A peine j'eus le temps de finir ma phrase, qu'il me tira dans son lit. J'étais maintenant face à lui. Nos visages étaient espacés de seulement quelques centimètres. Je n'arrivais plus respirer. Il était trop proche. Je tentai de me détacher de son emprise, mais chaque fois que je bougeais, il me serrait encore plus contre lui.
- Reste là, avec moi. Juste un peu. Le temps que je m'endorme.
Je ne sais pour quelle raison, mais je lui obéis. Il ferma ses yeux, et cala ma tête dans le creux de son coup. Je pouvais sentir sa chaleur, son souffle sur mes cheveux, les battements de son coeur. Tout me rassurait chez lui. Je finis par m'endormir dans ses bras.
Lendemain
Je sortis de mon sommeil. Je tapotai la place à côté de moi, mais ne sentis aucune présence. Je me levai et regardai autour de moi. Il était assis sur le canapé et me regardait. Il avait un air étrange.
- Je savais pas que tu parlais dans ton sommeil. Encore ce cauchemar ?
Oui, encore.
- Je... c'est pas grand chose...
- Tu ne veux pas m'en parler ?
Ce n'est pas que je veux pas, c'est que je n'arrive pas. C'est quelque chose dont je n'arrive vraiment pas à parler. Mais je devais essayer. Au moins une fois, et on verra ce que ça donne.
- Il m'a laissée. J'étais jeune, 12 ans. En hiver. Comme toi. Ma mère n'est plus là. A mes 18 ans.
Je lui dis ces quelques mots en ayant le souffle coupé et les larmes aux yeux. Il me regarda avec, lui aussi, les larmes prêtes à couler. Ce cauchemar dont il m'avait parlé devait être un réel souvenir.
- C'est bon... j'ai compris, n'en dis pas plus...
En disant ceci, il me prit dans ses bras. Il caressait le haut de ma tête. Il voulait me réconforter, et il savait que les paroles ne servaient pas. La présence d'une personne était suffisante. Il le savait mieux que quiconque.
- Tu veux faire un tour dehors ?
Et sans répondre à sa question, on partit se promener dans la cour de l'hôpital. Il y avait un vent frais qui nous rafraichissait, à tous les deux, les esprits. On finit par s'asseoir sur un banc. Nous n'échangions pas beaucoup de paroles, mais nous n'en avions pas besoin .
Après quelques minutes à apprécier la brise du vent, il prit subitement la parole.
- J'avais 12 ans, comme toi, et mes parents m'ont abandonné sur le bord d'une route à Suwon.
Suwon était la ville où j'avais grandi.
- Il faisait froid. J'étais terrorisé, frigorifié, et seul. Je suis resté plusieurs heures sur le bord de cette route à pleurer. Jusqu'au moment où une voiture s'arrêta à mes pieds. J'espérais voir mes parents sortir de cette voiture, mais c'était un homme d'âge moyen. Il avait l'air déprimé. Il me fit monter dans sa voiture et monta a son tour, attacha ma ceinture avant d'attacher la sienne, et conduit pendant un moment, qui me paraissait interminable. Nous avions finalement atterri dans un orphelinat. Je ne savais pas ce que c'était, alors il m'expliqua, en disant que mes parents reviendraient me chercher un jour. Et comme j'étais un enfant inconscient, je l'ai cru. C'était une erreur d'enfance.
Il avait réussi à me faire pleurer. Il avait réussi à me rappeler tout ce qu'il s'était passé depuis mon plus jeune âge. Il avait réussi à me faire culpabiliser de l'avoir traité d'insociable, alors que son passé fait de lui une personne comme ça.
- C'est là où j'ai rencontré San. Lui, était là depuis déjà 2 ans. La première fois où je l'ai aperçu, il dansait seul dans une pièce vide. Je m'avançai vers lui. Je l'admirais. J'admirais son talent. A 12 ans il était déjà doté d'un talent incroyable. C'est lui qui m'a tout appris. Il m'a accueilli les bras ouverts. Il n'avait personne, lui, aussi. C'est depuis ce jour que c'est mon ami le plus fidèle, et que je n'accepterai jamais qu'on lui fasse du mal. Ensuite, j'ai quitté cet orphelinat que je détestai à mes 18 ans, pour me consacrer entièrement à ma réussite dans le milieu de la Kpop, avec San et les six autres membres que nous avons rejoints. Voilà, c'était mon histoire.
Une histoire des plus émouvantes, à vrai dire. Etant une bavarde professionnelle, je ne savais même plus quoi dire.
- Je... je suis désolée. Je ne savais pas...
- T'inquiète pas, c'est moi qui ai commencé. Tu m'as pas forcé, alors ne t'excuse pas ! dit-il en souriant. Un faux sourire. Un sourire qui signifiait "oui j'ai mal, mais c'est comme ça."
Je voulais prendre la parole et me livrer à lui. C'était mon tour. Je devais le faire !
- Mon père m'a-
- Si t'as pas envie, ne le fais pas. Ne te confesse pas juste parce que tu as pitié de moi. Fais-le quand tu en auras vraiment envie. Tu as tout ton temps pour le faire.
Comment pouvait-il être aussi compréhensif ? Je ne le connaissais pas sous cet angle. Ma première impression était mauvaise, très mauvaise. Un insociable frimeur muet, mais magnifique. Eh bien... oui ! Il a toujours été beau. C'est, et ça restera une certitude.
- Merci...
Après lui avoir dit cela, je posai ma tête sur son épaule. Il posa ensuite la sienne sur la mienne. Je pense qu'il avait besoin de contacte, d'une présence.
- On devrait rentrer. Les autres vont arriver, dis-je.
On se leva et se dirigea vers la chambre. Et, en effet, les membres étaient déjà là, et ils attendaient. Quand ils nous virent arriver ensemble, ils avaient tous l'air choqué.
- Vous vous êtes réconciliés, à ce que je vois, dis Hongjoong.
Nous nous regardâmes gênés, et fîmes signe que oui, sans donner d'explications. Je vis Chungha me regarder avec insistance. Je lui raconterai pus tard !
Trois jours plus tard
Les médecins vinrent nous dire que Wooyoung pouvait enfin sortir. Il ne perdit pas une minute avant de courir vers la voiture qui l'emmenait au studio.
Une fois arrivés, je lui dis d'y aller doucement. Il ne devait pas recommencer comme avant. J'allais devoir le surveiller 24/7.
- Wooyoung je te le dis, t'as pas intérêt à me refaire le même coup. Sinon, je ne serai plus aussi gentille.
- De toute façon tu restes avec moi ! Tu pourras garder un oeil sur moi ! Pas vrai ?

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La cicatrice
RomanceUne jeune femme du nom de Ahn Hyejin, passionnée et reconnaissante envers le milieu de la musique et de la danse depuis son plus jeune âge, intègre une agence, la KQ Entertainement. Elle n'y va pas pour pratiquer mais pour travailler et observer. Ma...