Il y a quelques jours, mes parents et moi avons eu un rendez-vous (ces rendez-vous sont réguliers : prévus tous les 6 mois) avec la pédopsychiatre et l'endocrinologue de l'hôpital des enfants de ma ville. À cause du corona, cet entretien s'est fait pas visioconférence.
Et comme depuis 2 semaines, j'avais 16 ans, j'ai demandé aux docteurs des nouvelles de la testostérone. Elles m'ont expliqué qu'il allait être compliqué de discuter mon dossier en cours de médecin à Paris en ce moment, mais qu'elles pensaient pouvoir le faire après les vacances d'été. Il faut bien sûr que mes parents signent car je suis mineur et après, si la cours de médecin accepte mon dossier, j'aurai accès à la testostérone. Elles m'ont dit que je ne devrai pas pouvoir commencer la testostérone avant la fin de l'année scolaire mais que ça se fera très sûrement avant la fin de l'année 2020!De plus, juste après cette discussion d'environ 40 minutes avec les docteurs et nous trois, ma mère nous a proposé de discuter ensemble de ce qu'ils feront pour la signature. Ma mère m'avait déjà dit qu'elle signerait, mais mon père jamais.
Nous nous sommes assis en cercle et nous avons débuté notre discussion.
Mon père, qui détournait constamment le regard en entendant le mot « testostérone » depuis toujours, lors de cet instant, était sceptique. Caché derrière ses lunettes de soleil, sûrement pour cacher toute lueur de sentiment dans ses yeux, écoutait d'une oreille.
Il a tout de même intervenu à un moment : « Moi j'ai l'impression que je vais perdre mon enfant. »
Ma mère lui a répondu : « Justement, c'est tout le contraire, il est en train de naître. »
Ensuite, ils m'ont dit qu'ils avaient peur que je change d'avis plus tard, que j'arrête la testostérone.
Puis j'ai moi-même placé mes pensées : « Écoutez, vous et moi on le sait depuis le début que je suis un garçon! C'était peut être moins évident pour vous mais maintenant que vous le savez, regardez en arrière. Vous voyez bien que c'était déjà tracé. Et même depuis le début de ma transition : regardez. Croyez-vous réellement qu'un jour je dirai « En fait je suis une fille. » ? Non. Tout montre que je suis un garçon. De ma naissance à maintenant. »
J'avais raison et ils l'ont réalisé à cet instant.
Ma mère a rebondit sur mes mots, essayant de convaincre mon père : « C'est vrai. Regarde : Ethan est quelqu'un de très réfléchi. Quand il veut quelque chose, qu'il ressent quelque chose et qu'il le dit, c'est qu'il l'a déjà mûrement réfléchit et qu'il est profondément sûr de ce qu'il dit. »
Puis elle continua : « Je pense que pour se positionner, il faudrait que l'on dise si on va signer pour sa testostérone ou pas. Tu peux toujours réfléchir mais je pense qu'il vaut mieux déjà se poser sur sa réflection car cela fait longtemps déjà que l'on réfléchit à ça et ce sera bientôt le moment de donner notre accord. Alors. Moi je vais signer, il le sait, les docteurs le savent, c'est dit. Et toi? Que vas-tu faire? »
Mon père réfléchit un moment, puis dit : « Oui, oui, je signerai. »
Sous ses lunettes sombres, j'étais certain qu'il cachait une pointe de douleur dans ses pupilles, comme à son habitude lorsqu'on abordait ce sujet.
« Je signerai ».
Ma mère et moi nous sommes regardé dans les yeux, signe d'une complicité incroyable et d'un message qui disait : « On y est! ».
Puis, sachant que nous en avions fini, j'ai décidé de détourner la conversation sur mon expérience de chimie à faire pour le lycée. Ma mère prit peur, elle ne voulait pas que je fasse exploser la cuisine.
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Je suis transgenre
Non-ficțiune5/7 jours, je vis le même scénario désastreux à partir du moment où je rentre dans l'enceinte du collège. Parce qu'un mec trans et en plus gay, ça fait pas bon ménage dans un collège... Mais, peu à peu, les choses évoluent. Dans ces chapitres, il y...