La cicatrice

Chapitre 17

- Tu penses que c'est facile de dire à la personne qu'on aime, que son père l'a abandonnée pour un gamin comme moi ?

- Qu'est-ce que tu viens de dire ? demandai-je complément troublée.

Après avoir remarqué ma présence, ils se retournèrent tous deux avec des yeux aussi gros que des balles de golf. Je devais avoir mal entendu. C'était impossible.

- Wooyoung, je te demande de répéter ce que tu viens de dire. Sur le champs !

Il ne put répéter ses paroles. Je regardai Yeosang dans l'espoir qu'il me dise que j'avais mal compris, mais tout ce qu'il sut faire, c'était baisser et détourner ses yeux.

Je ne pouvais plus rester là. Je devais partir le plus vite possible. Comment pouvaient-ils me faire ça ? Les deux...

- Hyejin, attends !

- Ne t'avise même pas de me suivre, Yeosang. Ne t'avise même pas de venir me chercher. Ne t'avise même pas d'arranger quoi que ce soit. Je t'ai fait confiance, et je vois que-

- Je taime, Hyejin, me coupa-t-il.

Qu'est-ce que c'était encore... Il ne pouvait pas me dire ça comme ça. Surtout pas à ce moment là. Surtout pas si ce n'était pas sincère.

- Pas moi, Yeosang, pas moi... Je vous déteste. Je déteste cette vie !

Puis je partis en courant. Je ne voulais plus avoir à faire à ces personnes. Chungha et San me virent partir et chacun alla rejoindre son ami.

- Hyejin ! Attends-moi ! dit-elle en me rattrapant.

Une fois arrivée à mon niveau, elle m'attrapa par le bras et me retourna vers elle.

- Lâche-moi ! Je suis sûre que toi aussi t'étais au courant et que vous avez tout fait pour me le cacher !

- Au courant de quoi ? Cacher quoi ? Hyejin, calme-toi !

Je me calmai. C'était Chungha... Je ne devais pas faire de suppositions stupides.

- Mon père est la personne qui a éduqué Wooyoung... à l'orphelinat.

- Je te demande pardon ?! Comment c'est possible ? La probabilité est tout de même très faible...

En entendant ces mots, je ne pus m'empêcher de m'effondrer au milieu de la rue. C'est vrai, la probabilité est minime.

- Bon, écoute. Est-ce vraiment la faute de Wooyoung ? Il a été abandonné, lui aussi.

- Et alors ? Il aurait pu me le dire au lieu de s'enfuir !

Elle me regarda avec ses yeux qui disaient "tais-toi, et écoute-moi". Comme ce regard me fait toujours peur, je me tus.

- Et je sais que c'est vraiment mauvais de sa part de pas te l'avoir dit, mais peut-être que sa façon de le dire était de s'éloigner de toi. Et il a eu raison sur ce point. Imagine s'il était resté avec toi sans te le dire ! Ça aurait été bien pire...

Elle avait raison. Ce n'était en aucun cas de sa faute. Il en avait souffert, lui aussi. Et peut-être même plus que moi. Mais il me l'avait caché et je n'arrivais pas à comprend pourquoi. Peut-être que s'il me l'avait dit j'aurais mieux réagi.

- Rentre chez toi, Hyejin. Repose-toi et reviens demain. Et t'as intérêt à venir, sinon ça va barder ! dit-elle en rigolant légèrement, tout en étant bouleversée, elle aussi.

En effet, j'avais besoin de repos. Toutes les idées présentes dans ma tête était floues et dérangées. J'avais besoin de les remettre en place. Loin de tout ce qui causait ces bouleversements.

Premièrement : je suis tombée amoureuse de Wooyoung. Deuxièmement : je le lui ai dit et il m'a quittée au même moment. Troisièmement : la cause de notre séparation est mon père. Il arrive à faire des ravages même en m'ayant abandonnée... Quatrièmement : Yeosang m'a réconfortée jusqu'à maintenant. Cinquièmement : Yeosang était au courant de tout ça et n'a jamais pris le temps de me le dire. Sixièmement : Yeosang a par contre eu le courage de me dire qu'il m'aimait. Septièmement : Je ne sais même plus si j'ai le droit de lui faire confiance, et la confiance est primordiale pour moi. Huitièmement : Chungha a raison et je n'arrive pas à l'accepter. Neuvièmement : j'ai sommeil.

Lendemain

Je me rendis au travail car Chungha me l'avait demandé. Mais je marchais le plus lentement possible pour éviter de voir Wooyoung trop tôt dans la matinée. J'avais presque honte, et je ne savais même pas pourquoi.

Je rentrai dans la salle, et il n'y avait qu'une personne : Wooyoung. Si c'est de la chance ça !... Je voulus reprendre la sortie rapidement, mais il m'interpella avant que je ne puisse partir.

- Hyejin, reste là. Je te dois des explications.

- C'est le moins qu'on puisse dire... dis-je très doucement pour de ne pas qu'il m'entende.

- Si je ne te l'ai pas dit, c'est parce que j'avais honte de moi. J'ai eu honte de moi toute ma vie, mas je n'avais jamais ressenti ce sentiment aussi fort que quand je l'ai découvert. Comment j'aurais pu trouver le courage de te le dire...

Les larmes commençaient à couler sur ses joues. Il avait l'air effondré.

- Et je sais que je t'ai fait du mal alors que tu m'as accordé ta confiance. Et que tu m'as dit que tu m'aimais...

Plus il parlait, plus je sentais mes joues rougir et mon cœur se resserrer. J'avais vraiment de la peine pour nous. On représentait le bonheur de chacun, et par ma faute tout devait s'arrêter.

- La réponse que je t'ai donné ce jour-là... n'était pas celle que je voulais vraiment te donner.

Il s'interrompit et s'avança vers moi lentement. Il me regardait dans les yeux, mais moi, je n'en avais pas le force.

- Je t'aime aussi, Hyejin.

Je relevai les yeux, encore et toujours en larmes. J'étais vraiment faible ces temps-ci...

- Je t'aime, plus que je n'ai jamais aimé personne, et je n'ai qu'une envie, être avec toi. Pour la vie. Tu es ma source de bonheur et je ne pense pas pouvoir continuer sans toi. Je-

Je le fis taire en l'embrassant. Il m'avait manqué et je pouvais enfin le retrouver.

- Tu... m'aimes toujours ? Et Yeosang ?

Yeosang... Que dire ? Je ne l'ai jamais considéré comme autre qu'ami. Et il m'avait déçu, mais Wooyoung aussi, et j'ai pu lui pardonner.

- Je reviens, dis-je avant de prendre la sortie.

Je cherchai Yeosang dans tous les recoins de l'intérieur, mais il n'y était pas. Je sortis, et le vis sur le banc où j'avais l'habitude de m'asseoir. Je m'approchai de lui pour lui parler

- Tu t'es habitué à ce banc, toi aussi ? dis-je en m'asseyant à ses côtés.