7-Angela

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Angela

« Chérie, tu es bientôt prête ?

__ Donne moi cinq minutes maman », répond Angela en levant les yeux au ciel.

Angela avait prévu de passer son samedi soir au restaurant avec ses amis mais tout a été chamboulé lorsque sa mère a débarqué chez elle la veille au soir. Venue de Portland, elle était arrivée sans prévenir, prenant Angela par surprise. Elle lui avait alors raconté qu'elles étaient toutes les deux invitées à une soirée assez particulière et qu'elle désirait lui présenter quelqu'un. Elle a donc annulé le restaurant à la dernière minute –chose qu'elle déteste– pour aller à cette soirée dont elle ne savait pas grand chose.

C'est donc sans grande joie qu'elle finit de se préparer, vêtue d'une robe bustier couleur rouge rubis. Ses longs cheveux ombrés caramel sont détachés, légèrement ondulés sur ses épaules. Elle s'est maquillée avec soin et termine en s'appliquant un gloss brillant.

Angela est enfin prête. Elle récupère son sac noir et rejoint sa mère qui l'attend dans le salon.

« Et bien ma fille, je n'ai pas eu la chance d'être aussi jolie à vingt-quatre ans! Tu es une magnifique femme Angela, ma plus grand réussite à ce jour.»

Angela sourit, intimidée par les yeux de sa mère qui la détaillent. Elle n'est pas habituée à être complimentée par sa mère, cette dernière passant généralement plus de temps à tenter de la façonner à sa manière. Quand Angela était petite, le voile d'admiration qu'elle portait à l'égard de sa mère, cette femme invincible et intimidante, l'empêchait de voir les choses telles qu'elles l'étaient réellement. Elle était complètement contrôlée par l'adulte, qui faisait tous ses choix pour elle. Celle-ci était si omniprésente dans son esprit qu'elle arrivait à impacter ses décisions sans même être là. Que ce soit pour la tenue à porter ou le garçon avec qui sortir, Angela n'avait que l'image et la voix de sa mère en tête. Lui dictant ses moindres faits et gestes. Et pour Angela c'était normal. Elle n'avait que sa maman après tout. Elle était tout pour elle et elle avait tout fait pour elle. Elle se devait de la rendre fière.

Mais elle avait enfin eu le déclic à dix-sept ans. Il lui avait fallu du temps mais plusieurs facteurs lui avaient permis de se réveiller. De laisser tomber ce voile et de voir les choses pour la première fois. Sa mère la contrôlait uniquement parce qu'elle ne s'y opposait jamais. Alors elle avait décidé de s'affirmer et avait réussi à lui dire non pour la première fois de sa vie. C'était pour un truc idiot, sa mère exigeait qu'elle passe sa soirée à réviser pour ses examens mais Angela avait refusé, elle avait passé la journée à réviser et avait besoin de se changer les idées. Elle y était donc allée et avait passé la meilleure soirée de sa vie, se sentant plus libre que jamais. Un non en avait entraîné un autre et sa mère, quoique surprise au début, avait fini par se convaincre que ce n'était qu'une phase. Mais elle avait eu tort.

A dix-huit ans, Angela avait intégré la même université de droit que sa mère vingt ans plus tôt et en était sortie diplômée à vingt et un an. Il était temps de passer le LSAT1 et la jeune femme avait travaillé dur pour l'avoir, dans le seul but de rendre sa mère fière, sachant pertinemment qu'elle ne désirait pas devenir avocate. Et elle avait fini par avoir un excellent score.

Angela avait été une excellente élève toute sa vie. Elle avait été majeure de sa promotion à l'université et avait réussi tous les examens qu'elle avait passés du premier coup. Et même si elle était destinée à « devenir une brillante avocate» comme sa mère ne cessait de lui répéter, c'était la littérature qui intéressait réellement Angela. Elle aimait lire les grands auteurs . Et lorsqu'elle n'était pas occupée à réviser ou à préparer un avenir dans le monde du droit qu'elle ne désirait pas, elle était plongée dans ses bouquins et leurs histoires fascinantes.

Un dernier regard...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant