Chapitre 10 : Trahison

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Bonjour c'est l'auteure ! Juste pour vous conseiller de lire avec une playlist de musiques tristes jusqu'au changement de point vue ! 


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L'enveloppe blanche entre mes doigts, je suis assise sur mon lit au milieu de ma chambre d'adolescente encore décorée des posters de mes artistes préférés. Je n'ai pas eu le courage d'aller affronter les garçons et de toute façon, on est encore en plein milieu de la nuit. Les rayons lumineux de la lune dessinent des ombres sur mes murs, elles pourraient paraître effrayantes, mais étrangement elles m'apaisent. Je les fixe en me perdant dans mes pensées sur le bout de papier entre mes doigts que j'ai peur d'ouvrir. Cette lettre m'a torturé l'esprit sur tout le chemin du retour, si bien que j'ai manqué plusieurs fois d'avoir un accident. 

Maxime n'était pas du genre sentimental. Il agissait dans le présent sans se soucier des conséquences ou du futur. Selon lui, la vie devait être vécue dans l'instant parce qu'avec notre métier, nous pouvions partir à tout moment. Si seulement il avait su... Une larme s'échappe avant que je ne puisse la réprimer et vient s'écraser sur le dos de ma main.

Je suis pathétique.

Je pleure si souvent depuis quelque temps que je devrais avoir épuisé mon stock de larmes. Ou bien celui-ci était tellement pleins depuis des années qu'il a décidé de se vider. 

Je caresse le papier doucement comme s'il pouvait se désagréger sous mon contact. Je reconnais l'écriture de Max. Des lettres bien marquées, mais dont des légers tremblements laissent à penser qu'il n'était pas sûr de lui. Je décolle doucement les bords de l'enveloppe, veillant à ne pas la déchirer. J'ai l'impression de tenir une relique entre mes doigts, une chose qui pourrait partir en poussière dans la seconde qui suit. Ce qui est totalement idiot.

Un bout de papier dépasse légèrement, je tire dessus, la main tremblante. J'ai si peur de ce qu'il a bien pu écrire. Je sais déjà ce qu'il ressentait pour moi. On s'est toujours aimé. Du premier jour où on s'est rencontré jusqu'à notre rupture. Il a encore une place importante pour moi. On n'oublie jamais la première personne qui nous a fait découvrir ce que signifie l'amour.

Je déplie le papier couleur ivoire, pas du simple papier d'imprimante. Une photo est accrochée dans le coin en haut à droite. Il s'agit d'un portrait de nous deux. Elle date de mon début dans l'équipe. Je venais de passer l'épreuve de survie et donc de gagner ma place parmi eux. Mon visage est rouge et sale. J'ai encore mon casque sur la tête, mes lanières sont desserrées et pendent dans le vide. Maxime est mon opposé, son maquillage de camouflage est presque intact et son casque est encore vissé correctement sur son crâne.

Je ne le connaissais que depuis quelques jours. Une ambiguïté naissait seulement entre nous, c'est notre première et dernière photo rien que nous deux. Je souris, mes dents blanches tranchent énormément avec mon visage. Maxime lui aussi aborde un sourire, ses lèvres sont retroussées vers le haut et il penche légèrement la tête vers moi. Mon bras autour de ses épaules, je suis presque couchée sur lui. Étrangement cette image de nous deux aussi paisible me fait un bien fou.

Je distingue la lettre que j'ai laissée de côté quelques instants et je tente de ravaler la boule qui se forme dans ma gorge annonçant des larmes. Je reprends le papier entre mes mains, mon bras gauche ne cesse de trembler et mon muscle détruit, malgré l'atèle, me lance terriblement. Je souffle, reprends une bonne respiration et me place au bout de mon lit le long de mon mur en tailleur.

Alors Maxime qu'elles sont les derniers mots qui tu as voulus m'adresser ?




« Ma Chère Lara, mon amour...

Si tu lis ceci, c'est que je ne suis plus de ce monde... Sache que ma mort n'est pas un accident. J'aimerais que, jamais tu ne lises cette lettre. Mes derniers mots. Depuis un an maintenant, tu as refait ta vie à l'autre bout du monde. Je sais que tu es heureuse ou que tu le seras. Ne te morfonds pas sur ma mort, tu le sais mieux que quiconque notre vie peut s'arrêter d'un instant à l'autre, alors profite. Sois heureuse et épanouie. Trouve-toi un travail qui te plaît, fais toi d'autres amis et rencontre l'homme qui vivra à tes côtés jusqu'à la fin, car moi, je ne pourrais jamais t'offrir cela.

Tu sais déjà ce que je ressens pour toi, tu l'as toujours su. Cette lettre ce n'est pas pour te détailler encore une fois mon amour pour toi, Lara. Ces quelques mots vont être le moyen de soulager ma conscience et t'avouer une chose que j'aurais aimé emporter dans ma tombe.

Ce que je vais te dire, c'est passé peu de temps avant que tu n'intègres l'équipe. Tu le sais, avant toi et l'équipe j'ai perdu tous les membres-fondateurs, mes amis, mes frères. C'est comme ça que je suis passé capitaine avant que tu ne prennes le relais.

Lara, j'aurais dû mourir avec eux ce jour-là.

La version officielle est qu'ils ont été pris dans une embuscade et dont je suis miraculeusement le seul survivant. Mais la vérité, c'est que nous avons été pris en otage. Pendant plusieurs jours. Nous étions séparées dans des cellules, ne sachant pas qui était encore vivant. Chaque jour, on nous torturait, la seule chose qui me maintenait en vie, c'était d'entendre les hurlements affreux de mes camarades, mais qui me signifiait qu'ils étaient encore en vie. Petit à petit, les hurlements ont cessé et j'ai compris. Mes coéquipiers, mes amis, mourraient un part un. J'étais le plus jeune d'entre nous alors quand le jour de mon évasion, j'ai vu mon bourreau entrer dans la pièce armé, j'ai su qu'ils étaient tous mort et que j'étais le prochain.

Mais il n'en fut rien. On m'a bandé les yeux et j'ai marché pendant des heures avant d'être abandonné au milieu d'un désert laissé pour mort.

Je n'ai jamais compris, pourquoi. Pourquoi moi, Lara ? Pourquoi je suis le seul à avoir survécu ? Je pensais ne jamais avoir de réponses, jusqu'en novembre dernier. Juste avant ton départ, j'ai commencé à trier des vieux papiers traitant de vieilles affaires. De vieux rapports sans importance, mais une chose a attiré mon attention. Il manquait l'ordre de mission, l'ordre qui nous a envoyé à l'abattoir. J'ai cru qu'il était simplement perdu, mais il n'en existe plus une trace, même pas numérique.
Il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire et si tu lis ceci, c'est que je ne saurais jamais quoi.

Lara, je t'en supplie, reste loin de l'équipe. Ils ne savent rien. Il ne leur sera fait aucun mal, crois moi. Mais pour ton bien, je ne veux pas que tu reviennes au sein de l'équipe, ils pourraient soupçonner que tu sais quelque chose. Je suis mort et ce secret l'est aussi avec moi, si je t'avoue tout cela, c'est parce que je sais que tu vas t'en vouloir de ma mort et penser que c'est ta faute. Rien n'est de ta faute, Lara. J'ai merdé, j'aurais dû mourir avec mes camarades et cette histoire ne serait jamais ressortie.

Prends soin de toi, ma petite guerrière.

Je t'aime, Lara.

                                                                                                         Maxime »

Dans le mille. // Cha Eun Woo 🖤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant