Retour à la réalité

113 9 2
                                    

La soirée avait été géniale. Malgré que les autres nous avaient proposé de changer de tente en vue des circonstances, nous avions trouvé un prétexte bidon pour insister pour rester ensembles.
J'avais passé la nuit dans ses bras, une fois de plus, mais volontairement cette fois-ci. Lorsque je me réveille aux alentours de 8 heures, à cause du soleil qui pénétrait la tente, je constate que Gabin est déjà réveillé. Il fixe le plafond de la tente, sans bouger.
《Salut.》je lui dit.

Il ne détourne pas son regard du plafond. Il a l'air inquiet.
《Salut.》dit-il d'un ton presque sec.
Je continues de le regarder, j'en profite un peu pour l'admirer au passage.
《Qu'est ce qui ne va pas ? je lui demande d'un ton qui se veut bienveillant
- On fait quoi là ?
- Euh pardon ?》

Là je ne comprenais plus. C'était d'un lunatisme, limite de la bipolarité. Hier il était à fond, prêt à sombrer en dépression si je me mettait avec son ami, et maintenant ça ? Quoi, en quoi c'est mal ce qu'on fait ?

《Gabin, je ne te suis plus là...
- Ça fait même pas deux semaines qu'on se connait...
- C'est vrai, mais...
- Et il ne nous reste que deux semaines pour nous connaitre.
- ...
- Après quoi ? Tu va rentrer chez-toi. Et quelque soit la décision que nous auront prise, on finira par abandonner. On restera pote comme tu es pote avec tes amis d'enfance ? On se parlera de temps en temps sur insta, on commentera nos vidéos, mais rien de plus. Et tu fera pareil avec tout les autres. On se verra en coup de vent quand tu reviendra à Brest. Et c'est tout. De toutes façons, ça fait pas assez longtemps qu'on se connait. Je ne serai qu'un skateur à ajouter à ta liste d'ex, tu pourra te venter en disant à tes amis "lui, je l'ai pécho un été". C'est qu'un amour de vacances, non ?
- Tu te poses trop de questions, pour un amour de vacances. Qui plus est n'est pas encore officiel, et ne dur que depuis douze heures.
- T'as raison, mais si il y a des questions à se poser autant les poser dès le début.》

Gabin était donc décidément le genre de personnes à se prendre la tête. Mais il n'avait pas complètement tord : il ne fallait pas qu'on s'attache trop, car j'allais repartir. Tout comme j'étais déjà trop attachées à mes amis skateurs. Je sors de son étreinte et m'accroupie. Tout ça avait été beaucoup trop précipité pour moi aussi tout compte fait. Je n'avais pas vraiment prit le temps de me demander si il me plaisait vraiment, si je voulais vraiment être avec lui... et c'était un peu tard pour faire marche arrière. Soit j'abandonnais complètement l'idée de notre éventuel couple, soit je continuais de foncer tête baissée dans l'espoir d'aboutir sur quelque chose. C'est vrai que beaucoup de filles aimeraient être à ma place à ce moment précis, mais c'est vrai aussi que ce n'était pas une raison, que je devais réfléchir avant d'agir malgré mon coté complément impulsif. Mais c'est aussi vrai que lorsque l'ont y réfléchis, si on veut profiter, il vaut mieux se mettre ensembles rapidement, avant que je rentre chez moi...

Nous allons petit déjeuner avec les autres. Lorsque nous devons aller chercher du bois pour rallumer le feu, j'y vais seule avec Ethan.
《Je sais tout. me confie-t-il
- Heu... pardon ? Tu sais tout quoi au juste ? dis-je pleine d'incompréhension
- Pour toi et Gab. J'ai vu vos regards, je sais que tu l'as pas frienzoné. Tu aurais pas insisté et trouve nimporte quel prétexte pour dormir avec lui cette nuit. Je te connais. Même depuis une semaine et demie. Mais ce que je ne comprend pas, c'est pourquoi vous ne le dites pas.
- Il y a deux excellentes raisons à ça.
- Et je peux savoir lesquelles exactement ?
- Déjà, tout n'est pas encore parfaitement clair entre nous. On est encore un peu dans la confusion, et puis.. c'est un peu une période de "test" disons.
- Et la seconde ?
- Je veux pas être la copine de Gabin à vos yeux. Je veux rester Luna.
- Boh, pour ça tu sais... a l'origine tu étais la crush de Gab, alors maintenant que tu es Luna, je ne pense pas que ça puisse changer.
- Tu pense que je devrais me mettre avec lui ?
- T'as bien conscience qu'en tant que son meilleur pote je ne peux que te dire oui ?
- Non, mais tu va comprendre. Depuis ce matin il ne fait que se poser des questions. Et d'un côté, on a pas tant prit le temps que ça d'apprendre à se connaitre, en tant que plus que potes je veux dire, et même, ça ne fait que une semaine et demie qu'on se connait officiellement. Mais d'un autre côté, le temps nous est comptés, et dans deux semaines et demie je ne serais déjà plus là...
- Tu à vu la Casa De Papel ?
- J'ai beau réfléchir, je ne vois vraiment pas le rapport.
- Dans la première saison, lorsque Denver et Monica se mettent ensembles au bout de quarante huit heures de braquage. Il lui dit une phrase que je n'ai plus parfaitement en-tête, mais un truc du style "ici, le temps passe beaucoup plus vite. au bout de quarante huit heures ont se met ensembles, soixante douze on se marie, ..." je sais plus exactement si c'est ça ou pas tout a fait, mais je pense que c'est le même principe pour vous deux. Le temps passe plus vote, parce qu'on ne sait pas ce qu'il en sera de demain, et si tu dois partir et que vous devez vous séparer, au moins vous aurez profité à fond de votre relation et de l'autre. Il y a des choses qu'il faut savourer, d'autres sont à consommer rapidement.
- Tu as sûrement raison maintenant que tu le dis. Merci.
- Au fait...
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Hier, avant que Gabin arrive... ce que tu me disais...
- Oh...
- Ça va mieux ?
- Oui, j'ai un peu pensé à autre chose ducoup. En plus, Gabin m'a un peu rassurée par rapport au fait qu'il n'allait pas me forcer.
- Il est loin d'être comme lui tu sais. Gabin est l'une des personnes les plus respectueuses envers les filles que je connaisse. Il ne te fera jamais de mal.》
Je lui sourit, heureuse de l'entendre une seconde fois. Nous ramassons encore quelques bouts de bois, puis nous rejoignons les autres.

Après le petit-déjeuner, je convoque d'urgence Gabin dans la tente avec un prétexte bidon de type "Gabin viens m'aider à ranger mon duvet s'il te plaît j'y arrive pas".
Lorsque nous sommes seuls, je l'embrasse tout simplement, pour seulement la seconde fois de nos vies donc, puis je lui dit :
《Je veux qu'on arrête de se poser des questions.
- Deux heures t'ont suffit à prendre cette conclusion ?》

Je le regarde dans les yeux en souriant, avec un regard qui se voulait plein d'assurance pour le rassurer.

《Oui, parce que pour nous, deux heures c'est comme deux jours. Une journée c'est une semaine, et un mois c'est tout pour nous. C'est tout ce qu'on a. Et il ne nous reste plus que deux semaines et trois jours. Alors on arrête de se prendre la tête, et on vis tout ce qu'on a à vivre ensembles. Okay ?》

inspired by a dreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant