reproches

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l'après-midi passe dans les blablatages, nous nous racontons mutuellement nos deux "rencards". Sa soirée fût agitée, visiblement, elle a même un peu honte de s'être montrée comme ça devant Chloé. Sa mère arrive aux alentours de vingt et une heures. Elle avait l'air épuisée, les cheveux en vrac, des cernes énormes.

《Elle rentre comme ça tous les soirs, quand elle ne rentre pas vers neuf heures. Je sais pas ce qu'elle fait, elle me sort toujours un prétexte bidon. J'espère qu'elle n'a pas d'ennuis, qu'elle ne s'est pas foutue dans la merde.
- Elle est adulte, elle sait sûrement ce qu'elle fait.
- On est suffisamment dans la merde pour qu'elle fasse une erreur de parcours.》

Je la regarde avec son air sombre. Je me demande si les garçons iront mieux demain, quand ce ne sera plus l'anniversaire de Lou-Ann.

Lorsque nous allons nous coucher, nous fixons toutes les deux le plafond de sa chambre en silence. Je sais qu'elle s'inquiète pour sa mère, quant à moi, je m'inquiète pour la veille. Je commençais à me demander si je n'étais pas allée trop vite. J'avais toujours été coincée, maintenant je me laissais faire au bout de vingt quatre heures ? Au pire, tanpis, ce n'est pas ça qui m'inquiète. Je ne veut pas que ma première fois soit inoubliable non plus, j'ai juste laissé le moment couler - bien qu'encore une fois, ce n'était pas ma première fois. Seulement j'ai peur de ce qu'en pensera Gabin, et surtout, je ne le connais pas vraiment, j'ai juste peur de foncer dans un mur. Cette situation me stressait, et ça ne me plaisait pas.

Le matin, je m'habille en mode skate, un sweat Nike SB, des vans, et me voilà sur la route du skate park d'extérieur. Je rejoint les garçons à notre lieu de rendez-vous. Je m'attendais à les voire encore un peu triste à cause de la veille, mais à l'inverse ils riaient quand je suis arrivée. Mais dès qu'ils m'ont vue, ils ont tout de suite cessé de rire et m'ont regardée bizarrement. Sauf Gabin qui semblait visiblement mal à l'aise. Cette ambiance ne me plaît pas, mais je décide tout de même de passer outre et d'essayer de briser le silence.

《Bon, on est là pour skater ou... ?
- Je sais pas, toi t'es là pourquoi ? me demande Ethan

Malgré que j'essaye de faire mine de ne pas m'en rendre compte, la question semblait rhétorique. Je serre les dents, ma réponse tremble presque.

《Pour skater !》

Je saute sur ma board dropant* directement le bowl**. Malgré la concentration que je porte sur mes mouvement, je sent quand même derrière moi que les garçons n'ont pas bougé. Cela finit par m'inquiéter et me déconcentrer, je tourne la tête vers eux, et cette fraction de seconde suffit à faire voler la planche à l'autre bout du bowl, laissant mon corps étendu sur le sol, dans un creu.
J'avais cette horrible sensation - d'autant plus qu'ils étaient dos à moi - d'avoir une tâche de sang aux fesses, ou encore d'être la seule qui n'est pas au courant d'une rumeur qui circule sur moi, ou encore que je-ne-sais-qui a posté des photos de moi nue sur le web. Ce qui serait vraiment étrange, car je sais que personne n'a de photos de moi nue. Pourtant c'est ce qui me semble le plus probable vu la situation. Je grommelle à cause de la douleur, je me suis fait mal au bassin, aux bras, et j'ai manqué de peu de me cogner la tête. Énervée, je vais chercher ma planche et je sors tout en continuant de grogner. Je leur lance le regard le plus noir possible, puis je le dirige droit sur Ethan.

《Alors pourquoi vous ne skater pas ? Je peux savoir ce que vous avez tous ? Et surtout ce que j'ai fait ?
- Oh, mais ne fais pas ton innocente. Puisque tu es tout sauf innocente.》

Il soutien mon regard, comme un duel. Je serre les dents. Je ne comprenais pas encore. Je tourne ma tête vers les autres, ils avaient tous plus ou moins la même expression, quoique sûrement moins agressive qu'Ethan. Jusqu'à ce que mon regarde arrive sur Gabin. Soudain, je comprend tout. Il avait l'air mal à l'aise, même désolé ou honteux. Il me regardait comme si il m'avait trahi, qu'il avait fait quelque chose dont il n'était pas fier. Et c'était le cas.
Les larmes montent légèrement, comme la honte. Je rougis brusquement. Je voudrait disparaître.

inspired by a dreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant