Chapitre six : « Toute existence connait son jour de traumatisme primal. »

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          Toute existence connait son jour de traumatisme primal, qui divise cette vie en un avant et un après et dont le souvenir même furtif suffit à figer dans une terreur irrationnelle, animale et inguérissable(1). Sally a connu ce traumatisme dans les premières années de sa vie, deux fois. Il y avait d'abord l'avant de sa petite-enfance, avant l'exécution de ses parents, et il y avait l'avant-guerre. Toutes les images de ses instants douloureux se redessinent sans cesse dans son esprit. Une pensée soudaine ou la simple entente d'un mot, suffit à redéclancher les souvenirs. Et la nuit, alors qu'elle espère pouvoir enfin reposer son corps de toutes ses angoisses, les souvenirs s'enchevêtrent pour ne former qu'un seul cauchemar auquel elle ne peut se soustraire.

La jeune femme se revoit au flan Est d'Arcadia, tirant sur les alliés ennemis qui essayent d'entrer dans la cité. Avec elle, se trouvent les trois derniers camarades de son unité qui ne sont pas encore tombés. Quand le dernier soldat du groupe assaillant s'écroule, elle découvre ses parents. Ils se tiennent sur l'estrade d'exécution, les mains liées et une corde au cou.

Sally ouvre les yeux avant de voir ses parents perdre la vie une énième fois. Elle se redresse difficilement, courbaturée par l'inconfort de son lit de fortune. Le camp ayant été dévasté par la tempête de la veille, elle a dû s'improviser une couche sur le sol de la navette pour pouvoir se reposer un peu.

La jeune femme passe une main dans sa chevelure blonde en lâchant un soupire d'exaspération. Un ricanement dans le coin de la pièce attire son attention. Ses yeux fatigués se posent sur Miller, assit sur un siège et emmitouflé dans une couverture. Il observe la blonde avec un sourire narquois. Elle préfère l'ignorer puis se lève. Alors qu'elle commence à se diriger vers la trappe, la voix de l'adolescent la retient. « Tu as tué qui ? ». Étonnée, elle se tourne vers lui. « Tu n'as pas arrêté de bouger dans ton sommeil, explique-t-il. Je doute que quelqu'un n'étant coupable que d'une petite infraction dorme aussi mal.

— Et c'est ça qui te fait rire ? demande-t-elle en arquant un sourcil.

— Non. C'est le faux air de méchante que tu te donnes qui me fait rire. ». Il se défait de sa couverture puis se lève pour se planter devant elle, plongeant ses yeux confiants dans les siens. « Tu sais peut-être distribuer les coups mais tu es incapable d'à nouveau ôter une vie. La culpabilité te colle à la peau. ». Ne se sentant d'humeur à converser sur sa culpabilité, elle soupire puis encastre son poing dans la mâchoire du jeune homme.

Elle tourne les talons pour de nouveau tenter de quitter l'étage mais cette fois-ci c'est Bellamy qui l'en empêche, arrivant par l'écoutille. Le regard du brun passe de Sally à Miller, qui frotte sa mâchoire endolorie. « Je ne suis pas du genre à bavarder au réveil, explique froidement la blonde.

— On devrait virer cette pétasse du camp comme on l'a fait avec Murphy.

— Ça suffit ! soupire Bellamy. L'Arche nous a trouvé une réserve de matériel, pas très loin.

— Ok. Laisse-moi juste le temps de préparer mes affaires !

— Non, Miller. Je veux que tu restes ici pour surveiller le natif.

— Alors avec qui tu y aller ? ». Pour répondre, Bellamy se contente de poser son regard sur Sally. « De toutes les personnes qui se trouvent ici, c'est moi que tu choisis ? Sérieusement ?

— Pratiquement tout le monde est réquisitionné pour reconstruire le camp. Tu es donc la seule qui reste et qui, je sais, saura se défendre si on tombe sur des natifs.

— Très bien. Mais, en cas de problème, ne compte pas sur moi pour te sauver le derrière. » réplique-t-elle en s'avançant vers l'écoutille, donnant au passage un coup d'épaule au jeune homme, avant de descendre au niveau inférieur.

Planet Hell (Tome I - The Year 2149)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant