La vie est parsemée d'épines plus que de fleurs (1). Depuis ses premiers jours sur Terre ce proverbe n'a cessé de résonner dans l'esprit de Sally. Au fil de ces neuf longues années sur la planète bleue, les fleurs se sont noyées dans un océan d'épines tranchantes, où seul un aliéné oserait y plonger la main. Mais c'est cette souffrance qui maintient la jeune femme éveillée. Jour après jour elle se jette à corps perdu dans cette marée infernale. Là-dessous se trouve cette rose précieuse qu'elle convoite depuis si longtemps : La liberté. Le temps s'écoulant et la souffrance s'accumulant, son espoir se dissipe pour laisser place à un hésitation grandissante. Il lui est de plus en plus difficile de nager parmi les épines. Ses deux cœurs s'y meurtrissent bien trop.
Lassée de se perdre dans des pensées qui ne cessent de s'assombrir, Sally s'avachi dans sa chaise en laissant un long soupire s'échapper de ses lèvres. Elle lève la tête vers le plafond métallique du petit l'entrepôt où elle a élu domicile il y a quelques années. Ce qui était autrefois un bureau, suspendu au-dessus de la moitié du bâtiment, est devenu une chambre au mobilier simpliste. Sur un carré fait de palettes repose un matelas et une simple couverture. Dans le coin de la pièce se trouve une valise trouée par les coups et le temps. Elle déborde de vêtements pliés grossièrement. Sous cette pièce se trouve une cuisine faites d'éléments récupérés en déchetterie. Tous à l'allure quelque peu abîmé fonctionnent pourtant suffisamment bien. Une table avec quatre chaises, toutes différentes, trônent au milieu de l'espace. Le reste du bâtiment est tout aussi simplement meublé. Contre un mur repose un canapé au tissu, autrefois blanc, jauni par l'usure. Juste en face de se sofa, contre l'autre mur, se trouve le bureau auquel la jeune femme est installée. Six écrans sont disposés autour d'un clavier et d'une souris. Le peu d'espace libre sur le meuble est couvert de feuilles où sont inscrits des calculs et des schémas tout aussi complexes les uns que les autres. Sur le panneau de liège, juste à sa droite, sont affichés d'autres nombreuses notes. Parmi elles, le dessin d'une vieille cabine téléphonique de police des années soixante. Les yeux de la jeune Seigneur du Temps se posent dessus, toujours aussi pensifs malgré sa détermination à vider son esprit proche du débordement.
Sally secoue la tête comme pour tout effacer puis se lève brusquement de sa chaise. Cela fait désormais plus d'une semaine qu'elle est enfermée. Peut-être est-il temps pour elle de sortir un peu ? De plus, les vivres commencent à manquer.
Décidée, elle enfile l'épais manteau mi-long kaki qui repose sur le dossier de sa chaise, prend le sac à dos qui traîne au pied de l'issue de secours puis sort par cette même porte. Dehors, dans l'obscurité de la nuit, la pluie se déchaîne. Elle enfile sa capuche puis elle escalade les grilles envahies par la verdure qui bordent le bâtiment. Elle atterri l'autre côté, dans la rue.
Le silence qui régnait jusque-là au sein des rues du quartier de Covent Garden(2) est brisé par les lourds bruits de pas que font les bottes de Sally. Elle s'avance sous la pluie battante, profitant de la fraîcheur qu'elle offre.
La jeune femme s'engouffre dans une ruelle qui lui donne accès à la porte de service d'une supérette. Elle sort de la poche de son jean noir un petit appareil longiligne doré. Au bout est encastrée une bille de verre violette. Elle approche l'objet de la serrure puis appuis sur le bouton qui se trouve sur le côté de l'appareil. Alors que l'embout s'illumine, l'outil émet un léger son aigüe jusqu'à ce que le bruit de la serrure qui se déverrouille se fasse entendre. Sally ouvre légèrement la porte de façon à ne faire entrer que son bras puis fait une nouvelle fois tinter son appareil pour éteindre les caméras de surveillance ainsi que l'alarme. Une fois fait, elle range l'outil dans la poche arrière de son pantalon et entre dans la supérette. Prenant son temps, la blonde s'avance sans la moindre appréhension dans les rayons. Elle tient son sac à dos ouvert contre elle et le rempli avec autant de provisions qu'il peut contenir.
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Planet Hell (Tome I - The Year 2149)
Science FictionSally Rose, une jeune Seigneur du Temps qui s'est réfugiée sur Terre après la Grande Guerre du Temps, survit du mieux qu'elle peut en un monde où elle ne parvient pas à trouver sa place. Un jour, alors qu'elle fuit les agents de police à ses trousse...