15- Carol & Victoria

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Angela

« Bon, récapitulons. Une jeune adolescente, Carol, s'est confiée à toi. Mais attends, depuis quand les professeurs sont psychologues ? s'étonne Sandy, en prenant une gorgée de son cappuccino. Là n'est pas la question, tu as raison. » reprend la jeune femme face au regard meurtrier d'Angela, qui ne semble pas dans son assiette. Elle vient de tout raconter à sa meilleure amie et s'est rendue compte de la complexité de la situation.

« Je disais donc, que Carol s'est livrée à toi, te parlant de cette amie qu'elle aime secrètement. »

Angela hoche la tête et Sandy poursuit :

« Et tu as appris, juste avant de conduire jusqu'ici, que cette amie est la fameuse Casanova ? »

La professeure grimace, n'appréciant pas que l'on se réfère à Victoria en utilisant son nom de famille. Mais elle ne relève pas, et sirote son milkshake au caramel au beurre salé.

« Tu as donc encouragé cette adolescente à avouer ses sentiments à la fille qui te plaît ?

__ Oui, mais j'étais à mille lieux de m'imaginer qu'elle parlait de Victoria...

__ Et si tu l'avais su ? Quel conseil lui aurais-tu donné ? »

Cette question fait réfléchir l'adulte qui répond, incertaine :

« Je t'avoue que je ne sais pas trop. Cette fille m'a touchée. Elle m'a fait penser à moi. J'imagine que je l'aurais tout de même aidée en priant pour que Victoria ne soit pas réceptive. Mais en quoi cette question peut-elle m'aider ?

__ Oh, simple curiosité, reprend Sandy en souriant. Je voulais juste m'assurer que tu es une bonne maîtresse !

__ Sandy, tout ça n'est pas une blague, s'exclame Angela, agacée.

__ Tu as raison. Excuse-moi. Bon, si Carol et Victoria se parlaient, cela veut dire que Carol a réussi à se livrer à elle et que Victoria l'a bien pris. Mais cela ne veut pas dire qu'elles sortent ensemble. Peut-être qu'elles ont simplement décidé de rester amies.

__ Oui, peut-être.

__ Mis à part ça, que veux tu avec cette fille, Angela ? Je suis de ton côté, tu le sais bien. Mais il n'y a rien qui va dans votre sens. Tu es sa professeure et elle, ton élève, mineure qui plus est. Son père, l'un des hommes les plus influents du pays sort avec ta mère. Ta mère, qui n'a aucune idée de ta profession et qui t'imagine bosser dans un cabinet d'avocats. Tu réalises à quel point ça n'a aucun sens ?

__ Oui, avoue Angela, songeuse. Mais si tu la voyais, si tu la rencontrais, tu comprendrais de quoi je parle. Tous les éléments sont contre nous mais je me sens liée à cette fille, Sandy. Avec elle, j'ai l'impression de vibrer. Elle me fait perdre tous mes moyens et je n'ai jamais ressenti ça avec personne. Je sais que c'est mal, que ce n'est pas éthique et que je joue avec le feu. Je sais que je n'ai pas le droit d'avoir envie d'embrasser mon élève chaque fois que je la croise. Mais je n'y peux rien, Sandy. Je ne le contrôle pas...

__ J'entends ce que tu me dis, Angela. Mais je te connais par cœur. Ce qui t'attire, c'est le risque, c'est l'interdit, l'inaccessible. Et je suis certaine que tu te lasseras de cette fille dès que tu auras réussi à l'approcher. Tu te souviens de Harry ? De Joanna ? De William ? Tu reproduis le même schéma depuis que je te connais. À la seule différence que cette fois, tu ne te frottes pas à n'importe qui... »

La professeure se mord la lèvre, consciente que son amie a raison. Il est vrai que par le passé, les hommes et femmes qui l'ont attirée savaient se faire désirer. C'est ce qui l'avait poussée à aller vers eux, à l'époque. Et elle adorait voir ces personnes fermées au premier abord, s'ouvrir à elle. Le seul problème était qu'une fois qu'elle avait réussi à briser leur carapace, le mythe était brisé également. Parce que oui, Angela a la fâcheuse tendance d'idéaliser une personne avant même de la connaître. Lui attribuant les qualités idéales et une personnalité d'enfer. Elle était donc souvent déçue en découvrant des défauts, aussi minimes soient-ils, en faisant sa connaissance.

Un dernier regard...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant