-17- Victoria

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Victoria

Je sursaute en entendant le petit bip annonçant l'arrivée d'un message. L'écran de mon portable s'illumine.

Tu souhaites vraiment faire ça par message ?

Mon cœur bat plus vite qu'à l'accoutumée et je tends les œufs à Carol tâchant de masquer mon excitation. Mais que t'arrive-t-il Vic ? Depuis quand un simple message te fait-il autant d'effet ? Je tourne la tête vers Amelia et la regarde qui lit attentivement la recette du glaçage pour nos cupcakes aux pépites de chocolat. Ça me fait du bien de passer du temps avec mes deux meilleures amies. Amelia et moi n'avons pas reparlé de la scène à laquelle nous avons assisté quelques instants plutôt ; j'ai préféré changer de sujet et ensuite, Carol est arrivée. Je me sens coupable de lui cacher tout ça ; nous n'avons jamais eu de secret l'une pour l'autre et j'ai la triste impression que ces derniers temps en ont été jonchés. Et je n'aime pas les secrets. Mais s'ils peuvent la protéger et l'empêcher de souffrir plus qu'elle n'a déjà souffert, alors je continuerai de lui cacher mon histoire avec Angela.

Lorsque Carol est arrivée à la maison, j'ai senti son embarras. Elle semblait gênée et n'osait pas trop me regarder dans les yeux. C'était comme si elle avait envie de voir comment j'allais me comporter avec elle. Histoire d'être certaine que je n'avais pas changé d'avis et que je veux toujours être son amie. Quelle idée !

Alors, j'ai agi comme j'agis avec elle depuis toujours ; je n'ai pas mentionné notre conversation de la veille et Amelia n'a fait aucun sous-entendu. Ça a semblé faire effet vu que Carol s'est instantanément détendue. Et maintenant, elle est là, en train de casser les œufs dans la pâte à gâteaux, pendant que moi, fixe sans rien dire l'écran de mon téléphone, songeant au fait qu'Angela a bel et bien tenté de me joindre. En revanche, je ne sais pas quoi lui répondre, ni quel ton adopter.

— Ça va, Vic ?

Je hoche la tête et esquisse un sourire à l'attention de Carol qui me regarde en fronçant les sourcils. Je sens Amelia se rapprocher doucement de moi et je lui indique mon portable des doigts, sans un mot. Je la vois sourire, fière que mon plan ait marché, et je me mords la lèvre, incertaine. Ensuite, je saisis mon téléphone et entreprends de répondre à ma professeure :

Ce n'est pas comme si nous avions trop le choix. À moins que... Dans une voiture peut-être? Pour être certaines que personne ne nous surprenne, bien-sûr.

J'appuie sur la touche Envoyer et je réalise que ça m'a fait du bien de relâcher un peu ma frustration. Mais je ne veux pas non plus donner à Angela l'impression que ça m'a fait quelque chose. Alors je commence à écrire un nouveau message lorsque je vois sa réponse apparaître :

Ce n'est pas ce que tu crois... J'aimerais que tu me donnes une chance de m'expliquer.

Je réponds instantanément :

Tu ne me dois rien. Ne te sens pas obligée de m'expliquer quoique ce soit...

Je repose mon téléphone et m'approche de Carol. Je plonge ensuite mon doigt dans la pâte crûe du gâteau et le porte à ma bouche.

— Mmm, c'est délicieux.

Les joues de Carol s'empourprent et lorsque je vois le regard qu'elle me lance, je me justifie en levant les deux bras :

— Ne me regarde pas comme ça ! Il faut toujours goûter ! C'est l'étape la plus importante.

— Ce n'est pas pour ça que je te regardais...

Je n'ai pas le temps d'interpréter sa phrase puisque j'entends un nouveau bip.

J'ai envie de m'expliquer. De me retrouver avec toi pendant plus de cinq minutes sans avoir peur que quelqu'un nous interrompe. Alors s'il te plaît, accorde-moi un tel moment.

Un dernier regard...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant