, les petits cercles se formés dans la nuit, puis j'ai fermé les yeux et ai inspiré profondément. J'aimais cette sensation de plénitude que m'offrais cette faucheuse silencieuse. Alors même si elle nous procure aussi un sentiment de vide une fois la taf finie, ce n'est rien. Je suis prête à tuer lentement mes poumons si cela me permet d'échapper à cette douleur inlassable qui m'étouffe chaque jours, si ça me permet d'échapper à cette sensation de vide qui me poursuit chaque jours de ma triste existence.

Ne croyez pas que je suis dépressive, ça n'est pas le cas. Je vois juste le monde tel qu'il est, imparfait. Je vois juste tout ce qui se cache derrière leurs jolis mots et leur belle manipulation d'esprit. Je vois juste à quel point nos esprits sont formatés depuis notre plus tendre enfance pour que nous prêtions de l'importance à ces chiffres qui définissent la soirée que nous allons passer lorsque le bulletin arrive, pour que nous prêtions de l'importance à ceux qui dirige ce pays sans queue ni tête.

Non, je ne suis définitivement pas dépressive, juste très réaliste. Et si pour vous cela est déprimant, dans ce cas nous ne serons probablement pas amis. Ou peut-être que si, ces six jours par semaine où je suis une gentille petite étudiante, ces jours nous pourrions nous entendre.

J'entrouvre les lèvres en sentant l'air glacé caresser ma peau pâle et un sourire s'étend sur mes lèvres tandis que je sens des mains s'enrouler autour de mes hanches et une voix familière me murmurer quelques syllabes qui signe la fin de l'ennui.

L'ennui de la soirée est fini, direction le plaisir et le diable, pour la nuit, avant de devoir à nouveau remettre le masque. 

Une blonde enflamméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant